- Putain, qu’est ce qu’il fout, Arch ? Y a une chronique à faire là…
- Il est aux chiottes, je crois.
…
- Ah, le voilà... mais… Râh ! C’est quoi ça, c’est répugnant !
- Et bien vois-tu, mon cher, je tenais à débuter mon descriptif par le biais d’un petit clin d’œil sur mon œuvre fécale.
- Ah, parce que tu lui as donné un nom en plus.
- Oui, Cervelle d’
Uruk-Hai Lobotomisée sous Tas d’Excréments.
- Très subtil. Mais il vaudrait mieux raccourcir pour que tes lecteurs s’en souviennent.
- C’est déjà fait : CULTE
- Super cool. Mais et le rapport avec ta chronique ?
Ben…
Deathcrush est culte. Culte comme ta mère en string-asperge assise sur un vieux joystick ATARI buvant du tord boyau, culte comme ton père torturant des pucerons dans un urinoir public en chiquant des préservatifs au roquefort.
Deathcrush est culte car il fut le fruit du rectum du chevelu norvégien le plus ambitieux de cette fin du millénaire et l’une des multiples racines secondaires formant la sève qui fera grandir l’arbre noir d’un genre tout entier, j’ai nommé le Black
Metal.
Ceci dit, le milieu est encore jeune et étant lié de près ou de loin aux formations adultes des quatre coins du globe telles
Hellhammer, Sarcofago,
Vulcano tout aussi cultes ( sauf que le terme les concernant n’ayant aucun rapport avec cette bouillie qui commence à sentir ),
Deathcrush sonne encore très différemment de ses successeurs . Un gros thrash en guenilles et con comme ses pieds + un proto-black chétif et maladroit + un pelage de sanglier sénile et incontinent.
Deathcrush est culte et
Deathcrush est nul. Tellement nul qu’un développement analytique en serait trop luxueux pour décrire cette erreur de jeunesse. Mais histoire de ne pas vous quitter sur ces quelques mots méchants, j’ai donc préféré, chers amis, vous faire profiter d’un document historique inédit : la reconstitution de l’enregistrement du disque par votre serviteur. Jules ! Ferme les services et ouvre le pendrillon, un petit sac se trouve en dessous de votre siège au cas où l’envie de remettre se pointerait.
Il est 22 heures à Oslo et dans une petite habitation banlieusarde, on s’active. Ils sont quatre, ils sont musiciens, jeunes et fougueux et ils aiment
Satan. Ils s’appellent
Maniac,
Necrobutcher ( alias
Necro ), Manheim et Euronymous ( alias Euro ), le grand et fort, le guide de l’inspiration, la pasteur autoproclamé du grand cornu. Tel un cortège martial, la troupe s’avance d’un pas de majorette. Les caisses de fanfare sont épaulées en lanières et la progression commence tandis qu’un ou deux jolis minois vient charmer le public.
Necro : Balèze l’intro de
Conrad Schnitzler. Mais on va pas l’utiliser pour nous…
Euro : Si justement. Il faut une introduction funeste pour approcher l’auditeur des portes de l’enfer. On fera avec celle-là, j’en ai pas trouvé d’autres.
Necro : On aurait pu en faire une nous-mêmes…
Euro : Ouais, si l’autre simplet de Manheim savait ce que rester en rythme signifie.
Manheim : Putain, tu fais chier, tu voulais un gars qui frappe comme un possédé. J’suis là pour ça pas pour faire mumuse avec la peau de ma caisse claire.
Euro : Et y a intérêt à ce que tu assures.
- Il se lève de son siège rouge écarlate –
Euro : Nous sommes là ce soir pour enregistrer la mort. Mon projet était d’élaborer la musique du démon dans toute sa pureté misanthropique et montrer que nous sommes l’incarnation même du malin, bien que j’en doute fort concernant l’un d’entre nous ( il jette un regard à Manheim qui lui tire la langue en réponse ). Nous sommes l’élite, le mal, la haine, l’antéchrist et Jean Paul pue du cul. Aussi nous commencerons sur le morceau titre de
Deathcrush, par un riff que j’ai inventé en retournant le fumier du père Alphonse.
Necro : Parce que t’as bossé dans une ferme ? Spa truuue !
Euro : Fallait bien avoir de quoi acheter le multipiste d’occaz pour nous enregistrer. Y en a aucun qui serait assez intègre pour le faire. Bon, il arrive
Maniac ?
Necro : Il m’a sonné d’une cabine. Il sort de chez l’Teub, le bar du coin. Il dit qu’il a un rhume… et il a l’air bien bourré aussi.
