Comment rédiger une chronique de ce nouvel album live de
Trust sans instantanément s'offusquer de ces imperfections les plus affreusement et directement inacceptables ? De tout temps la formidable ferveur tenace qui lia ce groupe à son peuple le plus ardent, fut remarquablement commémorée lors de ces concerts où la rencontre vivante de ces deux entités offrit le spectacle mémorable de cet amour insensés intense. Si le souvenir délectable de ces confrontations trouve son expression la plus admirablement aboutie dans l'empreinte inaltérable d'œuvres inoubliables (
Paris by Night (1988),
Live (
Répression dans l'Hexagone (1992)), il trouvera désormais son expression la plus âcre dans l'insipide reflet terne de ce
A Live.
Enregistrée lors de la tournée de 1997, l'œuvre offre l'infâme déshonneur d'un mixage au son regrettable. En effet rarement album aura été aussi maltraité et d'emblée, sur Reac prendre à Vivre, Bernie nous concède un "bonsoir
Paris" où l'écho insupportable de cette voix lointaine, derrière laquelle la cacophonie confuse d'un public dont la clameur semble plus lointaine encore, n'est qu'amère déception. Si lors des morceaux le chanteur reste suffisamment audible, l'auditoire reste étrangement éloignés et imperceptible. Cette dissociation est d'autant plus étonnante, et ennuyeuse, lorsqu'on sait, généralement, quelle est la teneur de cette union intense qui rassemble un public et son groupe dans une même dévotion, et véritablement pénible lorsqu'on sait, s'agissant plus particulièrement de
Trust, quelle est la nature de cette communion.
L'infamie semble ensuite absolue au son du reste de ces instruments étrangement mixés. La basse très en avant, les guitares et Bernie très en retrait, et le public quasiment inaudible ; est le parti pris pénible de l'ensemble des morceaux de cet enregistrement.
On pourra, aussi, regretter le choix de ces titres, pour une œuvre essentiellement construite autour de l'album
Europe et Haines. Si l'on peut en comprendre les raisons, elles offrent la fâcheuse image d'un groupe à la musique déséquilibrée. Effectivement, si ces titres ont, assurément, des qualités, certains de ces morceaux très connotés Rock, paraissent bien inopportuns aux côtés d'autres plus antiques, plus véhéments.
Au-delà de ces vices les plus intolérables, et pour revenir sur un terrain plus purement musical, ce
A Live offre, tout de même, quelques qualités non négligeables. Il nous propose d'abord les talents immenses d'un nouveau venu. Remplaçant John Nirox, dans ce ballet incessant dont les noms les plus illustres furent Nicko McBrain et Clive Burr, Hervé Koster reprends remarquablement le poste de batteur. Le musicien, à la technicité marquante, nous gratifie d'ailleurs de quelques moments délicieusement jubilatoires (j'ai Vu Dieu). Evoquons ensuite certains nouveaux titres forts appréciables, tels que J'ai Vu Dieu et son cynisme sombre, ou
On Lèche, On Lâche, On Lynche. Ces pistes prennent véritablement une dimension notable lorsqu'elles sont jouées dans la fébrile spontanéité d'un concert. Parlons aussi de celles qui sont susceptibles de sublimer le propos de Bernie et des siens. Ainsi
Instinct de
Mort, Préfabriqué, le rare Le Mitard, l'incontournable et culte
Antisocial, éveilleront en nous un plaisir sûr. Evoquons encore les sublimes
L'Elite dont l'intense nervosité délectable est considérablement soulignée par les doux préambules de La Tounga ; ainsi que Tous ces Visages dont la poignante délicatesse nous étreint superbement. Parlons, pour terminer, de ces reprises de Chuck Berry, Roll Over Beethoven, et de Bob Dylan,
That's Allright
Mama dans un exercice où
Trust n'aura jamais véritablement excellé.
Ce
A Live épuré de quelques-uns de ces titres évidents les plus historiquement indispensables, et affublé d'un mixage au son déstabilisant, s'avère, au final, fortement dispensable. Dommage car ce nouvel album live, s'il eût été mieux produit et plus conséquemment garnis, aurait pu offrir le formidable témoignage d'un
Trust aux visages multiples, et assumés.
Europe et haines porte bien son nom quelque part, de mon côté, je l'apprécie beaucoup.
Sortez le goudron et les plumes les potes, je vous attends ;)
Merci pour la chro qui donne (pas) envie dark.
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