Bon, on est en 2019, et je crois qu’il n’y a plus besoin de présenter
Blood Red Throne qui s’évertue depuis plus de vingt ans à porter haut les couleurs d’un death metal norvégien mastoc et destructeur, mix idéal entre le groove et la puissance d’un bon gros metal de la mort old school et un son, une technique, une intensité et une brutalité plus modernes. En effet, certains albums comme
Affiliated with the Suffering,
Altered Genesis ou le terrible éponyme de 2013 ont laissé des lésions irréversibles chez bien des deathsters, et à force d’une persévérance et d’un travail ponctués par des sorties régulières et de qualité, la formation, qui était au départ plus un second couteau, a fini par devenir une véritable valeur sûre de la planète death.
Néanmoins, cette dernière décennie, le groupe pouvait sembler un peu en perte de vitesse, avec des sorties inégales. Si en 2013,
Blood Red Throne était inattaquable,
Brutalitarian Regime ainsi que le petit dernier,
Union of Flesh and Machine, n’avaient pas forcément fait l’unanimité. C’est donc avec la lourde tâche de balayer les doutes des sceptiques que nous revient le quintette, sortant leur neuvième album sobrement intitulé
Fit to Kill chez les Danois de Mighty Music.
C’est
Requiem Mass qui nous accueille, opener honorable, lourd, puissant et efficace, sur lequel on retrouve avec plaisir le riffing old school de la paire Død/
Meathook, le guttural si jouissif de Bolt, la basse de
Gunner qui claque comme il faut ainsi que la frappe lourde de Bolsø. La prod’ est énorme, le tout est parfaitement carré, massif et imparable et se fend même de quelques petites mélodies bien senties (les très bons soli en milieu de morceau), alternant quelques parties de blast beats écrasantes et un mid tempo headbangant largement dominant. Un bon morceau pour débuter les hostilités donc, même s’il manque un peu d’intensité et de folie pour en faire un titre vraiment mémorable.
Et c’est malheureusement le syndrome dont vont souffrir ces 49 minutes : l’ensemble est très professionnel, puissant, lourd, gras et groovy, mais ne décolle jamais vraiment, et nous laisse irrémédiablement sur notre faim.
L’exécution est sans faille, les titres bons dans l’ensemble, avec un riffing certes déjà entendu mais d’une efficacité éprouvée, efficace et headbangant à souhait, mais l’ensemble reste trop homogène et manque de points forts et de pics d’intensité. Merde, où sont les brûlots à la Unleashing
Hell, Mephitication, Soulseller ou même
Legacy of
Greed pour ne citer qu’eux ? Certes, Død l’a dit pour la promo de ce
Fit to Kill, ce neuvième album est de loin le plus old school depuis
Affiliated with the Suffering, une sorte de retour aux sources, et à l’écoute de ces neuf nouvelles compos, on ne peut absolument pas lui donner tort, mais était-ce une raison pour mettre les blasts sur la touche ? Ici, le mid tempo s’impose quasiment du début à la fin (on a quelques passages plus rapides sur
Skyggemannen,
InStructed InSanity et sur le dernier titre
End, on retrouve enfin le
Blood Red Throne qui dévaste tout sur son passage), le côté rouleau compresseur semble s’imposer au détriment de la vitesse et de l'explosivité et c’est bien dommage, car à mon sens, ce qui faisait la personnalité de
Blood Red Throne, c’était justement l’alliance unique des deux.
Reste que
Fit to Kill a tout de même bon nombre d’atouts pour séduire les auditeurs qui ne seraient pas réfractaires à un regain de groove et un déclin de brutalité. Les points forts de cet album seront incontestablement sa lourdeur et son ambiance sombre, incarnées par ces parties lentes et inquiétantes et ces soli étonnamment nombreux pour
Blood Red Throne (le bon Bloodity, jupiterien et irrésistible, avec cet excellent riffing et cette petite mélodie vicieuse et malsaine à 3,39 minutes, la fin de WhoreZone, avec ce superbe solo mélodique qui ajoute beaucoup à l’ensemble, le long et tortueux Deal it or
Die). En fait, tout en gardant une pureté death metal de chaque instant, à l’instar de leurs grands frères de
Red Harvest, les Norvégiens semblent s’orienter vers quelque chose de plus indus’, développant sur presque chaque morceau ces ambiances froides, glauques et robotiques incarnées par des saccades, des dissonances inquiétantes ainsi que la frappe pesante et métronomique du batteur (Bloodity, le robotique Killing
Machine au riffing mécanique et déshumanisé, la fin d’
InStructed InSanity qui fait même un peu penser à du
Hypocrisy même si ici, le son est bien plus chaud et organique). La violence se fait donc plus latente et sournoise, et l’ensemble est réussi, mais reconnaissons le, on aurait quand même bien pris une petite louche de violence et de sadisme supplémentaire, car ici, on reste bien sagement dans les clous, tout est calculé au poil de cul et rien ne dépasse.
Pour conclure, malgré son riffing efficace et son groove contagieux,
Fit to Kill reste pour moi l’un des opus les moins marquants de
Blood Red Throne, sonnant un peu trop générique et homogène, et manquant clairement de moments forts. Ce neuvième album, transpirant la passion du death old school, est incontestablement solide et professionnel, porté par un savoir-faire qui n’est plus à prouver ainsi qu’un son énorme (cette basse!), mais tout cela n’est pas assez quand on s’appelle
Blood Red Throne. Non, c’est un fait, les Norvégiens m’ont mis un bon coup derrière la nuque, mais contrairement à ce que le nom de leur nouvelle livraison indique, je ne suis que légèrement étourdi et pas mort. Inutile de dire que j’attends d’ores et déjà de pied ferme la prochaine livraison, qui, espérons-le, finira cette fois de m’achever…
Tu te contredis littéralement tout au long de ta chronique.
TheVinlander: En quoi tu estimes que je me contredis? J´explique que Fit to Kill est un album solide mais qu´il manque d´intensité, bien trop axé sur la lourdeur et les mid tempos. Je reconnais la qualité de l´ensemble, et je souligne que les amateurs de death lourd et groovy devraient apprécier, mais que perso, je reste sur ma faim. Ca ne me semble pas contradictoire!
Il attaque bien cet album, Requiem Mass est plutôt jouissif ! Je trouve ce nouvel opus alterne entre de bons titres et d'autre plutôt moyen qui reste correctes mais pas mémorable quoi. Je trouve que Bloodity et Killing machine traine un peu la patte, mais WhoreZone et Skyggemannen relance bien. J'aime bien ce genre de death metal, avec ces riffs a taper du pied. Domamage que les compos se trainent, qu'elle idée de les faire se prolonger jusqu'a 5min, yen avait pas besoin.
Par contre ils ont le sens du riff comme sur Movement of the Parasites ) à 3,50min on a le break avec un riff à filer des coup pieds, d'ailleurs c'est ce passage qui sauve la compo. La derniére chanson est cool, les blast beat sont de retour après ce morceau de 8min (plutot long et ....long quoi) , par contre encore la même remarque "ça traine!"
Un album correcte, de super riffs, ya bon, du très bon, et pas mal de générique, voir trop. EN faite cet opus me fait penser à un gros Tank qui se transforme en escargot au fur et a mesure que la chanson avance.
Je reste aussi sur ma faim avec cet album, y a du bon et du moins bon et tout cela laisse sur une sensation de mitigé, dommage.
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