Pourquoi ? Telle est la question qui m’est immédiatement venue à l’esprit. Pourquoi est-ce que
Carnifex, après avoir persévéré dans le deathcore bourrin et efficace, nous pondent-ils un album aussi brouillon et pourquoi celui-ci dégage-t-il rien ? L’avenir promettait le meilleur au groupe américain qui avait explosé avec leur deuxième opus The
Deceased and the Poisoned, les propulsant directement parmi les meilleurs groupes du genre avec un album compact, résolument destructeur, peut-être un peu répétitif dans ses structures mais terriblement efficace. Ils se sont donc attelés récemment à son successeur que j’espérais encore plus détonant.
Hell Chose Me n’est pas vraiment nul en soi, le groupe ayant réussi à modifier leurs structures… pour en refaire de nouvelles ! Faisons donc fi de n’avoir rien entendu : si on commence comme ça, on ne va pas s’en sortir. Sans être tatillon, les riffs sonnent hélas déjà vus, du deathcore classique voire même du sous-
Carnifex, n’exploitant pas leurs bases, se reposant ainsi sur leurs acquis. C’est bien dommage car à l’écoute du début de la galette, tout laissait croire que ça aller dépoter.
Tout comme Annotations of an
Autopsy, les
Carnifex ont incorporé des pointes de death metal old school, le truc beaucoup plus classique, le genre où on ne prend pas de risques, moins étiqueté « deathcore mécheux pour ados prépubères ». Et pourtant,
Carnifex n’étaient pas dans ce style-là mais la mode rattrape quiconque s’en approche de trop près… Enfin bref, le club des cinq s’aventure dans ce domaine avec difficulté, tâtonnant entre un côté beaucoup plus malsain, avec ses riffs en allers-retours proches des vieux
Deicide et ses breaks rythmés, et son ancien son
Carnifexien aux sonorités hachés typés death mélo suédois. On y perçoit également quelques touches black metal, notamment sur "
Hell Chose Me" et surtout sur l’excellent "
Entombed Monarch", monstrueusement mélodique. En parlant de ça, nous voici donc au quatrième titre et on sent déjà que rien n’a vraiment démarré.
Et puis soudainement,
Hell Chose Me bascule dans du deathcore classique : trop basique pour épater, trop décevant comparé au début du disque qui s’annonçait déjà un peu plus différent. Mais chasse le naturel il revient au galop et le quintet ressert la même sauce… Sans identité, l’album suit son cours et on attend passablement la fin du morceau puis le début du prochain, et rebelote. L’ennui nous gagne très vite, le groupe n’arrivant visiblement pas à insuffler une quelconque émotion à son bébé, dont la courte durée parait à la fois insuffisante mais aussi interminable. Les grattes fusent, d’accord, et si le groupe a limité les moshparts, il ne s’est en revanche pas privé de mettre de bons riffs scandinaves voire même metalcore comme avant (en témoigne le très sympathique "Names Mean
Nothing").
Mais un bon riff n’est pas forcément technique ou encore moins en adéquation avec ci et ça, il faut qu’il sonne bien avant tout ; et ici, pas de riffs bien mémorables en vue… Pour la batterie, elle est sans relâche malgré un léger ressentiment de monotonie. La voix de Scott est quant à elle tout simplement basique. Si elle paraissait auparavant en totale déstructuration avec les riffs, donnant tout son charme aux chansons (on se souvient parfaitement de son fameux «
Adornment of the Sickened ! » sur le titre éponyme), elle parait désormais sans harmonie.
La structure de
Hell Chose Me est également à plaindre : si The
Deceased and the Poisoned avait une (courte mais percutante) intro et un titre final résolument destructeur, ce troisième opus n’a rien sauf peut-être un début mélodique d’une minute trente pour "
Heartless" et une quasi-coupure maquillée en fade-out hideux pour le morceau final, laissant un petit vide puis un ridicule court morceau de piano aussi ridicule qu’inapproprié. Avec cette nette transition qui relèverait presque de l’amateurisme,
Carnifex prouve qu’ils n’ont pas pris leur temps et ont quasiment bâclé leur CD. Au final, un troisième album décevant, écoutable mais très quelconque, au préalable enterré par beaucoup de groupes (dont le nouvel EP de Decades of
Deception, aussi simpliste que monstrueusement agréable). Dommage, le précédent album continue de faire vibrer mes enceintes et est devenu pour moi une référence en matière de deathcore ricain…
Sinon, super chronique !
Il faut quand même ajouter que l'artwork est bien stylé. tout comme le dernier, très bonne pochette!
c'est une barque, les riffs de grattes sont vides d'originalité. Sinon c'est vrai que la pochette est jolie.
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