Après s’être engouffrées dans la brèche du deathmetal durant les années 91 à 94, beaucoup d’écuries indépendantes et de majors déchantèrent, s’apercevant que des investissements conséquents ne pouvaient doper les ventes d’un genre musical trop extrême pour séduire un large public. Considérant en outre une période de doute traversée par des groupes souvent très jeunes et manquant encore de recul, le style connaît ainsi un flottement dès '94, marqué par la désaffection de labels porteurs, à l’instar de Roadrunner lâchant progressivement ses poulains comme
Immolation,
Gorguts,
Malevolent Creation ou
Sorrow, pour se consacrer pleinement au post-thrash naissant initié par les
Fear Factory,
Biohazard ou
Machine Head du moment.
Ainsi sans soutien d’un label, accumulant parallèlement les galères sur le plan personnel,
Immolation reste désespérément silencieux durant cette période, lui, ayant pourtant touché la magie du bout des doigts en 1991 sur l’atemporel
Dawn of Possession. La détermination de ses leaders Rob Vigna & Ross Dolan finit toutefois par payer, le groupe décrochant un contrat avec la fidèle écurie Metalblade en 1995, débouchant sur les sessions d’
Here in After dès l’été (sous la coupe de
Wayne Dorell aux Water Music Studios californiens), puis sur la sortie de l’album en début d’année suivante.
A l’image de l’illustration d’Andreas
Marshall, assurant une continuité avec son précédent dessin,
Here in After se situe dans la lignée de
Dawn of Possession, délivrant ce deathmetal profond et chaotique dont
Immolation conserve précieusement le secret. L’auditeur retrouve ainsi les blast-beats & les roulements meurtriers de Smilowski supportant les jeux de guitares complémentaires & nuancés de l’imparable duo Wilkinson / Vigna et le chant guttural pur de Dolan.
Depuis le terrible
Burn with Jesus en passant par l’incision des riffs d’I Feel
Nothing, jusqu’au final du redoutable Christ’s Cage,
Immolation démontre une nouvelle fois son talent & son incroyable pureté, tout en entretenant ce ton blasphématoire. Rob Vigna transcende enfin les compositions, parvenant à coups de riffs serrés & de soli lancinants à faire parler sa guitare comme peu de musiciens death de l’époque.
Toutefois, malgré de nouveaux morceaux parfaitement calibrés, mais privé de l’épaisseur du précédent enregistrement d’Harris Johns aux Music Lab Studios berlinois,
Immolation ne réussit pas à recréer pleinement la magie ni l’apocalypse de son premier album, lâchant des compositions aux lectures toujours aussi multiples, mais manquant d’une certaine profondeur en regard de joyaux tels qu’Everlasting
Fire ou Those
Left Behind, qui marquèrent à jamais les esprits en 1991.
Ainsi, après une première offrande rapidement devenu culte et une attente de cinq longues années, le quatuor new-yorkais revient avec un nouvel album sombre et puissant, mais subissant fatalement la comparaison avec son illustre prédécesseur. Sans dégager la même intensité,
Here in After possède une essence, un équilibre et une force indéniables, qui maintiennent invariablement
Immolation parmi l’élite du deathmetal nord américain, aux côtés de
Suffocation ou
Morbid Angel en cette année 1996.
Fabien.
"Pourquoi le death-metal est-il en train d’agoniser ? Réponse sur Here in After. Le disque n’est même pas mauvais, c’est ça le pire, mais juste affreusement conventionel. Un death largement inspiré par Cannibal Corpse mais peut-être plus alambiqué, c’est dire à quel niveau on se situe. A tout prendre, j’échange dix nouveaux Immolation contre une démo de Six Feet Under". Sylvain Descombes, Hard Rock Magazine, Février 1996.
A l epoque combien de fois j'ai lu des critiques de ce genre... je ne peux dire combien d albums que j adoraient etaient malmenés dans les magazines... parfois je me posais des questions sur mes goûts. Mais RAF, j'ai comme beaucoup suivi mon propre chemin et ces albums ou styles musicaux si souvent critiqués à l'époque ont survécu et atteints une notoriété impensable à l'époque. Faut dire que si je me souviens bien les chroniques ou interviews de death ou black étaient reléguées en fin de mag. Puis les gens etaient beaucoup plus intransigeants aussi malgré le jeune âge des styles
Comme d'autres étaient sur évalués des fois, où on voulait se prendre une bonne claque alors que c'était moi du genou.
C'est pour ça maintenant y'a youtube ou d'autres plateformes pour écouter pour se donner une idée avant de passer à la case achat. Après chacun ses gouts et ses ressentis. Mais bon une mauvaise critique sur un album succulent c'est dommage et con.
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