Après le Heavy Speed
Metal brut et une expression plus mélodique qu'il ne serait pas si démesuré de rapprocher du
Power Metal européen, voilà que les Brésiliens de
Viper décide, sur leur nouvel opus baptisé
Evolution, de s'adonner à un Heavy
Metal très direct dans lequel il aura incorporé beaucoup d'éléments Thrash Américains. Tant et si bien d'ailleurs que son propos, parfois, ne sera pas si éloigné que cela de celui d'un
Megadeth, d'un
Suicidal Tendencies ou d'un
Anthrax.
Outre cette mutation musicale étonnante, ce disque est le théâtre d'un autre gros changement puisque André Matos a quitté l'aventure pour poursuivre son chemin vers ces autres cieux dont on sait quelle bonne fortune ils lui, et ils nous, procureront. Abandonner son visage le plus mélodique, et ce afin de revenir à une expression plus simple et directe était un choix tout à fait inacceptable pour le vocaliste. Il s'en est donc allé laissant Pit Passarell se charger, en plus de toutes ces autres casquettes habituelles, des chants de ce nouveau méfait. Et force est de constater que le bougre s'en sort admirablement. Ceux qui, comme moi, avaient, autrefois, trouvé que la musicalité des performances d'André n'étaient pas vraiment en phase avec l'aspect très brute de la musique d'alors de
Viper, seront ici enchantés d'entendre à quel point c'est le cas sur ce
Evolution. Tout comme d'ailleurs ils seront enchantés par la qualité de ces titres.
Tout commence par un Coming from the
Inside à l'ambiance très Heavy
Metal mélodique avec, en fond, déjà, comme pour nous préparer à ce changement quelques volutes plus rugueuses caractéristiques d'autres genres nettement plus âpres. Même son final très guilleret fardé de ces "nanana" n'est qu'un paravent. Dès les premières mesures d'un
Evolution, la montagne aux roches blessantes nous fait face. Le morceau au déroulé un peu complexe, est un brulot dans la lignée des travaux de Scott
Ian et de ses comparses mais aussi, dans une moindre mesure, par certains aspects (notamment les refrains), de ceux de Mike Muir et des siens période Lights Camera R
Evolution.
Les autres morceaux Heavy Thrashy sont, quant à eux, agrémentés d'éléments propres aux mouvances rugueuses plus classiques (Rebel
Maniac, The
Shelter, Still the Same, Wasted qui après une minute et demi d'une ballade nous offre l'ardeur furieuse d'une chanson tendue,
Picture of
Hate...). S'agissant de
Dead Light, il se permet même quelques accents Neo/Grunge.
Rien ne vient véritablement perturber notre bon humeur durant ce voyage. Aucune piste dispensable. Aucun moment moins intéressant puisque même The Spreading Soul, la ballade de ce disque, nous permet, à minima, d'apprécier tous les talents de vocaliste de Pit et que We
Will Rock You, reprise de Queen, est suffisamment méconnaissable, courte et énergique pour s'intégrer au reste de l'album.
Pour la plupart d'entre-nous, pauvres erres incultes nés sur le vieux continent que nous sommes,
Viper reste, et restera, donc l'ex-groupe d'André Matos. Il restera une formation qui aura sorti deux disques sympathiques mais loin d'être inoubliables. Et c'est à peu près tout. C'est d'autant plus regrettable que ce
Evolution est, sans aucun doute, ce que le quatuor originaire de Sao Paulo a produit de meilleur. Un disque évidemment pas aussi novateur que celui à venir d'
Angra mais au moins aussi intéressant et efficace. Dommage qu'il n'est pas plus largement rencontré son public. Il l'aurait mérité. S'il l'avait fait, qui sait où en serait aujourd'hui
Viper. Certainement pas à se reformer avec un André Matos au creux de la vague. Mais ceci est sans doute une autre histoire...
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