Euro : Bien ! Vous devriez prendre exemple sur lui. Ca, c’est un vrai taré, vous allez voir ce qu’il a dans le ventre.
Manheim : Ben… de la bière, quoi d’autre ?
Euro : … ouais, toi t’as rien nulle part ! Ah, le voilà.
-
Maniac arrive en titubant, s’accroche à l’étagère, fait une courte valse et trébuche au beau milieu de la collection de bouteilles d’Euronymous. –
Euro : Mes bouteilles ! Espèce de vieux juif ! Chiure de nonne !
Maniac ( se relevant péniblement ) : Argh… Heuah ! Zalut Oysti ! Pitain, tu chantes bien tu zais ! … Houps… mzerde, je zaigne.
Euro : Tu t’es ouvert la lèvre, ducon. Mais tant mieux, ça fera plus d’effet. Et appelle-moi Euronymous, compris ? Allez, on a assez perdu de temps comme ça. Tout le monde en place, on commence.
-- Après quelques jours de travail, à l’écoute du produit fini –
Necro : … mouais
Manheim : Euh…
Maniac : Hips !
Euro : … quoi ??
Necro : Ben, sans vouloir te vexer, c’est un peu la teuhon là…
Euro : Tu es peut être trop trenddy pour apprécier . La preuve : On ne t’entend même pas.
Necro : Peut être que si
Maniac n’avait pas vomi sur le mutlipiste, on m’aurait entendu.
Euro : Ca, ça a donné de l’effet. Hé,
Maniac sait y faire…
Necro : Moui. En tout cas, ton riff est vraiment inspiré. Ca sent vraiment le fumier à Alphonse.
Euro : C’est quoi cette métaphore ? Une critique puérile encore ?
Necro : Tu l’aurais composé dans les Fjords, ça aurait été mieux sans doute.
Euro : Si
Maniac ne s’était pas bêtement marré en braillant avant le blast, tu n’aurais rien dit. J’lui avait dit de hurler comme si il sodomisait une bonne sœur aux seins tranchés !
Maniac : Zoub… Ouais mais za m’a fait penser à une planche à voiles, z’pour ça que j’riais.
Euro : Fais le malin mais avec ton rhume, ça ne s’est pas amélioré. Une vache aurait fait mieux.
Necro : En même temps, t’aurais pas dû lui filer le cochon d’Inde de ta petite sœur, j’ai l’impression qu’il a vraiment joui en le prenant par derrière au début de
Chainsaw
Euro : Comme si sodomiser un animal pouvait gâcher l’œuvre.
Necro : Mais ta sœur s’est ramenée et elle a balancé la cage dans sa gueule quand elle a vu la bête morte. L’ennui c’est que c’est Manheim qui se l’est prise.
Euro : La douleur est un très bon vecteur d’énergie malsaine.
Necro : Ouais mais vu comment il était stone après… ça s’entend en plus, on dirait qu’il vient de se faire attaquer par la thrombose.
Euro : Il n’avait qu’à arrêter ! J’aurais trouvé une vraie élite à la place.
Manheim : Si tu ne m’avais pas menacé de donner mon hamster à
Maniac, j’aurais arrêté !
Necro : C’était quand même gros, entre
Deathcrush et
Chainsaw Gutsfuck enregistré le même jour dans ce bordel et le reste par après, on voit la différence.
Euro : Ah ! Un peu de lucidité chez toi ?
Necro : Je veux dire par là que
Maniac a beau être plus ou moins à jeun, le fait que sa mère lui supprime son argent de poche n’a pas arrangé grand chose.
Euro : Je rêve… Je collabore avec des bien-pensants… Il a pu transmettre toute sa haine et c’est tout ce que tu trouves à dire ?
Necro : Je dis pas, mais là il ne manque que le hochet et le biberon. Et je sais pas si un moutard nourri au whisky frelaté fera assez true pour nos auditeurs.
Euro : Je vois… Il n’y a que moi qui ai fait du bon travail, quoi. C’est normal.
Necro : Ouais bon, tu sais tenir une guitare, c’est vrai. Mais fais gaffe avec ton vibrato, je crois que tu y as emmêlé tes chaînes sur
Witching Hour.
Euro : Euh… Vibrato (kézako) ? Hum… tu ne connais pas la définition de chaos sonore dirait-on.
Necro : Oh pour ça oui et Manheim est son plus digne représentant ici, je trouve. Qu’est ce qui t’es arrivé à la fin de Necrolust ?
