Pour ma première chronique ici, j’ai choisi de m’attaquer à un monstre légendaire dans l’histoire du Black
Metal, et, si je peux me permettre, dans l’histoire de la musique
Metal en général : le bien nommé
Mayhem.
Je vous épargnerai la restitution du contexte particulier qui accompagne l’histoire sulfureuse de ce groupe mythique, au profit d’une analyse de cet album qu’est «
Grand Declaration of War », sorti en 2000 chez Season Of
Mist.
Tout d'abord, il me semble important de préciser que cette deuxième offrande longue-durée des Norvégiens est un concept-album centré sur le thème de la guerre, le ton étant donné dès l'introduction martiale et militaire du titre éponyme.
La production est froide, et frappe d'entrée de jeu par son aspect « synthétique » (cet adjectif n'étant ici absolument pas péjoratif) et clair (on distingue parfaitement les divers instruments les uns des autres).
Le premier titre donc, assez accrocheur et accessible (pour du
Mayhem...), nous plonge dans une ambiance très malsaine et glaciale, à grands coups de voix pitchées en fond sonore et de percussions minimalistes et martiales.
Mais le riff d'ouverture incisif de « In The
Lies Where Upon You Lay » vient vite nous sortir de l'atmosphère hypnotique du morceau précédent... Cette fois, la guerre est déclarée.
Le rythme est, dans ce second titre, beaucoup plus soutenu, Monsieur «
Hellhammer » se montrant encore une fois admirable derrière les fûts.
La chanson est assez longue, mais les riffs sont nombreux et agencés de manière assez fluide, évitant ainsi de sombrer dans une certaine monotonie.
Le titre suivant, « A Time To
Die », enfonce le clou dans l'horreur, nous plongeant au sein du champ de bataille, la voix de
Maniac étant absolument terrifiante, et à mon goût bien plus marquante et expressive que celle d'
Attila Csihar.
A partir du diptyque « View From
Nihil », le groupe amène une dimension nouvelle à son disque.
En effet, une explosion vient brutalement mettre fin à notre voyage, et une voix traitée avec ce qui pourrait s'apparenter à un flanger annonce la fin de la bataille (« But which the earth exploded and bodies burned to
Ashes... »).
Très vite, des percussions électroniques minimalistes et un souffle rythmé ouvrent la seconde partie de « A Bloodsword
And A Colder Sun ».
Et là, c'est l'incompréhension... Une ambiance très glauque et pesante vient se poser comme un voile de brouillard sur notre esprit. Le rythme est lent, la chanson est répétitive, calme, synthétique et surtout, absolument incomparable avec le style habituel de
Mayhem.
Ce titre atmosphérique est selon moi excellent, et témoigne d'un grand courage de la part du groupe norvégien.
Bien vite, le très efficace duo «
Crystalized Pain in Deconstruction » et « Completion In Science Of
Agony » vient nous rappeler que c'est bien un album de
Mayhem que nous sommes en train d'écouter.
Je trouve ces deux chansons particulièrement représentatives de l'album en général : on retrouve l'atmosphère particulièrement sale et lourde du disque dans chaque note, la voix de
Maniac y est déchirée et très agressive, et le pont ambiant et le final de « Completion In Science Of
Agony » nous proposent un visage plus expérimental et audacieux de ce géant du Black
Metal.
Les deux derniers « vrais » titres de cette galette (la seconde et la troisième partie de « To Daimonion » étant quasi-intégralement silencieuses) sont à mon goût un peu « en-dessous » du reste de l'album.
La première partie de « To Daimonion » aurait mérité d'être un peu plus travaillée, et le final « Completion In Science Of
Agony (Part II) » d'être un peu plus long, car il laisse une désagréable impression de bâclage de la part du groupe.
Pour conclure, cet album est, selon moi, le plus audacieux et abouti de la carrière de
Mayhem. On retrouve ici un véritable travail sur les atmosphères, et une volonté de se démarquer de la scène « true » en lui donnant une seconde jeunesse.
Bien malheureusement,
Mayhem a encore changé de visage aujourd'hui, et a choisi une voie plus « facile » et bien moins intéressante.
Merde, Dead et Euronymous sont des gods mais il faut tourner la page!.
Sur ce je remercie bien le chroniqueur.
Superbe chronique, pas de surprise après ça et c'est ce qu'on attend tous d'une bonne chronique ! 20/20
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