Rares sont les formations qui peuvent se targuer de posséder une discographie sans réelles faiblesses, et,
Immolation, après 29 ans de carrière, en fait incontestablement partie, même si les Américains n’ont pas publié que des chefs-d’œuvre. Il aura fallu patienter quatre longues années avant que le quatuor ne décide d’ouvrir à nouveau les portes du caveau afin d’y délivrer sa dernière offrande intitulée «
Atonement ». Le syndrome de la page blanche et la vilaine blessure à la cheville droite de Steve Shalaty auront contribué à ce délai plutôt inhabituel.
De plus, Bill Taylor (guitare) qui officiait dans le combo depuis plus de 16 ans, a été contraint de tirer sa révérence pour cause de problèmes physiques, personnels et familiaux sérieux. Cette lourde perte sera compensée par le recrutement d’Alex Books (Ruinous), qui, nonobstant sa réputation, est aussi connu pour son passage de courte durée au sein d’
Incantation. Mais, selon les dires de Ross Dolan, son intégration dans
Immolation s’inscrit sur du long terme.
D’entrée, l’artwork interpelle. Même si cette œuvre, signée Pär Olofsson (
Exodus,
Immortal,
Abysmal Dawn) représentant un ange maléfique qui vient de mettre à feu et à sang cette pauvre humanité, est magnifique, c’est surtout le retour du logo originel, plus utilisé depuis 16 ans, qui retient l’attention. Cette entreprise annonce-t-elle un retour aux sources du groupe avec «
Dawn of Possession » en ligne de mire ? Réponse en fin de chronique.
Immolation ne s’est jamais éloigné de ses préceptes qui ont fait sa réputation, et c’est encore le cas avec «
Atonement » dont « The Distorting Light » introduit parfaitement cette nouvelle livraison. Après un petit arpège inquiétant, la déflagration sonore débute sans crier gare avec un blast furieux, il est clair que la formation n’a pas changé son bazooka d’épaule. Les attaques supersoniques et hystériques parsèment cet opus avec un réel impact comme sur le morceau sus-cité : « When
The Jackals Come » ou « Rise The Heretics » mais également sur les accélérations qui émaillent « Epiphany », « The
Power Of Gods » ou « Above All ». Ces attaques sont vraiment impitoyables et en plongeront plus d’un dans la fosse commune.
Tout un chacun qui connait les New-Yorkais sait que le propos d’
Immolation n’est pas qu’un blast continu, le groupe excelle aussi sur des rythmiques lourdes et pesantes, qui écrasent tout sur leur passage. «
Atonement » n’en est pas avare, jetez donc vos cages à miel sur les breaks imposants de « When
The Jackals Come », de « The
Power Of Gods » et de « Epiphany », les commencements de « Fostering The
Divide », de « Lower » ou de « Thrown To
The Fire » et le final éléphantesque de « Above All » pour avoir l’impression qu’une enclume vous tombe sur le coin de votre faciès.
L’atout majeur de «
Atonement » reste incontestablement l’ambiance qui s’en dégage. Les nombreuses dissonances, les ralentissements écrasants et oppressants, font émaner des atmosphères obscures et morbides, l’odeur de corps décharnés carbonisés se fait très insistante. Aussi, le growl très profond de Ross Dolan ajoute à cet état de fait.
Malgré le changement de guitariste d’une grande importance, la cohésion qui ressort de l’ensemble est indéniable. Chacun apporte sa pierre à l’édifice et livre une interprétation sans faille, rehaussée d’une production à l’avenant, qui est, une fois de plus, le fruit de Paul Orofino des Studios Millbrook Sound, pour la prise de son et Zack Ohren pour le mixage et le mastering.
De par sa forte homogénéité, «
Atonement » s’apprivoise difficilement. Plusieurs écoutes attentives seront même nécessaires pour l’y pénétrer ; votre serviteur fut pris d’une grande déception à l’issue de la première découverte de cette galette. Aussi, l’impression générale est à un ralentissement global des rythmiques, pour une mise en avant des ambiances sombres, et il est fort à parier que certains puristes seront fort contrariés par ce constat. Pour finir, ce dernier méfait comporte quelques longueurs comme sur « When
The Jackals Come », des passages quelconques comme sur le break poussif et peu attractif de « Lower » ou le morceau-titre dans sa totalité, qui ne sera sauvé partiellement que grâce à un blast furieux. Ce titre, qui donne pourtant son patronyme à l’album, est sans doute le plus faible de cet enregistrement.
Plus lourd et pesant que son prédécesseur,
Immolation publie avec «
Atonement » un disque pourtant fort plaisant si l’auditeur est capable de faire fi de ses griefs de la première découverte. Ce disque écrasant, parsemé de cadences furieuses, fait preuve d’une grande puissance, habituelle chez les Américains mais laisse une place plus importante aux atmosphères sinistres, au détriment de la brutalité (toutes proportions gardées). «
Atonement » ne se hissera certainement pas à la hauteur de «
Dawn of Possession », chef-d’œuvre incontestable du groupe et du style, mais surpasse «
Kingdom of Conspiracy », s’inscrivant plus dans la veine de «
Majesty And Deacay ».
Immolation souffrira aussi de la comparaison des nombreuses publications du moment,
Sinister en tête.
Bien au dessus du dernier Morbid qui est chiant comme la pluie. Néanmoins, je trouve que l'évolution du groupe était plus marquée de here in jusqu'à harnessing plutot qu'après. Ils ajustent leurs styles en finesse selon les besoins des derniers albums, mais peut-être trop en finesse. Ils devraient, selon moi, prendre un peu plus de risque, trouver une nouvelle épice dans leur recette. Ca reste très bon, hein, mais on n'est plus soufflé comme on n'a pu l'être auparavant.
Je l'aime bien moi ce dernier Morbid, en comparaison à leur avant dernière bouse...
Cet IMMOLATION est terrible et je ressens la même chose que mon ami METALDER: la mélancolie.
@Growler : Ils se sont justement tellement fait huer avec la grosse farce qu'est l'album précédent (enfin, pas si mal, pour un "deux titres" :D), que la motivation du dernier me semble être uniquement de plaire aux fans. Du coup, chaque morceau est une ressucée de riffs issus de vieux albums, mais sans la gouache, sans l'intention, sans l'inspiration. On dirait des mauvaises chutes récupérées à la hate pour calmer le peuple. Ca tourne complètement en rond et, au delà du mix que je trouve desastreux, je peine à voir le bout de l'album. J'ai l'impression qu'il dure des heures d'ennuis, à tel point que je me vois parfois regarder à quelle piste on en est sur le disque, puis m'appercevoir avec surprise qu'il reste encore 4 morceaux, et souffler en hésitant presque à couper le bordel :( Ok c'est du death, ok ça sonne Morbid Angel, mais c'est à peu près tout...
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