Contrairement à la plupart de ses semblables, la musique de
Carnifex est restée depuis près de deux décennies fidèle à ses principes. Emplies de colère, de rigueur et de mordant, les compositions du quatuor américain ont permis de construire et de consolider leur popularité sur la scène deathcore, aux côtés de formations tels que
Suicide Silence,
Whitechapel ou encore
Despised Icon. Mais depuis 2010 et la sortie de
Hell Chose Me, nos musiciens ont fait le choix d’incorporer dans leurs toiles des éléments venus tout droit du black metal, ce qui a permis de démocratiser le blackened deathcore.
Néanmoins, même si cette initiation a eu son petit effet à ses débuts, on sent que la formation californienne tourne quelque peu en rond. Les dernières parutions à savoir
Slow Death et
World War X manifestent pleinement de ce sentiment. Loin d’être mauvais, ces deux opus témoignent du pilotage automatique qu’ont pris nos Américains, malgré des travaux qui ne manquent pas d’efficacité. Toujours chez
Nuclear Blast, le quatuor publie son huitième ouvrage au nom funeste de
Graveside Confessions.
A l’instar de ses prédécesseurs, cette nouvelle offrande expose la maîtrise qu’a définitivement acquis
Carnifex au cours des dernières années. Ainsi, on retrouve des rythmes hâtifs, une ambiance glaciale, une palette vocale effrayante et des breakdowns toujours aussi ravageurs. Cependant, on sent une production nettement plus aboutie que les dernières pièces, en témoigne une atmosphère plus macabre, sinistre. Il faut dire que notre quatuor a fait appel à Sir Mick Kenney au mixage, guitariste d’
Anaal Nathrakh.
Au-delà d’une meilleure qualité sonore, on observe davantage de passages au clavier, clairement discernables dans certains titres. C’est le cas de l’éponyme ou
Cursed, ce qui permet d’apporter un esprit symphonique sans pour autant dénaturaliser ce climat brumeux. Ces sonorités ne sont pas sans rappeler des formations telles qu’
Emperor ou
Cradle Of Filth.
L’album donne aussi une impression old-school. Sans même parler du mastering, il est fort appréciable d’entendre des pannes qui retentissent telles les premières esquisses du groupe.
Cemetery Wander ou
Cold Dead Summer privilégient ces breakdowns qui ne font pas dans la surenchère et qui demeurent bien camouflés.
Nos musiciens s’initient dans des terrains qu’ils avaient jusqu’alors jamais explorés. Parmi ces expériences inédites, nous pouvons citer January
Night, un morceau instrumental qui nous offre la seule coupure du disque avec un souffle gothique bienvenu. Mais la plus grande surprise revient sans conteste à la reprise de
Dead Bodies Eveywhere de KoRn. Certes, l’interprétation ne vaut pas l’original mais elle n’a rien perdu de son essence émotionnelle. Les Américains ont même réussi à préserver l’aura effrayante et percutante de la mélodie.
Mais que serait ce
Graveside Confessions sans son vocaliste et frontman Scott Lewis. Ses prestations vocales sont tout bonnement impressionnantes et se bonifient sérieusement avec le temps. Des morceaux tels que Talk To
The Dead,
Seven Souls ou encore l’éponyme sont les principales preuves d’un vocaliste qui captive aussi bien dans un registre growlé, screamé qu’écorché. L’équilibre et les transitions entre les différentes techniques vocales sont d’une incroyable fluidité, d’une justesse remarquable et d’un déchirement total.
Malheureusement,
Carnifex retombe parfois dans ses travers, parfois même jusqu’à s’autoparodier. Par exemple, la ressemblance entre le titre éponyme et
Countess Of
Perpetual Torment est flagrante avec un riffing très similaire et un schéma musical quasiment identique. Le groupe n’est pas aidé en ce sens avec ses quinze titres, son heure d’écoute et ses trois chansons finales qui ne sont ni plus ni moins que le réenregistrement d’une grande partie du premier EP
Love Lies in Ashes qui fête ses quinze ans.
C’est une meilleure impression générale que nous laisse le quatuor américain avec
Graveside Confessions. Certes, il manque encore à nos Californiens un ou plusieurs titres forts, un peu plus de prises de risques et, dans le cas suivant un peu moins de longueur mais la production, le travail vocal et les empreintes symphoniques nous font oublier ces quelques défauts. Dans tous les cas, on sent que
Carnifex voulait surtout perfectionner son monde plutôt que de le modeler et sur ce point, c’est un pari réussi !
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