Manheim : Ben euh… y avait des mouches et euh…
Euro : … et tu espérais faire un fly-kill-combo avec tes baguettes, n’en rajoute pas !
- Euronymous s’affale dans son siège –
Euro : Et si on parlait de
Pure Fucking Armageddon ?
Necro : Quand tu t’es énervé ? Ah oui, c’était violent !
Manheim : Ouais il m’a écrasé sa gratte sur le pied avant de botter le cul à
Maniac.
Necro : C’est pour ça qu’on n’entend pas le kick sur le blast ?
Manheim : Ben oui. Et comme il a dit, j’ai essayé de faire passer la douleur dans la musique.
Necro : Ca s’entend… Les métatarses broyés, Manheim est brouillé. Laisse tomber, humour. Et pour
Maniac ?
Euro : Il me lâche « J’en ai marre, je veux mon whisky ! ». Je l'ai forcé à obéir simplement. Je visais bien le point rectal pour que ça remonte bien depuis le ventre.
Necro : Vu les soubresauts, ça me fait penser à un jouet pour animal de compagnie. A vue d’oreille, je dirais un cochon en caoutchouc qui fait groin groin.
-
Maniac sort de sa léthargie –
Maniac : Et me shooter dans le derrière chaque seconde, za t’empêche de jouer comme il faut donc la ramène pas.
Necro : C’est vrai, reconnais que ce final ressemble à l’orgasme d’un vieux bouc malade…
Maniac : Zénial ! Hip… Une chanzon animalière.
Necro : Ca doit être ça la source de l’essence bestiale de l’objet. Je commence à comprendre. Euro, je suis moins trendy maintenant.
- Euronymous, excédé, se lève furibond –
Euro : Vous savez quoi ? J’en ai ras le crucifix inversé de vos sottises de trends tout comme d’entendre parler de cette niaiserie de
Deathcrush. Ok, c’est de ma faute, j’aurais pas du collaborer avec des morveux. Mais je ne vais pas m’arrêter là, mon projet est bien plus vaste que ça ! Bientôt, le nom de
Mayhem sera craint aux quatre coins de la Norvège, croyez moi !
-
Necrobutcher se lève à son tour calmement –
Necro : Ecoute Oystien… euh… pardon Euro, j’ai plus ou moins saisi là ou tu veux en venir et je sais que tu est le seul à pouvoir y arriver. Mais peut-être qu’avec une démarche plus personnelle ça irait mieux, non ?
Euro : Mmmh… Ta phrase est la plus sensée depuis le début du projet. J’y réfléchirais. En attendant,
Maniac va se barrer et apprendre à se comporter dignement.
Maniac : Eeeh mais !
Euro : Discute pas, okay ? … Tandis que l’autre petit résidu incapable, il peut rentrer chez sa môman, faire des doudouces à son hamster et trembler en entendant mon nom !
- A son tour, Manheim se lève hystérique et hurle de sa voix fluette –
Manheim : Ouais et bien je m’en fous d’abord ! Et puis toi t’iras jamais nulle part, t’es trop nul !
Euro : Je devrais te torturer sur le champ mais je te laisse partir, tu réentendras parler de
Mayhem, mais pas à ton avantage petit. Maintenant casse toi !
- Manheim s’en va d’un pas ferme, suivi de
Maniac qui trébuche dans l’escalier –
C’est sur cette chute que le rideau se ferme laissant les deux compères à leur besogne. La suite de l’histoire ? Comme toute fin de n’importe quel nanard, le méchant Euronymous devrait se languir dans la nullité et son incompétence, tandis que le gentil Manheim danserait avec sa bestiole en chantant : C’est bien fait, nananèreuh ! Il n’en est rien.
Ce petit texte décrit par mots ce que
Deathcrush signifie musicalement : Très mauvais, honteux, excrémentiel, ridicule, infirme, galeux, pitoyable, presque second degré… Ce qu’il ne dit pas ( et qu’il semble même renier ), c’est que le méchant Euronymous pondra sept ans plus tard autour de multiples tribulations ce que beaucoup considèrent encore aujourd’hui comme le plus grand album de black metal jamais paru. Et à l’écoute de ce
De Mysteriis Dom Sathanas, force est de constater que cette ovation lui est d’un point de vue ou d’un autre fort méritée. Je dois vous l’avouer, chers amis, à cette époque, je n’écoutais pas encore de metal, j’étais un enfant. Et j’ai beau n’avoir jamais été un grand fan de
Mayhem, si je me permet de cracher sur la catastrophe auditive ci présente, je me sens mal placé pour juger un personnage qui a, en réalité, tant fait pour la scène black metal. Une Norvège tant médiatisée par les actes et le folklore d’individus en mal de sensations mais aussi pays natal d’un jeune garçon qui tailla une fameuse pierre pour un genre tout entier. Et si
Mayhem n’a pas tout inventé, il a été un pionnier de la seconde vague du black metal, la représentation même d’un chaos spirituel et d’une cause à laquelle Oystien Aarseth de son nom s’est dévoué, un nom dont la fascination du public n’a eu d’égal que le nombre de controverses et légendes urbaines à son égard et l’état de délabrement d’un milieu dans lequel Oystien perdit la vie. Un milieu qui aura d’ailleurs fait les titres et conquis l’esprit puéril de jeunes en crises trouvant en lui un semblant d’identité destiné à une certaine reconnaissance sociale ou à pallier un manque de sensationnel, mais peu importe.
