Si vous pensiez que
Grand Declaration of War avait divisé les fans, et créé une brèche dans la carrière du monstre
Mayhem, alors
Ordo ad Chao vous restera inaccessible. Ce monument est à la fois un Portail, une Montagne, un Gouffre et pour finir un Tombeau.
Un Portail
Le pot de départ de
Maniac ne semble pas s'être bien passé, un verre de trop et big badaboom, on joue les cascadeurs dans l'escalier, pas très reluisant, un duel à l'épée aurait fait meilleur effet.
Attila qui avait gardé contact avec le groupe avait très clairement dit que s'il devait se passer quoi que ce soit avec
Maniac, ni une, ni deux, il reprendrait le flambeau pour de bon. Le fait est que le bonhomme n'a pas attendu le coup de fil pour s'embarquer dans de nouvelles aventures, entre
Aborym, une invit' par-ci par-là, chez Anaal Nathrak, Keep of Kalessin, son rôle de shadow member chez
Sunn O))), l'expérience YcosaHateRon, son rapprochement avec
Nader Sadek, la remasterisation des
Tormentor, et tous les concerts qu'il envisage comme autant de performances ont au moins deux effets, d'abord,
Attila ne recule devant aucun nouveau défi, et ne s'arrête jamais, il souhaite continuer de développer sa voix, son expression, et son talent, et ensuite il est quasiment impossible à suivre. 2007 est un grand cru pour lui, il fait partie du projet YcosaHateRon, l'album s'appelle sobrement La Nuit, il partage le chant avec un certain
Killjoy, leader de Necrophagia, un projet qui m'a laissé de marbre, du "
Necro Ambient
Ritual Chamber Musick for The
Depraved", si l'appellation est vendeuse, le contenu, lui reste très hermétique pour rester poli, mais bon je retenterai plus tard. La même année, il contribue à
Oracle de
Sunn O))), alors là, on monte d'une division, voire de 2, ayant investi dans la version double cds, le premier propose 2 morceaux, de minimum 16 minutes, et le second cd, c'est un seul morceau de 46 minutes, Helio)))sophist. Encore un projet barré ??? Oui assurément, mais voilà,
Sunn O))) est le seul groupe à balancer une musique expérimentale (drone/ambient), minimaliste capable de réussir à faire sonner un marteau piqueur en plein milieu d'un morceau, alors bon ta gueule.
Attila s'applique énormément afin de ne pas dénaturer inutilement l'univers richissime de ce groupe. Résultat,
Attila est en pleine bourre quand le projet
Ordo ad Chao atterrit sur la table.
Autre arrivée et intégration, un certain
Knut Valle (guitariste d'
Arcturus) en tant qu'ingé son qui va développer des sonorités, effets et samples tout au long de l'album, comparable à un Rhys Fulber pour
Fear Factory ? Oui et de fait
Blasphemer et
Attila, tout comme Dino & Burton, conserveront un contrôle total sur la création et la production.
Une Montagne
Je ne m'égarerai pas comme certains à imaginer
Ordo ad Chao comme la suite de
De Mysteriis Dom Sathanas, d'abord parce que 13 ans les séparent, nombres de fantômes, expériences en tout genre, et surtout Euronymous est mort, et
Blasphemer vivant. Quant à
Attila, il n'était que de passage sur DMDS, alors qu'il est devenu un membre intégré et à part entière sur
Ordo ad Chao. Donc non.
Ordo ad Chao dans la continuité de ses prédécesseurs ? Si vous avez suivi mon précédent développement, vous aurez compris que
Blasphemer n'écrit jamais 2 fois le même album (hormis dans
Aura Noir, mais bon il est obligé de composer avec les autres membres étant le dernier rentré ;)
Non
Ordo ad Chao, c'est la Montagne sortie de nulle part qui s'impose d'Elle-même. Elle ne vous laissera pas le temps de répéter vos gammes, et vous emportera en un instant pour peu que vous ne lui prêtiez pas l'intention voulue. Parti initialement sur un sentier que vous considériez maîtriser, vous avez oublié vos gants, casque, protections multiples et votre fusil de chasse, celui-là même qui fit défaut à Aarseth un certain 10 Août 1993, vile menteur. Le nihilisme qui est contenu dans cet album représente cette Montagne, épreuve de force ultime pour franchir un cap dans la construction ou déconstruction, mais point d'origine d'une transformation au plus profond de vous même.
