Lorsque
Def Leppard foule la scène principale du désormais célèbre festival de Clisson le 21 Juin 2013, le groupe britannique marque son retour sur le sol français après presque vingt années d’absence. Certes, une telle attente pour l’hexagone constitue un cas particulier, mais un rapide coup d’œil à l’historique des tournées du groupe permet de confirmer un constat sans équivoque :
Def Leppard est désormais ancré sur le nouveau continent. Malgré l’
Union Jack ressorti en toute occasion, le quintette originaire de Sheffield – ville du nord de l’Angleterre qui subit avec violence la désindustrialisation de la deuxième moitié du vingtième siècle- semble en effet être devenu un groupe dont la présence, la musique et le public sont avant tout liés aux États-Unis d’Amérique.
Pourtant, Rick
Savage, Pete Willis, Joe Elliott, Steve Clark et Rick Allen sont à leurs débuts fortement imprégnés par l’environnement culturel, musical et social britannique. Les premières années du combo lui permettent ainsi d’être catégorisé comme membre de la fameuse NWOBHM aux côtés des
Saxon ou autres
Diamond Head.
Def Leppard tourna d’ailleurs tout d’abord aux côtés de
Witchfynde et son Give ‘em
Hell, en guise d’échauffement avant la sortie de son premier album. Avec un son rugueux et des riffs rapides et acérées,
On Through the Night (
1980) apparait comme un premier essai prometteur même si encore hésitant, que le léopard sourd a la chance de défendre en première partie de Pat Travers, Ted Nudgent,
Scorpions, AC/DC ou encore
Judas Priest, en Europe, et, déjà aux US. Le 24 Août
1980 a lieu l’incident du festival Reading, qui voit la presse spécialisée expliquer des jets de projectiles sur scène par un sentiment de trahison de la jeunesse britannique face à un groupe désireux de jouer les stars outre Atlantique. Si cette interprétation semble plus qu’à relativiser, comme l’expliquent les principaux intéressés, notons que leur manager de l’époque, l’américain Peter Mensch, témoigne dans « L’histoire de
Def Leppard :
Animal Instinct » (David Fricke, Ross Halfin, 1987) que cet évènement et les perspectives de succès aux États-Unis les auraient clairement détournés du vieux continent.
Avec l’arrivée de Mutt Lange à la production,
Def Leppard se donne en tout cas les moyens de passer un nouveau cap. Les membres du groupe entrent aux studios
Battery de Londres au printemps 1981 avec quelques idées que le producteur leur fait minutieusement disséquer, réarranger et développer, imposant une véritable discipline de travail à de jeunes adolescents fougueux. Joe Elliott quitta d’ailleurs la pièce au cours d’un enregistrement, excédé par l’exigence de Mutt Lange. La forte tête fut finalement rassurée par les encouragements de
David Coverdale, qui enregistrait – parfois en une prise – juste à côté avec Jon
Lord. De cet environnement studieux et intransigeant nait High ‘N’
Dry, véritable brûlot à mi-chemin entre les influences
Hard Rock classiques du groupe et son héritage NWOBHM.
Switch 625, pièce incontournable de l’album et œuvre du maestro Steve Clark est ainsi une instrumentale de haute volée où le riffing maidenien s’accompagne de mélodies aux sonorités que n’aurait pas renié un Ritchie Blackmore, offrant l’occasion de duels de guitares absolument exquis entre Clark et Willis. La seule composition n’étant pas signée ou co-signée par l’un des deux hommes, Another Hit and Run, de
Savage et Elliott, n’en demeure pas moins dotée d’un riff dantesque venant servir l’un des titres les plus heavy de
Def Leppard. Ce dernier, avec son break aux arpèges envoutants, présente surtout un refrain entêtant scandé avec une hargne jouissive, porté par le riff principal évoqué précédemment. Construit avec une structure similaire, Mirror, Mirror (Look into My
Eyes), s’avère quant à lui ni plus ni moins que l’un des titres les plus sous-estimés du groupe, catégorie à laquelle il faut également ajouter
Lady Strange. Ces deux secrets bien gardés que les amateurs pourront chérir soigneusement ont en effet été éclipsés par les désormais cultes Bringin’On the Heartbreak,
Let It Go et dans une moindre mesure High ‘n’
Dry (Saturday
Night). Alors que ces deux dernières sont des classiques de
Hard Rock faits pour le
Live, Bringin’On the Heartbreak est tout simplement le titre qui a changé la carrière du groupe quelques mois après la sortie de l’album. La power ballad a en effet bénéficié d’une exposition sans précédent avec la diffusion massive de son clip sur la jeune chaine américaine MTV.
Plus direct, plus limpide et plus mature que son prédécesseur, High’n’
Dry est un album de transition. Il est le dernier témoignage de la naïveté d’une jeunesse indomptable et authentique mais aussi le balbutiement d’une musique plus travaillée, d’un son plus lisse et de compositions plus grand public. Pour les membres du groupe, il s’agit d’une étape importante de franchis dans une démarche de construction qui ne s’achèvera qu’avec
Hysteria (1987), pour beaucoup de fans de la première heure, c’est tout simplement l’œuvre majeure de
Def Leppard. High’n’
Dry apparait donc comme l’aboutissement de jeunes musiciens fougueux encore fortement influencés par les classiques des années 70 et par l’environnement de la scène de la NWOBHM. Joe Elliott dira de la tournée britannique qu’elle fut un « désastre », contrairement aux premières parties d’
Ozzy Osbourne aux États-Unis, autre artiste anglais qui trouvera l’herbe plus verte de l’autre côté de l’océan.
Merci pour la chro. Album vraiment terrible en effet. Magique même.
Tu écris que Mariah Carey reprendra "Bringin’ on a Heartbreak" et rendra cette chanson intemporelle. Ah bon????? Ok je ne suis pas très attentivement, c'est le moins que je puisse dire, ce qui se fait côté "variétés" mais je ne savais pas qu'elle avait repris ce titre et que cela l'avait rendu hyper populaire. C'était quand exactement? Et aux US, je ne suis pas certain que Def Leppard ait eu besoin d'elle pour devenir archi populaire. Quand à la France, sans commentaire, Def Leppard est toujours resté un groupe de "hardos" même à l'époque "Hysteria". D'ailleurs, quelqu'un les a t'ils vu jouer un titre lors d'une émission Tv francaise grand public? Perso je vois pas.
Sinon, y'a un titre que je kiffe à mort, c'est l'instru "Switch 625". Des supers guitares là dessus.
J'ajouterai enfin que la prod' de Lange est juste énorme pour 1981.
Le meilleur de Def et parmi les meilleurs albums de Heavy tout simplement.
Excellent album de nwobhm, je suis sidéré par la qualite intrenseque de cette realisation qui merite bien la renommée acquise.Trouvé en vinyle d occasion à 5 euros chez Gibert, j ai sauté sur l occasion pour decouvrir le groupe.
Le fait que Def Leppard soit cité par Lars Ulrich comme l'une des pierres angulaires de mouvement brit n'est pas innocent. En effet le groupe fera deja tres tres fort avec ces 2 premieres realisations.
Excellent album .
Merci pour la chro
Je suis ok, un cd que doit posséder tout fan de Hard Rock
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