Ainsi, je voudrais rajouter une raison au statut culte de
Deathcrush, c’est qu’il fut avec
Pure Fucking Armageddon ( que je n’ai jamais écouté et je m’en passerais, merci ) les premières fresques de ce qui reste aujourd’hui un mythe. Et ça, je ne pouvais pas le négliger.
- Ouais, ouais, ouais. Stop, sérieusement, ta chronique, c’est du foutage de gueule, mon vieux. C’est absurde, même pas drôle, une catastrophe littéraire. Et c’est pour introduire ton pavé maladroit que tu nous amène ce truc qui pue ? Mais qu’est ce que tu voulais faire au juste ?
- Je ne sais pas quoi te dire sinon ceci :
Nous avons tous fait des erreurs de jeunesse…
Ta chronique m'a cependant bien fait rire, c'est une critique que je respecte tout à fait. Néanmoins je ne suis pas d'accord sur la manière d'apprécier Deathcrush, indiscutable.
16/20.
Chronique hilarante, merci! Cependant, après écoute, je ne pourrais pas être aussi dur que toi, vu l'énorme bouse (foutage de gueule volontaire?) qu'a été Total Fucking Darkness. Pour moi il s'agit juste d'un album de death-trash peu original et plutôt médiocre, un genre de mauvais mélange entre Morbid Vision et Pleasure To Kill. La moyenne est tout juste justifiée.
Quelle vie que de revenir 11 ans plus tard et voir que je racontais de bien belles conneries à l'époque ! Bien que je ne déteste pas Deathcrush, je reconnais évidemment qu'il était sacrément bancal, en particulier le batteur à la ramasse. Par contre aujourd'hui, qu'est-ce que je suce Ordo ad Chao ! Vraiment j'adore cet album. Dans mon parcours de Bmeux, mon avis sur Attila Csihar a certainement été mon plus grand retournement de veste ha ha !
J'avais déjà trouvé ta chro' excessive sur la forme comme sur le fond à l'époque de sa publication.
Je n'avais pas eu envie de réagir.
Et ce soir, je choisis de relire ta chro' en me passant l'EP avec bière et clope roulée, c'est parti.
Et en fait...
Je lui trouve un je-ne-sais-quoi à ce vieux Deathcrush:
Comme un vieux souffle faiblard à l'agonie, une maladresse dans la crasse et la poussière, une maladie mentale avancée, un renoncement à toute forme de vie saine.
Une folie dirigée contre soi et contre tout ce qui peut représenter force et santé, d'où la cover.
Ou plus simplement, l'envie d'en découdre de quelques jeunes cons ayant deux grammes dans le sang, peut-être.
Ses faiblesses et maladresses pour vous, sont pour moi une catharsis pas si dégueu que j'aime bien m'infliger de temps en temps.
On me rétorquera que leur performance du morceau éponyme par exemple, au Brutal Assault 2015 est objectivement meilleure selon les canons du BM. Mais est-ce si important?
Je vais donc m'abstenir de communier joyeusement avec vous à le conspuer bruyamment en m'autocongratulant de "connaître mieux en matière de (thrasho-proto-) BM, même pour l'époque".
Sans doute que le chant plaintif et malade de Maniac y est pour beaucoup.
Sans doute que j'ai un énorme biais d'avoir découvert ce disque dans une frénésie de découverte sur le style, à l'époque.
Sans doute que la pochette continue de me fasciner un peu, bêtement.
Sans doute, sans doute...
Mais vraiment, vous ne lui trouvez rien qui vaille au moins autant qu'une chro un peu potache et prévisible?
Aucun souffle? Aucune âme? Aucune folie? Aucune puissance évocatrice?
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