Après l'ultime
De Mysteriis Dom Sathanas, après l'inattendu mais non moins engagé
Grand Declaration of War,
Mayhem vomit
Chimera en 2004 sur le label français Season Of
Mist. Alors que GDOW divisa complètement les fans, cet album permit à
Mayhem de tourner en Europe, en Australie, dans les Pays de l'Est et pour la première fois aux Etats-Unis. Ces différentes tournées ont usé un groupe formé d'individualités qui ne se supportent que très peu de temps dans un même et seul endroit, conduisant à un split momentané pendant quelques mois entre 2001 et 2002. Un break de 4 mois fut nécessaire pour chacun après toutes ces tournées avant de se remettre au travail. Encore une fois
Blasphemer s'occupa de la musique dans son ensemble, seul, dans son coin, et,
Maniac, des textes, mais tous, de leurs démons. Le groupe s'est retrouvé dans un studio improvisé par
Blasphemer qui loua une maison de vacances en pleine nature et entourée de fjords à cent bornes d'Oslo pour d'abord palier à des problèmes d'hébergement, ne supportant plus Oslo "une capitale étouffante et remplie de fantômes". L'enregistrement eut lieu la nuit au calme. Cet album est le symbole des combats livrés par chacun des membres du groupe, la drogue et l'alcool, prioritairement, le délabrement et le dégoût de soi ensuite, à travers un black metal typiquement norvégien, facilement identifiable, froid et désincarné. Chaque riff, chaque parole, chaque frappe, est tourné vers l'Intérieur, ouvrant sur un voyage introspectif émotionnellement repoussant et épuisant.
Cet album tranche incontestablement avec ses prédecesseurs, retour à une simplicité, plutôt un dépouillement évident, à une instrumentation qui se suffit à elle-même (sans additif ni colorant chimique). Passer le premier titre qui pose le cadre de l'album, au son très épuré et dissonnant, réhaussé par une production clinique et très équilibrée : la batterie d'
Hellhammer ne venant pas tout écraser sur son passage, permettant à la basse de retrouver enfin une place. On retrouve un riffing lancinant qui permet d'instaurer des atmosphères malveillantes chères au groupe, sans atteindre les sommets occultes qui caractérisaient DMDS, mais qui demeurent le terrain de jeu idéal pour lâcher un
Maniac plus misanthropique que jamais, prêt à dissoudre l'âme humaine sous des tombereaux d'exécrations personnelles. Une véritable impression de tourner en rond apparaît sur les 3 premiers titres (allégorie d'une piteuse existence) qui finalement n'ont rien de transcendant mais qui apparaissent comme une étape préparatoire nécessaire au 4e titre, morceau de choix de l'album, et véritable détonateur : My Death. Ce titre est le coeur de l'album pour moi, atmosphère à la fois oppressante et libératrice, rythmique chaotique qui break en permanence, balançant du mid tempo puis de très courtes accélérations, mais sur laquelle
Maniac domine sans partage dans une construction labyrinthique, à la limite progressive.
Blasphemer a vraiment ciselé ce morceau avec talent, apportant un tour épique ampli de grandeur (choeurs en final) pour faire de ce My Death, un moment unique et une oeuvre à part dans le répertoire de
Mayhem. On ne débande pas avec You Must
Fall, qui poursuit sur sa lancée, et enfonce sa lame rouillée à l'aide d'un riffing heavy et mélodique, et d'un blast totalitaire et triomphal qui emporte tout sur son passage. Les deux titres suivants continuent d'approfondir le malaise, les vertiges et la nausée.
Chimera (8e titre) boucle un album en enfonçant le clou sereinement, moins ambitieux que My Death, mais plus direct donc plus viscéral, il clôt un album impressionnant et puissant.
NB : Il s'agit du dernier album avec
Maniac qui sera obligé de quitter le groupe du fait de ses abus de drogue qui le démolirent purement et simplement, le rendant incapable de tenir sa place.
Maniac entretient des liens profonds et obscurs avec
Mayhem, chanteur révéré sur le célébrissime
Deathcrush (1987), il quitta le groupe peu après incapable de s'engager définitivement dans le projet d'alors. Il réintègrera la tanière avec
Necrobutcher en 1995, pendant ce temps
Hellhammer et
Blasphemer avaient déjà commencé à relancer le projet. Ce line-up réussit à se maintenir 10 ans, une éternité pour un groupe à l'héritage si chargé.
Je met 18 / 20 à un truc comme ça, moi !
Si les anciens sont meilleurs, il faudra que je vois.
Après il y a quelques cervelets de bulots qui errent en quête d'absurdité.
18/20
Le jeu rapide et technique de "Hellhammer" est vraiment le gros point positif de l'album, on ressent toute la maîtrise et l'immense talent du norvégien, surtout dans son jeu de cymbales, simplement hallucinant.
On retrouve le chef-d'oeuvre "My Death", des titres rapides et furieux comme "Whore" et le très sombre "You Must Fall", l'album se termine sur l'excellent titre éponyme "Chimera", dont l'atmosphère suffocante vous prend aux tripes.
Le reste du skeud est correct, mais il manque un petit quelque chose pour en faire un incontournable du style...
Note: 16/20
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire