Marduk ayant mis la scène Black
Metal suédoise en lumière grâce au fabuleux Opus Nocturne, la brèche est ouverte et
Dark Funeral est une des premières formations à s’y engouffrer. C’est le label national No Fashion Records (ayant notamment lancé la carrière de
Marduk et
Unanimated) qui va donner sa chance à
Lord Ahriman et ses sbires et leur permettre d’enregistrer leur premier Full-Lenght intitulé fort justement
The Secrets of the Black Arts (1996).
Dark Funeral investit donc l’Unisound Studio de Dan
Swanö au tout début 1995, mais le rendu n’étant pas concluant, le quatuor décide de changer de crémerie et repart à zéro dans le
Abyss Studio du déjà indispensable Peter Tägtgren. A l’écoute du résultat final on ne peut qu’approuver la décision du groupe...
Le leader d’
Hypocrisy a concocté au combo un son aux antipodes de la scène norvégienne : les guitares sont terriblement agressives mais sonnent de façon bien plus claires que chez
Darkthrone et
Gorgoroth, il en est de même pour la batterie de
Equimanthorn qui délivre une salve de blast-beat impressionnante dès le départ de la chanson titre. Si la basse de Themgoroth n’est pas forcément très présente dans le mixe (mais est-ce bien important dans le Black ?), son chant torturé et puissant est un atout de poids pour soutenir l’impitoyable mur de guitares de
Lord Ahriman et
Blackmoon.
Mesdames messieurs, attachez vos ceintures nous assistons ni plus ni moins à la naissance du Black brutal à la suédoise. La recette n’est somme toute pas très compliquée : un ingénieur du son talentueux et sur la même longueur d’ondes que ses employeurs, quelques riffs qui tuent majoritairement constitués de linéaires implacables éventuellement joués à la tierce et de rythmiques simples et efficaces, un chanteur infatigable et belliqueux, un batteur atteignant des vitesses jusqu’ici inédites dans le Black
Metal et le tour est joué.
Pour une coloration encore plus sombre,
Dark Funeral s’est adjoint les services de Necrolord, passé à la postérité grâce à son monumental travail sur In the
Nightside Eclipse d’
Emperor, cette fois encore l’artwork est remarquable et cette congrégation rassemblée dans des ruines couleur bleu nuit est une belle façon de se mettre en appétit avant l’écoute du disque, qui est il faut le dire une succession de tueries. Les déflagrations de When Angels Forever
Die, ses breaks abrupts suivis d’accélérations vertigineuses de
Equimanthorn tiennent inéluctablement l’auditeur en haleine. De plus la noirceur de l’état d’esprit et des textes (même si au premier abord ils pourraient paraître naïfs) contribue à maintenir une atmosphère occulte tout au long du disque. Jamais Black
Metal n’avait sonné si rapide, si brutal, si intense, à l’image du dévastateur
Satan’s
Mayhem où l’endurance exceptionnelle du batteur fait merveille, un titre impitoyable ne laissant aucun répit. Ce premier album des suédois est homogène du début jusqu’à la fin, parachevant le tout avec un
Dark Are the
Paths to
Eternity prenant aux guitares hypnotiques.
On signalera que malgré la violence déployée sur cette galette, certains titres varient aussi les plaisirs en lâchant parfois le mode 200 km/h pour se recentrer sur le travail des guitares (Shadows Over
Transylvania notamment), évitant l’écueil grossier de l’album répétitif. De plus la durée des morceaux est cantonnée dans les 3 – 4 minutes, empêchant l’auditeur de rentrer dans une certaine routine à l’écoute de
The Secrets of the Black Arts, même s’il faut bien reconnaître qu’on est souvent sur les mêmes tempos, ce qui constitue le seul éventuel reproche à faire à cet opus.
S’affirmant d’entrée comme un leader,
Dark Funeral en remontre à
Marduk niveau violence, ces derniers suivront d’ailleurs le même chemin du
Abyss Studio cette même année 1996 pour enregistrer le féroce
Heaven Shall Burn… en cette période d’explosion du Black suédois (
Setherial,
Marduk,
Dark Funeral,
Sacramentum).
Même si
Dark Funeral est parfois décrié pour sa brutalité soit disant stérile et un son trop propre (mouais, je serais curieux d’entendre de tels blast-beat avec un son à la
Beherit…),
The Secret of the Black Arts est et restera l’un des albums phares du style, ayant grandement contribué à façonner le Black
Metal à la suédoise, un intemporel à posséder assurément.
BG
R.I.P
A savoir que les repress Century Media de 2018 proposent en CD2 l'enregistrement fait sous la houlette de Swanö à l'Unisound. Un bon moyen de comparer et d'avoir les 2 versions, avec en sus un texte de Olivier Badin incluant des propos de Swanö expliquant le contexte de l'enregistrement initial et les erreurs commises.
Oui Jérôme, cette version double CD avec les deux versions de l'album est déjà sortie en 2007 en auto-production (j'ai cette version), avec juste marqué "DF 001" sur la tranche du doublme digipack, les notes de Olivier Badin en moins.
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