Les derniers mois de l'année 2016 auront vu les nouvelles sorties de deux poids lourds du core,
Despised Icon, et
Carnifex. Marques de vitalité d'un genre au top de sa créativité, choses à prouver pour les deux « anciens », ou juste énièmes sorties dans la masse du genre ? «
Slow Death », qui nous occupe aujourd'hui, est le sixième opus des américains de
Carnifex, après un «
Die Without Hope » en 2014 dont il se rapproche résolument. Au bout de 17 ans d'existence (le combo s'est formé en 2005, en Californie), la question lorsque l'on met la galette sur la platine (ou sur son ordi, ou en streaming...Légal bien entendu) est incontournable : qu'est-ce que le groupe a à nous offrir, officiant dans un genre qui s'est largement, largement répandu, au point d'en devenir hype (ce n'est pas un hasard si nombre groupes de deathcore sont des jeunots, quand ils ne semblent pas sortir de l'adolescence ou exploiter ses thématiques) ?
Répondre, à l'issue de l'écoute, « rien » serait un jugement facile mais compréhensible.
Carnifex n'a au fond pas totalement perdu ce qui le caractérise depuis le secouant premier LP, «
Dead in My Arms ». Vous retrouverez, sur des morceaux comme «
Dark Heart Ceremony », « Drow me in
Blood » ou « Black Candles
Burning », leur son incisif et graisseux, associé à une lourdeur et une violencé indéniables. La double-pédale omniprésente et martelante de Shawn Cameron, les vocaux agressifs de Scott Lewis participent à leurs phases brutales sans concession, qui donnent envie de pogoter ou de mosher dans une fosse en sueur. L'ouverture acharnée de « Necrotoxic », a elle seule, par sa dureté et son déroulé death proche des débuts du groupe, fait méchamment plaisir, comme il est toujours rassurant de voir que
Carnifex sait toujours envoyer ce pourquoi on l'a découvert, apprécié, et suivi jusqu'ici. Mais c'est hélas plus par une espèce de nostalgie que par intérêt musical car si les californiens parviennent à nous secouer (headbanging inévitable, à mon avis, sur la composition «
Slow Death ») ils échouent résolument à mettre en place un riffing marquant, qui laisse une réelle empreinte dans l'oreille et les souvenirs. C'est le défaut récurrent des productions du groupe depuis quelques sorties déjà...
Ce défaut n'est de plus pas le seul, malheureusement. A l'instar de bien d'autres entités qui y voient une voie d'évidence pour faire évoluer leurs musiques,
Carnifex a ouvert son death/deathcore à d'autres touches, bien qu'en soi déjà le son est nettement plus deathcore que death metal (une tendance qui n'était pas telle les tous premiers opus), même si, et c'est une bonne nouvelle, les Californiens ont délaissé l'usage intensif de breakdowns qui minent le genre. L'ouverture à d'autres horizons peut être une réussite (du moins subjective), comme l'incorporation d'éléments electro/dubstep à la We Butter the Bread with Butter («
Pale Ghost »), déjà une habitude dans le deathcore, ou de phases plus sensibles comme la piste instrumentale «
Life Fades to a
Funeral », venant d'ailleurs étrangement donner du répit à l'album...Seulement au bout de la piste 8, alors qu'on imagine ces compositions calmes plutôt en milieu d'album, en guise d'interlude. La touche ouvertement black metal de l'intro «
Countess of the
Crescent Moon » est toute aussi bienvenue, parvenant à établir une réelle ambiance sans délaisser la violence du metal extrême que
Carnifex rode depuis plus d'une décennie maintenant.
Mais, puisqu'il y a toujours un mais, le doute est permis sur l'omniprésence (je pèse mes mots, il y en a quasiment sur chaque piste) discrète (le mixage ne les met pas non plus tant en avant que ça) des synthétiseurs, qui donnent une couleur un peu symphonique à la musique brutale du groupe. Le problème n'est pas dans le mélange des genres encore une fois, qui peut s'avérer salvateur, mais dans le cas de
Carnifex...Cela arrive-t-il à s'incorporer et à paraître homogène avec leurs compositions, et leur manière de les jouer ? Est-ce que cela fait partie, ou peut faire partie de l'
ADN du groupe ? Depuis l'album « I Feel
Nothing », la question est formulée, et le quintet semble y proposer la même réponse : oui. En ce qui me concerne, j'aimerais voir un groupe plus créatif dans la composition et les riffs, qu'un
Carnifex qui se contente de jouer les mêmes recettes et d'y ajouter un clavier pour nous faire un peu croire que leur art a évolué vers d'autres cieux...
Une pépite l'instrumental Life Fades To A Funeral, à passer a mon enterrement d'ailleurs , l'album est assez convaincant dans l'ensemble quoique , au milieu la lassitude se fait ressentir, le morceau final clôture violemment le cd mais c'est tout .
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