Voici dès lors ce
Blood on Ice que
Quorthon considérait comme son chef-d’œuvre. Et pourtant, cette œuvre me paraît extraordinairement incomprise.
L’album fut composé en 1988, entre
Blood Fire Death et
Hammerheart, à la Grande Époque ! Toutefois, pour des raisons financières (dues aux restrictions du format vinyle, l’album en eût de fait nécessité deux), l’enregistrement ne s’en poursuivit pas.
Bathory ne l’acheva alors qu’en 1996.
Blood on Ice, premier album de
Viking Metal, est une œuvre initiatique. Les paroles, très développées, en vers, mais liées par des textes prosodiques inclus dans le livret, et précédées d’une longue préface de
Quorthon, nous présentent l’épopée d’un jeune orphelin dans une quête vindicative contre l’assassin de sa famille, héros très inspiré du
Conan de Robert E. HOWARD. Ceci pour le sens exotérique.
Le sens ésotérique, plus substantiel, bien entendu, nous invite à nous identifier à ce jeune homme, allégorie d’une éducation spirituelle. La Bête ennemie symbolise l'absence d'âme, le vide d'une vie sans mémoire, au jour le jour, "de son temps", selon l'expression commune. Étrange réminiscence de l'
Apocalypse johannique chez ce Nietzschéen proclamé...L’œuvre se découpe en onze morceaux. La musique semble écrite à seule fin d’accompagner la déclamation des vers. Une ligne de guitare, notamment, accompagne souvent, en écho fidèle, et si aigu, les intonations graves du chant et des chœurs, ponctuée parfois de solos comme déliant un nœud gordien. L’intention du Scalde d’
Odin (
Quorthon) est donc bien ici de résoudre, dénouer un Mystère difficile : celui du sens de la vie, qui ne peut être qu’intérieur.
En conclusion, toute la musique dans cet album respire la santé et « cette tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie » (Racine). Quorton y chante merveilleusement faux. Et la nullité technique de
Bathory rehausse la fraîche splendeur musicale ! J’avouerai que
Blood on Ice est la seule oeuvre de metal qui ait su me faire pleurer : une œuvre qui vous pénètre jusqu’à la moelle, parce que jusqu’à l’âme, sans être jamais larmoyante, ni d’une « mélancolie doom ». Mais elle demande l’attention profonde de l’auditeur pour lui accorder ses merveilles. C’est un album d’initiation, ésotérique et confidentiel. Les Scaldes viking n’étaient-ils pas poètes, musiciens et guerriers, parce que lien des hommes aux dieux ?
19/20
Très intéressant de lire la génèse de cet album, dans le livret du CD. 6 pages remplies d'anecdotes et de tranches de vie de feu Quorthon, by himself.
Si la musique, sortie en 1996 bien après sa conception (88/89), ne fait pas office de révélation comme Hammerheart le fut, on navigue sur le même drakkar. Majestueux et divinement artisanal, on se prend comme le cite la chrnonique, un bon vent frais dans les oreilles. Le son de la batterie pourra paraître en carton, mais c'est aussi ce qui fait le charme de ce disque. Retrospectivement, après les échecs de la période Octagon/Requiem, Quorthon jamais à court d'idées a su intelligemment revenir à cette formule qu'il a lui même inventée, en finalisant cette oeuvre, avec paroles et musique digne de son patrimoine. Plein de défauts (le chant faux sur "Man Of Iron", le mix en dehors des standards habituels), mais c'est aussi ce qui fait son charme.
On se demande d'ailleurs ce que ça aurait donné si c'était sorti juste après Blood, Fire, Death, mais on ne le saura jamais.
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