Digne héritière de
Bathory, la Suède ne suit pourtant pas immédiatement le chemin blackmetal tout tracé par son glorieux ainé, impitoyablement entrainée dans la spirale deathmetal depuis l’essor d'
Entombed et
Carnage en cette période 89-90. Tandis que plusieurs foyers black resurgissent aux quatre coins du globe, à l’image des finlandais d’
Impaled Nazarene ou
Beherit, des suisses de
Samael, des canadiens de
Blasphemy ou des nombreux acteurs norvégiens tels
Darkthrone ou
Immortal, la Suède reste quant à elle en retrait, ne comptant dans ces années 92-93 que les deux premiers disques du jeune
Marduk et celui de
Dissection, ou encore les groupes
Throne Of Ahaz et
The Black tout fraichement entrés en studios au printemps 1993 pour les sessions de leur premier album complet.
C’est en cette même année 1993 que
Dark Funeral se forme, sous l’impulsion de Micke Svanberg (
Lord Ahriman) et de David Parland (
Blackmoon), qui se désintéresse quant à lui de la scène deathmetal omniprésente et de son groupe
Necrophobic, auteur de l’intemporel The
Nocturnal Silence. Les deux guitaristes complètent rapidement le line-up avec un batteur et un chanteur possédé répondant aux doux pseudonymes de
Draugen et Themgoroth.
Il ne suffit que de quelques mois à la paire de guitaristes pour composer ses premiers morceaux et partir dès janvier
1994 à la rencontre de Dan
Swanö, leader d’
Edge Of Sanity et désormais ingénieur du son, ayant déjà ses propres locaux d’enregistrement, les Unisound -
Hellspawn- Studios.
Dark Funeral précède ainsi dans ces mêmes lieux les anciens deathsters de
Dawn, fraichement convertis à une scène blackmetal en pleine expansion, et ressort alors avec quatre titres formant son premier mini-album éponyme, disponible dès la fin de l’été
1994 chez
Hellspawn Records, label monté pour l’occasion par nos jeunes protagonistes.
Tandis que la scène blackmetal norvégienne occupe largement le devant à cette époque, grâce à la multiplicité et la variété de ses formations, mais aussi grâce aux frasques extra-musicales de certains de ses acteurs,
Dark Funeral, ce nouveau froid venu de Suède, secoue quant à lui en cette rentrée
1994 avec son black sans pitié, non sans rappeler la brutalité noire du fantastique
Pure Holocaust d’
Immortal, paru une petite année auparavant.
Le mini-album s’ouvre en effet sur l’intraitable Open the
Gates, dominé par son martèlement de fûts, ses guitares intraitables et ses vociférations d’outre-tombe. Si David Parland excellait alors au sein de
Necrophobic dans l’art de composer un riffing meurtrier, il parvient également à conserver cette même intensité au sein de
Dark Funeral, formant avec son compère Micke Svanberg une paire particulièrement dangereuse, une machine à riffs plus que redoutable, aux réminiscences deathmetal encore marquées. Cascades de riffs sans grand équivalent, Shadows Over
Transylvania et My
Dark Desire, puis l’imparable In the Signs of the
Horns -aux touches classiques judicieuses- dégagent cette même force, alternant rythmes soutenus et breaks impitoyables, sur les guitares acérées des deux leaders et la production profonde & puissante de Dan
Swanö.
Placé sous le signe du Malin, aux propos anticléricaux sans équivoque (par simple imagerie ou réelle conviction ?), le mini-album éponyme de
Dark Funeral s'impose directement comme une oeuvre culte allant droit à l’essentiel, installant une atmosphère diabolique par la seule force de son riffing et l’excellence de sa production, constituant la première pierre de la scène brutalblack suédoise, quelques mois avant même la sortie du mémorable Opus Nocturne de son compatriote et rival musical
Marduk. Lâchant un pavé dans la mare en cette rentrée
1994, le groupe s’oppose ainsi aux nombreuses formations blackmetal du moment, qui hissaient avant tout le style comme un art de vivre, une musique crue et viscérale, et reléguaient le conformisme au second plan. Cette approche basée sur la puissance et la brutalité à tout prix lui vaudra dès lors, à l’instar de son collègue
Marduk, autant de fidèles que de détracteurs.
Fabien.
Pour parler de mon ressenti plus personnel, cet EP éponyme a été mon premier contact avec DF, et à ce jour il reste la pièce la plus écoutée et la plus appréciée de leur discographie. Pour m'être réécouté en profondeur cette disco plusieurs fois d'affilée, on constate quand même que cet EP est un peu à part. On y retrouve à la fois -comme tu le précises- quelques traçouilles de death metal, mais aussi une profondeur émotionnelle et une authenticité dans l'atmosphère du disque que Dark Funeral ne parviendra plus qu'à toucher partiellement par la suite.
Les quatre morceaux sont remarquables d'inspiration (My Dark Desires étant mon coup de coeur). A noter également la superbe production de Dan Swanö, parfait compromis entre froideur et profondeur, avec un grain plus authentique que la production cristalline et surpuissante de Tägtgren, même si le groupe y gagnera en puissance de feu.
A l'instar de Marduk avec son Opus Nocturne, cette première période marquante du black suédois est particulièrement intéressante, coincée entre sa culture death et yune influence norvégienne qu'elle va mettre de côté par la suite.
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