Assurément
Opus Nocturne développait un Black
Metal âpre et brutal, aux effluves sulfurées indéniablement proches de celles d’
Immortal et de son
Pure Holocaust. L’œuvre de
Marduk témoignait, à la mesure aussi de celles qui la précédait, d’une volonté évidente de radicalisation. Si ce dessein d’une bestialité, d’une rapidité, d’une férocité toujours plus accrue y prenait une ampleur très particulière, c’est véritablement sur ce
Heaven Shall Burn... When We Are Gathered qu’elle allait offrir l’excellence d’un aboutissement représentatif.
Afin de décrire au mieux les obscurs plaisirs torturés nés de l’écoute de cet opus, œuvre digne, s’il en est, du legs noir de ce Black
Metal originel, abordons, tout d’abords, sa production. Moins minimaliste et moins crue que celle concernant
Opus Nocturne, elle offre à l’ensemble une dimension, et une consistance, dévastatrice supplémentaire très significative.
Evoquons ensuite un contexte plus strictement artistique en parlant de la sombre créativité de Morgan Steinmeyer Hakansson, indétrônable guitariste de cette hideuse entité séduisante, qui, aidé de ses comparses, et notamment de B.
War à la basse frénétique, de Fredrik Andersson à la batterie apocalyptique et de
Legion aux hurlements écorchés mutilants, va atteindre ici de ténébreuses abymes d’une délicieuse noirceur.
Parlons aussi, plus précisément, de ce chanteur,
Legion. Nouvellement venus au sein de
Marduk, remplaçant Joakim Af Gravf. La recrue lacère et déchire de ses stridentes interventions haineuses une atmosphère vipérine, véhémentement développés par ces titres sur lesquels cette batterie demeure souvent intransigeante et véloce, cette basse agressive et ces riffs brutaux et malveillants. La bête ainsi née, à l’équilibre terrifiant, se dresse face à un auditoire ébahis devant autant de sauvagerie.
Conjuguant donc avec talents ces nombreuses qualités évoquées, dans une œuvre obscures et belliqueuses,
Marduk nous en offre la vision d’une efficacité remarquable. Remarquable, certes, mais pas exempte de tous défaut aux yeux des esprits les plus désespérément polémistes qui pourraient se servir de ce déferlement de bestialité pour invoquer une certaine linéarité éprouvante.
Pourtant, exception faites du monolithique et furieux
Darkness It Shall Be, chacun des titres de cet opus possèdent suffisamment de délicieuses nuances captivantes pour ne pas laisser l’œuvre sombrer dans un oubli immérité. Ce procès d’intention, conséquence de cette propension facile venant d’une certaine frange de néophytes obtus dont le plaisir est de démolir certaines icones pour des raisons aussi fausses qu’imbéciles (confondant ainsi souvent créateurs et créations dans une sorte d’amalgame sot), serait ici pure perte. En effet des titres tels que l’excellent
Glorification of the Black
God au prologue classique, adaptation Black
Metal du
Night On A Bald
Mountain de Moussorgsky ou encore tels que
Dracul Va Domni Din Nou in Transilvania aux lenteurs admirablement accablantes, en sont des exemples criants. Si ces titres sont, bien évidement, ceux qui s’éloignent le plus du concept ravageur de la musique prônée par ces Suédois et que, bien entendu, le reste de l’œuvre s’attarde davantage dans l’univers systématique de
Marduk, il n’en demeure pas moins que chaque chapitre de ce manifeste comporte des teintes suffisamment variées lui offrant, en plus de ses qualités déjà évoquées, une véritable exemplarité (
Beyond the Grace of
God,
Infernal Eternal…).
Ce
Heaven Shall Burn... When We Are Gathered constitue donc la consécration (un couronnement manqué de peu avec son précédent efforts
Opus Nocturne) des Suédois de
Marduk. S’imposant alors comme l’un des maitres de la scène Black
Metal, la légende semblait en marche.
Terrible disque des Suédois, où la brutalité ne sacrifie pas à l'ambiance parfois poignante qui se dégage de l'album. A la fois brutal, frénétique, subtil ou haineux, ce disque encore aujourd'hui parfaitement crédible et actuel, constitue une magnifique osmose (!) entre les musiciens. Superbe ! Mention à "Beyond the Grace of God'" et "Glorofication of the Black God", comme mentionné dans la chronique.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire