La carrière de
Deftones n’a cessé de briller depuis ses débuts, notamment avec
Around the Fur (1997), album marquant pour la jusqu‘alors jeune scène néo-metal, et
White Pony (2000), qui a été acclamé tant par la critique que par les fans, faisant de lui leur plus grand succès (même si j’ai une nette préférence pour le premier album
Adrenaline, que je considère toujours être la grosse perle du néo-metal). Le succès de leurs premiers efforts leur a permis d’acquérir un respect dans un genre souvent décrié comme étant pollué par des groupes opportunistes (souvent à tort) mais surtout une solide fanbase destinée à perdurer encore longtemps. Aussi, trois ans après
White Pony, la bande de
Sacramento décide de remettre les couverts avec un quatrième opus, éponyme, toujours sous la houlette de Terry Date, producteur du groupe depuis le premier opus
Adrenaline.
En voilà un album éponyme qui porte bien son nom, car ici il est question de
Deftones et que de
Deftones, et ce, sous toutes ses formes musicales. Le groupe californien nous montre ici toutes ses facettes, qu’elles soient agressives ou atmosphériques, en passant par l’expérimental et le mélodique, faisant preuve d’une hétérogénéité musicale qui distingue cette œuvre des précédentes. En effet, White Poney mettait très en avant le caractère atmosphérique et mélodique du son de
Deftones (pour un excellent résultat soit dit en passant), alors qu’
Around the Fur et
Adrenaline se concentraient principalement sur la fureur et la puissance du néo-metal. On serait alors tenté de considérer cet album éponyme comme une sorte de synthèse de tout ce que
Deftones a été capable de faire par le passé, mais il serait trop réducteur de l’enfermer dans une simple fonction, car c’est au fil des écoutes que se dévoile toute sa personnalité et sa richesse.
Dès le lancement de la première chanson «
Hexagram », le ton est très vite donné : on a face à nous un
Deftones très énervé, voire carrément déchaîné. Chino Moreno, le chanteur, nous livre des hurlements d’une agressivité sans précédent, en se fichant complétement du rendu (parfois ils surprennent par leur soudaine brutalité ou par leurs sonorités particulières). Il évacue ainsi toutes ses émotions sans jamais se poser de questions, et ce, pour un résultat qui surprend par son efficacité. Pour un style musical où il est de coutume de soigner les passages hurlés afin que ceux-là sonnent propres, faire une telle chose est plutôt osé. On retrouvera par la suite d’autres chansons de cet acabit, comme la très surprenante et agressive «
When Girls Telephone Boys » qui, avec ses vocaux quasi-exclusivement hurlés et ses riffs puissants dans la pure veine néo-metal comme seul le guitariste Stephen Carpenter peut nous en concocter, en fait sans doute la chanson la plus brutale de leur répertoire. Le très
Around the Fur et efficace «
Bloody Cape » fait aussi partie de ces chansons montrant la face sauvage de la bande, nous rappelant par là -même les très belles heures des deux premiers opus.
On reverra aussi au fil de l’album le côté atmosphérique si propre au son développé dans
White Pony. Mais plutôt que de se contenter de faire une redite, ce son est abordé d’une manière différente. Dans «
Minerva », qui en est le meilleur exemple, le son est plus lourd et plus massif, avec une nappe de guitares saturées accompagnée par quelques sonorités électroniques, histoire de renforcer l’immersion (car, rappelons-le, le groupe compte avec Frank Delgado pour les claviers et la programmation). Dans cette même chanson, la voix de Chino fait entièrement partie de ce mur de son atmosphérique, et à aucun moment ne s'en détache.
Dans la seconde partie de l’album,
Deftones s’aventure un peu dans le milieu de l’expérimentation avec deux chansons, « Lucky You » et « Anniversary of an Uninteresting
Event », en s’essayant dans un style nouveau. On pourrait définir ce style comme étant de l’ambiant électro, où il n’y a pas trace (ou presque) de la présence d’une guitare ou d’une batterie ; seules les sonorités électro de Delgado et la voix très posée de Chino sont présentes. Un style à l’opposé de ce que
Deftones a l'habitude de faire. Après, on aime ou on n’aime pas, mais ce qui est certain c’est que cette expérience semble avoir beaucoup plu au chanteur qui, d'ailleurs, formera quelques années plus tard un side projet entièrement dédié à ce style musical, du nom de
Team Sleep.
