Pour
Rush, au niveau discographique les années 80 furent assez fastes, à commencer par le pur chef d'oeuvre
Moving Pictures. Mais aussi grâce aux albums qui suivirent et cela malgré une orientation FM voire Pop et l'omniprésence des claviers analogiques, reléguant au second plan les interventions de guitares inspirées et lumineuses d'Alex Lifeson. De cette période (décennie) naîtront des albums plutôt réussis (à condition d'apprécier les claviers) en commençant par
Signal avec ses expérimentations "space" et rythmes Reggae. Des références encore plus visibles sur l'album suivant, le moderne et énigmatique
Grace Under Pressure, suivi du très FM et formaté radio
Power Window.
C'est donc le 8 septembre 1987 que le 12ème album de
Rush voit le jour, l'excellent
Hold Your Fire, avec une pochette rouge sang, et dont les trois billes en mouvement au centre, rappellent notre trio canadien favori. Toutefois, n'aurait-il pas été plus judicieux de mettre l'image intérieure du livret qui est plus belle et représente mieux la musique du groupe, élaborée, variée et colorée?
La production est signée, une fois de plus
Rush et Peter Collins (
Gary Moore,
Suicidal Tendencies,
Bon Jovi) à qui l'on devra par ailleurs l'indispensable et culte concept album "
Operation Mindcrime" du groupe Queensrÿche.
Hold Your Fire bénéficiera d'un son tout aussi moderne, voire plus clair et plus puissant que sur les trois précédents opus, bâti autour d'une section rythmique alambiquée et des guitares au diapason, qui pour l'occasion seront mises beaucoup plus en avant, malgré l'omniprésence des claviers.
Tout au long des neufs titres qui composent
Hold Your Fire,
Rush confirmera qu'il a décidé de sortir du style édulcoré, froid et plutôt captivant où il s'est enfermé depuis l'album
Signal. Le groupe réussira l'exploit de revenir à un
Hard Rock subtil et plus percutant en incorporant ici et là quelques éléments Progressifs (genre qui fit la gloire du groupe dans les années 70), annonçant pour l'occasion un léger retour des guitares ciselées du maître Lifeson.
À peine le premier morceau entamé, l'entraînant "
Force Ten", l'auditeur se trouvera rassuré quant à la direction musicale prise par le trio canadien. En effet, nos trois protagonistes, nous proposerons un peu plus de titres percutants que sur l'album précédent
Power Window, comme par exemple le frétillant "Turn the Page" avec ses lignes de claviers et basse répétitive. Le rythmé "
Time Stand Still" aux percussions précises et élaborées, soutenu par une mélodie et un refrain imparable, qui ne vous quitte plus. "Look and Key", la piste 6, ne sera pas en reste aussi et se distinguera par un furieux solo de guitare inattendu et jouissif signé Lifeson.
D'autres morceaux tout aussi intéressants sortiront du lot tel que le mid tempo "Mission" et sa basse ronflante accompagnée de lignes de claviers et autres percussions au son du genre Xylophone, parsemé d'arpèges de guitares fluides de toute beauté. Les textes de l'aérienne "Tai Shan" et ses sons de flûtes New Age, font référence au pic de l'Empereur de
Jade, qui est l'une des 5 montagnes sacrées de Chine, (enregistrées au patrimoine mondial de l'Unesco) que Neil Peart, le batteur, visita lors d'un de ses nombreux voyages.
N'omettons pas l'étrange et énigmatique "High Water" dont les percussions et polyrythmies soutenues de riffs de guitares affûtés d'Alex et de la basse imposante de Geddy, clôturera admirablement ce magnifique et incontournable album. Dans une moindre mesure, "Second Nature" très orienté FM et radio US, vous donnera l'irrésistible envie de taper du pied.
Les 2 titres restants, l'anecdotique "Open Secret" et le moyen "
Prime Mover" (malgré un très bon solo de guitare), seront à ranger parmi les plus prévisibles, pour ne pas dire redondant et moins bons de l' opus.
Rush avec
Hold Your Fire réussit donc la parfaite alchimie entre le passé et le présent, tout en gardant sa fibre créative intacte avec des compositions toujours aussi raffinées afin de combler sa fan base, mais aussi tout amateur de bonne musique progressive et moderne.
Hold Your Fire demeure donc un album important dans la carrière de
Rush dont la flamme ne semble pas encore sur le point de s'éteindre, en amorçant doucement une autre décennie tout aussi mémorable et surprenante que celle des 80 's, mais cela est une autre histoire
Merci pour cette chronique qui nous montre bien que le travail de Rush est très fin. Ici, les percussions prennent toutes leur place. C'est un album exigeant comme tous ceux du groupe. S'en contenter comme musique de fond non seulement, ne permettra pas d'en déceler toutes les subtilités, mais pire, il risque de provoquer un certain ennui (j'ai testé lors d'une soirée entre amis qui n'écoutaient évidemment pas). Ce n'est pas une musique qui crée forcément un enthousiasme immédiat. A savourer à tête reposée.
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