Ordo ad Chao a la possibilité pour ceux qui seront touchés par sa puissance de représenter bien plus qu'un album de metal extrême de plus, mais bel et bien un processus à la fois fascinant, libératoire, et sacrificiel, permettant d'accéder pour un temps très court à Autre chose. Rien que pour cela merci messieurs de ne pas avoir abandonné en court de route.
Un gouffre
Si dans l'imaginaire de l'amateur de sensations fortes, la montagne est confondue avec un pic, ici il s'agit bien d'une chaîne sans fin de sommets menaçants aiguisés comme des lames de razoirs qui n'attendent et ne supportent pas l'intrusion humaine. Chacun des 8 titres représentent un de ces sommets inacessibles. L'album fait office de fil barbelé reliant ces sommets les uns aux autres, et toi pauvre marionnette entre deux bourrasques d'air glacial électrisé par des samples et des voix venus d'ailleurs tu te lances à corps et à cris dans un supplice à peine voilé. Suspendu quelque part entre des cristaux de glace éternelle qui paralyse chacun de tes mouvements jusqu'à ta respiration, et les flammes de l'Enfer qui se pourlèchent les doigts dans l'attente de leur future victime, qui a voulu jouer au Malin. Tu prends soudainement conscience de ta véritable condition humaine noyée dans une impuissance permanente qui a besoin de se rassurer à travers l'accomplissement de défis toujours plus absurdes, et là pendant un instant tu regrettes de ne pas être ce modèle de bon père de famille que l'on t'a inculqué, vilain garnement ne sais-tu pas qu'au jeu de la Vie, tu ne peux que perdre, trop tard, la
Mort a posé sa marque sur toi : Adieu Charles Ingalls, Bonjour Tourmente.
Le Tombeau
Ordo ad Chao ne s'achève jamais vraiment, il continue de te consumer lentement même bien après que la dernière note a sonné. S'attaquant à ton corps nécrosé, rongé par les engelures qui brûlent le vivant, tu découvres enfin la vérité, l'existence ne s'arrête pas à la chute du corps, ton âme déjà entâchée de blasphème vient d'être le témoin pernicieux du phénomène
Ordo ad Chao, et emportera avec elle une vison d'horreur à nulle autre pareille.
Dernier album de
Blasphemer pour
Mayhem, difficile de classer GDOW,
Chimera et
Ordo ad Chao, tant ils diffèrent et apportent au spectre
Mayhem. Les méthodes de composition ont changé au cours des années, et ça se ressent vraiment sur Ordo qui a été composé entièrement sur ordinateur par
Blasphemer dans son home studio au Portugal, là où
Chimera est un hybride de compositions et d'improvisations, et GDOW est un pur produit réfléchi et composé instrumentalement.
Blasphemer, c'est à la fois l'âme tourmentée et solitaire qui a permis à
Mayhem de rester dans la Légende, mais qui osé rendre ce groupe ambitieux en explorant de nouveaux espaces musicaux au mépris des critiques, d'ailleurs ces 3 albums ont été écrit pour le groupe, certainement pas pour plaire.
J'en fais des caisses oui alors que cet album n'éveillera sans doute rien en vous. Mais avec une bonne préparation, et en ayant ouvert les bonnes portes,
Ordo ad Chao peut révéler très rapidement sa nature cataclysmique...
mayhem nous pond là une grosse ..... !
Lorsque j'ai acheté "Ordo Ad Chaos" à sa sortie, j'ai d'abord été déçu. Je lui ai attribué la note de 10/20. De temps en temps je l'ai réécouté lui trouvant des qualités indéniables. Surtout celle de plonger l'auditeur dans un abysse chaotique. Aprés chaque titre, on a le sentiment de se rapprocher un peu plus de cette porte d'entrée qui mène à l'enfer. Et plus je l'écoute, plus je réhausse ma note...en fait cet album est un labyrinthe parfaitement exécuté, millimètré, et lorsque l'on a comprit le chemin qui mène à la sortie alors on crie: Oh Génie !!
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