Le résultat final de ce quatrième méfait des Californiens est une œuvre qui, au fil des écoutes, se savoure à chaque fois davantage. Que ce soit l'entêtant refrain de « Good
Morning Beautiful », les riffs explosifs de «
When Girls Telephone Boys » ou encore la richesse de composition de « Battle-
Axe », les chansons se font à chaque fois de plus en plus désirer. Il est regrettable que certaines comme « Deathblow » ou «
Moana » peinent un peu à décoller. Si l’effort d’expérimentation de ce style électro ambiant est louable, en faire deux chansons n’était peut-être pas la meilleure idée, incitant l’auditeur à passer l’une des deux (« Lucky You » dans mon cas). Il s'avère également regrettable que la production se veuille moins claire que celle des deux précédents opus. Certes, cette démarche est certainement volontaire, pour conférer à l’album une personnalité, et le son reste parfaitement audible, mais je pense qu’un rendu un peu plus clair n’aurait pas été du luxe.
Peut-être pas leur meilleur album, mais qui, assurément, vaut le détour. Cet album éponyme montre au grand jour toute la richesse musicale et artistique de
Deftones, de ses racines metal à ses influences diverses et art rock. Les chansons typiquement néo-metal restent toujours plaisantes et, pour ma part, meilleures que celles de la plupart des groupes du genre. Le groupe s'étant aventuré, et non sans inspiration, dans quelques expérimentations en territoire inconnu, il en découle un album étonnamment riche et varié pour une formation de néo-metal.
Perso je trouve Adrenaline et Around The Fur tout aussi agressif. Il est vrai que les chansons brutaux de cet album en particulier le sont peut-être plus, mais les autres plus calmes compensent et équilibrent un peu la balance. Il serait extrêment dur de dire quels sont mes préférés tellement tous les albums de Deftones sont excellents, mais en y réfléchissant je dirais Adrenaline, Around The Fur et Saturday Night Wrist (ce dernier étant à mon avis cruellement sous-estimé).
Le groupe de metal préféré des fans de rock. Inutile de parler de Deftones à des fans de brutal death, c'est peine perdue. Aucun de ses albums n'est à jeter, même Gore qui est légèrement foiré en raison de sa composition effectuée dans la discorde. J'ai eu du mal avec "Deftones" pendant longtemps, le trouvant difficile d'accès contrairement aux 3 premiers. C'est seulement à la sortie de la tuerie "Koi No Yokan" que mon cerveau a compris l'étendue du génie de ces mecs. La prod est surpuissante encore aujourd'hui, et comment résister à "Good morning Beautiful" ou "Bloody Cape". Aussi pour l'étiquette néo, ils y ont fortement contribué mais je trouve qu'ils sont trop au-dessus du lot pour se la coller.
À vrai dire moi aussi j'ai eu beaucoup de mal avec cet album au début, en partie à cause de sa production, surtout après avoir pasé des heures et des heures à écouter en boucle Around The Fur et White Pony. Je trouvait que ça sonnait un peu bizarre, mais au fil des écoutes je m'y suis fait, et c'est là que les chansons ont commencé à vraiment me plaire. Good Morning Beautiful et Bloody Cape sont pour moi LES deux gros tubes de ce disque, irrésistibles comme tu le dis.
L'étiquette néo-metal oui peut-être elle n'est pas correcte vu l'évolution du groupe, mais faut se rappeler qu'ils ont été les précurseurs avec Korn grâce à leurs deux premiers opus, et que dans chaque album il y a au moins deux ou trois chansons bourrines dans la lignée de leurs débuts, ce qui justifie à mon sens que Deftones soit toujours considéré comme un groupe de néo.
Pffff album superbe, mon premier deftones, au début habitué au néo plus traditionnel de korn, là ça a été la découverte, puis par la suite la claque.
Hexagram, minerva, moana, que de chefs d'oeuvres... On est transporté par la musique aérienne du combo, a chaque fois je me surprend à être apaisé a son écoute. Il n'y a que koi no yokan depuis qui a su me redonner cette émotion.
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