Lorsqu'il s'agit d'aborder le cas
Deftones, l'objectivité n'est qu'une valeur lointaine, presque utopique, tant les réalisations du groupe de
Sacramento véhiculent des émotions et des avis différents selon les individus. Autant être clair: seuls
Around the Fur, l'album de la confirmation, et
White Pony, l'album de la consécration, font l'unanimité auprès des fans, et encore pas nécéssairement selon les mêmes critères pour chacun. Puis, depuis un album éponyme bien accueilli par la critique en son temps mais boudé par les fans car trop insipide, et un
Saturday Night Wrist plus calme et éthéré, le groupe a divisé ses fans. Et si c'était justement ce qui fait que le groupe est toujours là, contres vents et marées, constamment attendu au tournant après chaque sortie (peut-on en dire de même de, pour ne citer qu'eux,
Korn?), comme si l'éternel « conflit » Chino Moreno vs Stephen Carpenter se transposait à leur public et continuait de déchaîner les passions autour de tel ou tel aspect de leur musique?
2012 Deftones est donc toujours là et sort leur très attendu nouvel album
Koi No Yokan. Très attendu, car le groupe s'était vu renaître en 2010 avec le sublime
Diamond Eyes (là encore il ne s'agit que d'un avis personnel) qui maniait habilement gros riffs et ambiances éthérées, désespoir sensuel et violence pour un résultat dépassant toutes les attentes. Très attendu également, car le groupe avait mis l'eau à la bouche des fans avec deux « singles » en avant première, l'intense et torturé
Leathers dès septembre et le beau et envoûtant
Tempest aux accents Rock Atmosphérique en octobre.
C'est donc avec impatience et enthousiasme, qu'une fois l'objet acquis, on enfourne l'objet dans son lecteur CD et qu'on s'apprète à se délecter de ce cru
2012 de
Deftones. Et c'est là qu'on se dit qu'on a peut être été un peu trop enthousiaste... L'album démarre sur Swerve City, morceau énergique et inspiré, donnant la bougeotte et proposant un intéressant break de guitare Post-Rock. Puis le morceau s'interrompt brutalement et sans aucune transition, démarre le soporifique Romantic Dreams qui d'un seul coup laisse le soufflet retomber. La déconcentration s'installe et on traverse cette première écoute sans vraiment rien retenir de l'album à part les singles déjà connus.
Alors certes un album de
Deftones, et tout simplement un bon album en général, ne révèlent pas leur potentiel dès les premières écoutes, mais cette fois-ci cela ne fonctionne pas vraiment. D'autres morceaux intéressants se révèlent après plusieurs écoutes mais finalement rien d'incontournable. La bande de Chino et Stephen a ici fait l'erreur de livrer au public deux des meilleurs titres de la galette avant la sortie de l'album. Le reste pâtit forcément de la comparaison et des attentes placées dans l'album. On retiendra tout de même l'énervé
Poltergeist, son riff « meshugguesque » tranchant avec son refrain et le magnifique Gauze qui rappelle
Diamond Eyes avec son ambiance travaillée, son tempo lent et son magnifique refrain, tandis que les guitares alternent entre gros riffs acérés et accords mélodiques.
Les morceaux s'enchaînent trop vite, donnant l'impression de passer du coq à l'âne (vraiment entre Swerve City et Romantic Dreams ça ne colle pas) et que l'album a été composé/réalisé/mixé dans l'urgence comme si le groupe voulait continuer à surfer sur le succès de
Diamond Eyes. Egalement
Koi No Yokan ne dispose pas de morceaux qui tuent, le genre de morceau qu'on se passe en boucle une centaine de fois avant de se rendre compte que celui juste après tue encore plus et qu'on finit par aimer l'album. Certes, comme cité précédemment,
Leathers et
Tempest sortent du lot mais l'effet de surprise était déjà dissipé par leur statut de singles avant la sortie du disque.
Pourtant l'album fourmille de bonnes idées notamment l'utilisation de riffs de guitares syncopés sur de nombreux titres, ou alors la basse de Sergio
Vega qui se permet quelques mélodies (le couplet de Swerve City, solo de basse sur Graphic Nature).
