La persévérance est et restera toujours une grande qualité, même si les échecs sont récurrents, ce sont eux qui nous construisent et un beau jour on peut jouir d'une pleine réussite et ce n'est pas le guitariste Tommy Victor de
Prong qui nous dira le contraire, son dernier bébé
Carved into Stone prennant aujourd'hui l'allure d'une renaissance complète de la formation.
Pour rappel,
Prong est une formation atypique new-yorkaise qui fusionne avec brio Thrash
Metal,
Metal Industriel et Hardcore, née en 1986 alors que le guitariste et maitre à penser de la formation Tommy Victor n'était alors que sonorisateur et portier du Club new-yorkais réputé, le CBGB. Décrochant un contrat avec le label
Epic Records en 1988, la bête
Prong était belle et bien lancée avec le premier album
Beg to Differ qui permit à Victor et sa bande de l'époque de tourner
Faith No More,
Soundgarden et autres
Pantera, puis vient
Cleansing qui apparu comme une consécration. Mais la sortie de
Rude Awakening sonna le glas du groupe, des ventes insuffisantes qui poussa
Epic Records à casser leur contrat ce qui entraina l'explosion de la formation. Suite à l'apparent désastre de son projet personnel, le sieur Victor ira se reconstruire tout de même auprès de formations prestigieuses tel que
Danzig et
Ministry. Cette convalescence apporta beaucoup à Victor l'assurance et l'inspiration, ce qui permit la renaissance partielle de
Prong, partielle car malgré trois albums passant quelque peu inaperçus et des changements de line-up récurrents, le groupe semblait encore timide. Cependant la persévérance permet toujours d'aller là où on veut ...
Au niveau musical,
Prong se caractérise par sa fusion intelligente du Thrash, du metal indus et du hardcore, avec la force de créer des chansons très accessibles et mémorables (pensons au tube "Snap Your Finger, Snap Your
Neck"). La sortie de
Power of the Damager en 2007 amorça une certaine agressivité dans les morceaux par une meilleure mise en avant de la guitare et de la double pédale de batterie (le morceau homonyme de l'album en était là pour en témoigner).
En ce qui concerne ce
Carved into Stone, nous retrouvons cette force du groupe de produire des morceaux accessibles et très bien construits, pourtant les changements de line-up pourraient faire penser aux sceptiques qu'une certaine instabilité de la musique est perceptible, or à l'écoute de cet album il semble que ce n'est pas le cas, on a l'impression que les musiciens jouent ensemble depuis bien longtemps, la batterie de Alexei Rodriguez (ex-3 Inches of
Blood,ex-Walls of
Jericho) est puissante et prend une place prépondérante pour assister Tommy Victor et sa guitare, la basse vrombissante de Tony Campos (
Static-X,
Ministry) finissant d’enrober le tout pour donner une musique débordante d'énergie.
Le morceau d'entrée "
Eternal Heat" ammorce tout de suite les hostilités par son riff de guitare agressif et la batterie de Rodriguez fortement teinté de Shank-beat et de double pédale, cela fait de la chanson un morceau très Thrash, le refrain portant la marque indélébile de Victor avec son énergie caractéristique. Le morceau suivant "Keep on Living in
Pain" suit la même recette avec néanmoins une baisse de vitesse générale du morceau, excepté dans les pré-refrains où Tommy Victor démontre la puissance de sa voix, la guitare marque avec ses galops en début de morceau. "
Revenge ... Best Served
Cold" semble être la pièce maitresse de cette album par son accessibilité (avec un refrain que l'on se surprend à chantonner) et son riff de guitare assez inédit et très caractéristique du jeu de Tommy Victor.
La recette du riff de guitare surprenant et du refrain mémorable font mouche sur le reste de l'album, "Put MySelf to
Sleep", "
Carved into Stone" et "
Subtract" en sont les dignes représentants. Là où le groupe surprend c'est dans l'introduction de rythmiques et d'agressivité typiques du Thrash
Metal pur, la piste "List of Grievances" semble tous droit sortie d'un album de Thrash à la
Destruction ou
Megadeth.
Néanmoins une baisse d'intensité peut se faire sentir, c'est le cas des morceaux "Ammunition" (où le refrain arrive quand même a rattraper une structure trop classique), "State of
Rebellion" (où l'on ne retiendra finalement que le riff de guitare du départ).
L'avant-dernier morceau "
Path of Least
Resistance" est notable par le fait qu'il incorpore une structure plus classique plus proche d'un Heavy traditionnel (tout en gardant la marque de fabrique du groupe des refrains accessibles et mémorables).
Au final,
Carved into Stone parait être un album où tout le savoir-faire du groupe a été mis en œuvre, on retiendra une nouvelle agressivité mise en avant par le groupe notamment dans le mixe et une montée en puissance de la voix du chanteur dont beaucoup de passages frôlent le chant Thrash pur et dur (parfois assisté par Campos et Rodriguez sur les refrains), la batterie se fait bien plus présente par la vivacité rythmique et une présence plus forte de passage en double pédale de grosse caisse.
Le seul défaut éventuel de cet album que l'on pourrait relever est une certaine répétitivité des pistes et de ses structures (mais cela diffère selon les avis, faire une écoute attentive de chacun des morceaux aide à en saisir toutes les subtilités).
Pour conclure,
Carved into Stone marque un renouveau pour
Prong qui démontre tout son savoir-faire avec un album énergique et prenant, il sera difficile à l'avenir de faire mieux.
17/20
Et "Beg to Differ" le second, en 1990 ?
Merci pour ta chro sinon, je vois Prong ce soir à Paris, si cet album est dispo au Mech', je le prendrais !
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