Difficile de se délester de caractéristiques aussi singulières que celles de la voix d'Udo
Dirkschneider. Depuis des temps immémoriaux ce chant, aux effluves éraillés aigus, aura été, en effet, si particulièrement identifiable, que des notions touchant à l'originalité auront été bien vite cruciales. Pourtant l'artiste aura su, en partie, contourner cette difficulté et accompagner quelques-uns de nos plus beaux espoirs mais aussi quelques-unes de nos plus cinglantes désillusions. Sans revenir en détail sur les péripéties d'une chronique mouvementés qui unirent, autrefois, le chanteur à Accept, il convient de rappeler que de cette liaison tumultueuse sont nés quelques albums majeurs de l'histoire du Heavy
Metal saxon desquelles une génération entière s'est, plus ou moins, brillamment nourries. Il faut également ajouter qu'en dehors de cette alliance, l'artiste aura poursuivi une carrière solo qui si elle n'aura jamais vraiment été propice à la création d'oeuvres aussi importantes que celles enfantées avec ses anciens comparses, aura permis l'éclosion de certains autres sinon convaincantes, tout au moins, le plus souvent, attachantes.
Toutefois, depuis quelque temps déjà, les productions de l'interprète auront laissé un auditoire empreint d'une certaines nostalgie. Loin de posséder toutes les qualités pour faire l'unanimité, elles auront, en effet, alimentés au mieux la controverse, au pire les désenchantements. Et après un
Dominator autour duquel, encore une fois, les débats furent vifs et nombreux, c'est en ce premier semestre de cette année 2011, qu'Udo
Dirkschneider nous propose, sur cet EP empreint de Heavy
Metal aux aspirations mélodiques évidentes intitulé
Leatherhead, d'entrapercevoir l'avenir éventuel d'une œuvre prochaine dont le nom serait, a priori, Rev
Raptor.
Si un EP, comme l'usage le plus sensé le préconiserait, doit mettre en exergue une certaine représentativité du contenu nouveau d'un album futur, alors ce
Leatherhead pourrait apparaître comme terriblement déconcertant. Contenant uniquement quatre titres, la moitié d'entre eux, Free or
Rebellion et Run ! furent déjà présents sur d'autres supports et ne sont donc pas nécessairement de nature à augurer de ce que sera ce prochain album. On peut dès lors légitimement s'interroger sur l'intérêt d'une telle démarche nous offrant un avant goût aussi furtif sur des innovations pas vraiment neuve.
Au-delà de cet aspect curieux, se dissimule une réalité plus inquiétante encore concernant la qualité de ces pistes. Car, en effet, hormis un intéressant
Leatherhead lourd, entêtant, aux refrains agréablement pesants et à l'atmosphère sympathiquement malsaine, ainsi qu'un acceptable Free or Rebelion, encore une fois, ancré dans un rythme plutôt lent et écrasant, rien ne vient apaiser nos craintes. Bien au contraire, un Rock'n'Roll Soldiers manquant particulièrement de vivacité et d'inspiration mais aussi un Run!, ballade efficace mais d'un intérêt assez discutable, viennent définitivement enterrer nos dernières illusions.
Il convient aussi d'insister sur le fait que cet EP, outres celui de donner à entendre le spectacle assez moyen d'un Heavy essoufflé, s'enlise, étonnamment en des rythmes si peu entraînants, si peu convaincants et si lents qu'il offre à ce plaidoyer une densité peu aérienne, accablante mais surtout pénible.
Quelle conclusion certaines pouvons-nous donc tirer d'un tel ? Peu, à vrai dire et gageons d'ailleurs que l'album à venir, Rev
Raptor, sera d'une toute autre facture car si tel n'était pas le cas il serait alors assurément, à nouveau, source de nombreuses polémiques.
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