Rosemary, ballade légèrement progressive, développe également des structures intéressantes. Chino continue d'officier dans son registre, alternant voix plaintives et hurlements, douce mélodies et cris furieux et saccadés, faisant au final ce que l'on attend de lui quitte à parfois sonné un peu cliché (
Entombed notamment). Les guitares son travaillées entre riffs acérées et mélodies réverberées. Cependant le son de guitare est assez troublant, car inconstant, passant d'un son rond et chaud à un son clinique et froid (rappelant indéniablement
Meshuggah) parfois au sein d'un même morceau . Le son général de l'album est de très bonne qualité mais manque légèrement de profondeur et de puissance.
Koi No Yokan est en soi très loin d'être un mauvais album, il est même plutôt bon, cependant il manque de véritable hit (à l'image de
Digital Bath ou Be Quiet and
Drive) ou bien de morceaux de génie complètement originaux (
Passenger notamment). Le disque recèle plusieurs bon morceaux malheureusement entrecoupés d'autres beaucoup plus ennuyeux (Romantic Dreams,
Entombed, Graphic Nature, What Happened To You). De nouvelles idées font leur apparition dans la composition et la structure des morceaux, malheureusement pas assez exploitées ou bien noyées dans des parties plus banales. Néanmoins on ne peut que saluer
Deftones pour sa longévité et sa (relative certes) constance et qui, même avec un
Koi No Yokan en demi-teinte, continue à nous faire rêver.
@Anath: Koi No Yokan est l'équivalent japonais du "Love at First Sight" ou du Coup de Foudre comme on dirait chez nous. Cependant cela recouvre une dimension plus spirituelle, plus philosophique plus comme une "Prémonition d'amour"
J'ai pour ma part tenté d'écrire ma première chronique en m'attaquant à cet album peu de temps après sa sortie (mais j'ai un problème et elle n'est toujours pas validée...je rêvais pourtant d'être la première à me lancer sur la chronique de ce magnifique opus, dommage). Mais c'est avec plaisir que j'ai lu cette excellente chronique : Merci donc à Scoss pour cette chronique!
Enfin, pour ma part c'est un excellent album, mais pour moi, chaque album de Deftones l'est...car je trouve chaque album différent, tous ayant leur propre identité...
J'aime chez Deftones cette capacité à procurer tant d'émotions par leur style variant à chaque opus. Je trouve que chacun de leurs albums adoptent un son propres à eux-mêmes, nous permettant de varier les tonalités au sein d'une même discographie.
Deftones, pour ma part en tout cas, s'empare de mes émotions, et je ne pense pas être la seule personne sur qui Deftones exerce cet effet. Ils incluent dans leur musique (ce n'est que mon avis) une réelle profondeur de sentiments qui font que leur musique est prenante, si ce n'est plus.
"En tout cas je trouve ca trés intéressant d'avoir vos avis et surtout personne ne semble apprécier l'album de la même manière et rien que pour ca Deftones est trés fort!", cela rejoint un peu ce que j'ai essayé d'exprimer et je suis entièrement d'accord avec toi! Ce qui est, je trouve, une preuve supplémentaire que Deftones s'en prends directement aux émotions...
Encore un album à côté duquel je suis passé. Les chroniques Rock Hard étaient dythirambiques. J'ai acheté le CD juste là dessus. Et bien pour une fois, j'ai été en désaccord complet avec le magasine. J'ai trouvé ça mou et dissonant.
C'est malheureusement l'album le plus surestimé de Deftones. S'il a de grandes chansons comme Entombed ou Rosemary qui arrive à nous faire vivre cette magie Deftones que l'on adore et recherche tous, force de constater que l'album dans son ensemble est plutôt mou. J'ai été assez dérouté par la présence de chansons d'une mollesse que je n'ai jamais vu dans ce groupe que pourtant j'adore et je vénère tellement. Enfin je veux dire, sérieusement Romantic Dreams, Swerve City ou encore Tempest sont vraiment nazes !! Ils ne se passent rien du tout dans ces chansons ! Et le reste des chansons ne sont pas à mon avis suffisamment solides pour relever le niveau. Et puis, cet album est le premier de la formation à rompre l'équilibre entre agressivité et ambient si chère et à mon sens indispensable à Deftones. Pratiquemment aucune chanson n'a de partie néo-metal plus agressifs, pour moi c'était une déception.
Par contre je ne serais pas aussi dur que le chroniqueur, parce que les chansons qui s'en sortent mieux font vraiment passer de bons moments, mais au détriment des autres chansons moins bonnes que l'on doit constamment zapper. Fan hardcore de Deftones, je considère tous les albums de Deftones comme des oeuvres maîtraisses, celui-ci est bien le premier auquel j'ai quelques réserves et que je ne pourrais considérer en tant que tel.
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