Les désaccords musicaux fondamentaux qui divisaient les divers clans sévissant au sein du groupe allemand Accept, devaient inexorablement mener ses partisans distincts à une séparation amiable. Toutefois, ce divorce cordial donna lieu à un partage des biens assez insolite puisqu'il laissa au chanteur Udo
Dirkschneider des titres initialement prévu pour figurer sur l'album qui aurait du être le successeur du controversé Russian
Roulette (1986). Aidé de Mathias Dieth et de Pieter Szigeti aux guitares, de Frank Rittel à la basse et de Thomas Franke à la batterie, c'est donc en 1987 que le vocaliste saxon va sortir ces morceaux sur un premier album solo intitulé
Animal House.
L'album démarre sous les excellents auspices d'un Heavy
Metal épuré que le chanteur et ses anciens comparses avaient sans doute un peu trop occulté sur des albums de plus en plus mélodiques. Pourtant de cette facette expressive plus harmonieuse et plus immédiate, Udo aura su tirer quelques profits. Ces bénéfices heureux qui, sans dénaturer ce regain de vigueur clairement plus conforme à l'idée première que se firent les adeptes d'Accept hantés par les souvenirs d'anciens albums nettement plus âpre que ne le fut Russian
Roulette, offre une couleur très appréciables à ce
Animal House. Ainsi en un mélange attachant de Heavy
Metal traditionnel très germanique et de douce musicalité plus directe dont le chanteur use avec une parcimonie subtile (notamment dans les refrains), cet album nous permet de découvrir quelques moments séduisants. Pour se persuader que les qualités de ce manifeste ne sont pas factices, il suffit d'ailleurs d'écouter des titres tels que les excellents
Animal House, Go Back to
Hell ou encore, par exemple,
They Want War. Ce dernier est d'ailleurs assez singulier puisqu'en une complainte moins vive et entraînante, il nous propose de délicieusement nous égarer dans les langueurs mélodiques de refrains superbement réussis dans lesquels une chorale enfantine vient soutenir Udo précédant un beau final dans lequel la seule voix d'une fillette vient joliment le clore. Impossible aussi de taire les vertus d'autres morceaux tels que la ballade In the
Darkness, Lay
Down the Law, We Want it
Loud, Hot Tonight ou encore, par exemple, le rapide Coming
Home qui, sans attendre l'excellence de ceux déjà cités, sont de très bons titres.
Il nous faut aussi évoquer ce soulagement véritablement concret, de la part d'un Udo incontestablement libéré. Ce sentiment d'apaisement tangible valorise indiscutablement cette œuvre. Si le travail qu'il fait ici est remarquable, il est assurément mis en exergue par le talent évident de ces autres musiciens, et notamment ces guitaristes, qui font, eux aussi, de l'excellent ouvrage.
Pour clore l'analyse, votre humble serviteur, voudrait se risquer à une analogie audacieuse qui consisterait à comparer ce
Animal House à l'ensemble de la production que nous délivra Accept au cours de ses années 90 maudites dans lesquelles le groupe fut déconcertés par ces bouleversements auxquels il fut incapable de prendre part. Et la comparaison, à mon sens, tourne incontestablement à l'avantage de l'album d'Udo qui fait montre, d'une inspiration et d'une efficacité qu'Accept ne retrouvera pas durant cette décade, avec ou sans le charismatique chanteur d'ailleurs.
Ce
Animal House, premier album solo d'Udo
Dirkschneider, est donc un très bon album de Heavy
Metal traditionnel agrémenté de refrain mélodique remarquable. Il fut le déclencheur d'un engouement mérité à l'égard du chanteur. Nul doute que si l'album avait été sortis par qui il fut initialement prévu, le destin de ce groupe saxon eut été tout autre. Mais l'histoire ne peut se réécrire. Elle s'écrit et se vit au gré des décisions, bonnes ou mauvaises, prises dans le présent.
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