D’où sortent ils ces énergumènes qui ne font rien comme leurs compatriotes, à l’époque la plus prestigieuse du metal extrême suédois ? A se demander si ces vikings ne viennent pas tout simplement de se mettre au thrash metal au moment où celui-ci trépasse partout dans le monde. Certes, la vague techno-thrash ça et là parvient à se poser en héritière envisageable du mouvement, et
Meshuggah pourrait de loin être assimilé à cette branche.
Signé par un label allemand encore modeste à l’époque mais très dynamique,
Nuclear Blast,
Meshuggah parvient à tirer son épingle du jeu parmi l’effervescence qui règne au sein de la scène extrême.
Sa recette: un metal complètement novateur au niveau de la construction rythmique, destructuré et déconcertant. Son socle référentiel reste quand même le thrash metal, des riffs épais et tranchants joués la plupart du temps sur un rythme mid-tempo. Le chant de Jens Kidman, un peu monocorde, sonne déjà entendu, par contre, un drôle de batteur s’épanouit derrière les fûts (malgré une caisse claire au son affreux): Tomas Haake semble s’amuser à brouiller les pistes, à taquiner le contre-temps, s’évader dans un faux rythme pour un temps certain, pour revenir là où on ne l’attend pas. Mais ce plaisantin n’agit pas seul. Dans la famille des musiciens tortueux (et géniaux, il faut le dire), il y a son acolyte Fredrik Thordenhal qui remet le deuxième effet kiss cool. Nullement troublé par la batterie, il balance ses riffs de fer sans toujours suivre la rythmique, pour se recaler pile poil sur un temps que l’auditeur n’a pas senti venir. Je fais grâce des soli atypiques qui empruntent au jazz pour un rendu complètement surréaliste (comme le solo introductif de Abnegating Cecity...).
Et le rendu dans tout ça ? Bien entendu on se doute que cette musique n’est pas très organique et qu’une certaine aridité se dégage de l’ensemble. Le caractère abstrait de
Contradictions Collapse affleure de partout, et déstabilise assez pour ne pas rendre son écoute fluide et aisée. De ce côté c’est réussi, après, l’effet hypnotique qui deviendra par la suite la quête du graal de
Meshuggah n’est encore qu’à son balbutiement. Pour ma part cela me convient plutôt, car l’ossature somme toute classique et thrashisante constitue un précieux refuge et l’assurance d’une accroche plutôt agréable. Il en va ainsi de morceaux comme l’initial Paralyzing Ignorance, son accélération tranchante et son refrain thrashy hargneux à souhait, venant contrebalancer des couplets au séduisant déhanché. Internal Evidence,
Cadaverous Mastification ou l’étrange mais magnifique Choirs Of
Devastation parviennent notamment à garder un équilibre qui peut s’avérer un peu précaire à certains moments de l’album.
Bref, ce premier album est déjà du
Meshuggah pur jus, avec cette approche impayable et reconnaissable entre mille, mais s’appuyant encore suffisamment sur son héritage thrash pour offrir ce qu’il faut de puissance et d’impact aux amateurs d’un metal solide mais traditionnel. Pour les inconditionnels du metal expérimental et destructuré des Suédois, propice aux crises d’epilepsie sonore, cet album peut paraître encore un peu trop conventionnel.
Au delà, pour les historiens du metal, une approche aussi novatrice en 1991 est vraiment remarquable; et rien que pour cela,
Contradictions Collapse mérite une attention particulière.
ici le contre temps, la déstructuration et les riffs tortueux et innatendus, ne se font pas autant sentir que maintenant, mais cet album représente l'effervescence de ce style propre à meshuggah.
inventer un nouveau genre est quelquechose de rare voir d'inexistant aujourd'hui, meshuggah l'a fait et rien que pour ça, chapeau les norvégiens!
bonne chronique en tout cas!
Mon préféré reste catch tirthythree, avec celui là juste aprés.
le seul album de meshuggah que je n'écoute pas et méprise par le chant de Jens, heureusement qu'il achanger par la suite, coté musique c'est du bon, le groue meme méprise cette album, il devrait retravailler l'album juste par le chant et ca déchire totallement. bizarre que des gens qui se dit etre fan du groupe et aimer cette album.
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