Si
Vobiscum Satanas avait été quelque peu décevant, la puissance et la noirceur sans limite de
Diabolis Interium avaient largement permis à
Dark Funeral de réaffirmer sa position sur le trône du brutalblack suédois aux côtés de
Marduk et
Setherial. Attendu pour son quatrième album, le groupe emmené par
Ahriman (HUN) revient ainsi quatre longues années plus tard, fraichement signé chez l’écurie montante Regain Records, son ancien label No Fashion ayant mis un terme à son activité après 10 ans de loyaux services, peu de temps après la sortie du troisième disque des scandinaves.
L’illustration démoniaque et la réitération de la langue latine pour le titre d’
Attera Totus Sanctus montrent déjà combien ce nouvel effort sinscrit dans la veine de son prédécesseur. L’impression se confirme dès l’ouverture de l’album sur les très bons
King (USA)
Antichrist (SWE) et
666 (HUN)
Voices (UK)
Inside (ITA), dominés par le martèlement d’une rapidité et d’une précision impitoyables de Matte Modin, parfait soutien aux riffs intraitables de
Lord (AUS)
Ahriman (HUN) et Chaq Mol, la toute dernière recrue à la seconde guitare.
Magus Caligula (BE) (Masse Broberg, le premier growler d’
Hypocrisy pour les incultes) déverse quant à lui ses vociférations haineuses avec un minimum syndical, sur un flot stéréotypé de paroles sataniques et anticléricales habituel.
Passé ces premiers titres au riffing renversant mais aussi saisissant, en comptant également le précieux morceau éponyme,
Attera Totus Sanctus prend ensuite des allures assez routinières, que le lent Atrum Regina parvient difficilement à casser.
Dark Funeral soigne en revanche l’ambiance et l’introduction de chaque morceau, offrant de belles montées en puissance et gommant partiellement une linéarité indéniable.
Désirant parallèlement apporter plus de corps à ses guitares,
Dark Funeral délaisse cette fois les
Abyss (NL) Studios du célèbre Peter Tägtgren pour se diriger aux Doug
Out Studios sous la coupe de Daniel Bergstrand, réputé pour ses productions massives et sa collaboration avec
Meshuggah. C’est d’ailleurs Gustaf Hielm de cette formation scandinave de renom qui se charge des lignes de basse, bien que son travail remarquable soit en retrait dans le mixage. A ce titre, si l’ingénieur du son apporte un soin particulier aux guitares, il livre au final un enregistrement desservant en partie
Attera Totus Sanctus, qui perd en noirceur et en intensité plus qu’autre chose.
Ayant la lourde de tâche de succéder à un
Diabolis Interium rapidement devenu invincible, le nouvel album des serviteurs du Malin ne réserve ainsi pas de surprise notoire, reprenant scolairement à l’endroit où le groupe s’était arrêté quatre années auparavant, l’incision du riff et l’inspiration même en dessous, sans compter son enregistrement convenant moyennement à
Dark Funeral. En cette année 2005, si la chaleur insoutenable des enfers paraît cette fois plus éloignée et moins dangereuse,
Attera Totus Sanctus reste toutefois un album d’une incandescence largement suffisante pour brûler son entourage, tout en renfermant cette brutalité toujours aussi excessive.
Fabien.
De plus comme tu le soulignes, la production (et notamment ce son de batterie trop net) trop clean nuit un peu à la noirceur de leur black brutal.
Ce Dark Fufu est quand même de bonne facture, mais commençant à entrer dans la routine en somme.
D'après la récente prestation du Hellfest en revanche, c'est toujours aussi dévastateur en live, mais vu la valse récente des musiciens, va savoir si Lord Ahriman parviendra à maintenir le bateau à flot...
Merci Fabien et bravo pour cette chronique impeccable et précise.
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