La vie d'un musicien, ou d'un groupe, tout au long d'une carrière, s'accompagne souvent de choix difficiles. Celui de l'orientation musicale est crucial. La question est de savoir jusqu'à quel point on se doit de faire évoluer son œuvre. Certains se contentent de petites touches subtiles, d'autres envisagent chaque nouvelle sortie comme un tableau vierge de tout, qu'ils peuvent barbouiller dans une totale liberté, en se souciant peu de ce qu'ils faisaient avant. La vérité se trouve sûrement dans une démarche qui allie un peu des deux.
Lorsque le premier album du groupe sort en 1979, la plupart de ces membres ont à peine 23 ans, et s'ils délivrent leurs désarrois dans un cri de révolte, c'est avec la force et la fougue de leur jeunesse d'alors. Aujourd'hui, presque 30 ans ont passées, et, la maturité aidant,
Trust tente de nous délivrer un album bien plus riche et bien plus réfléchis qu'autrefois. Autant le dire tout de suite, ceux qui s'attende, à voir Bernie vomir son fiel haineux sur la société et le monde actuel, soutenue par des riffs rageurs seront forcement déçu.
Mais que reste-t-il alors de
Trust aujourd'hui?
Un groupe résolument Rock, teinté parfois de Blues, et encré dans une modernité redoutable, et ce grâce à l'ajout de ces scratchs, samples et autres sons de machines qu'on a bien plus l'habitude d'entendre dans les productions Eléctro que dans les genres qui nous occupent ici. Et pourtant ces ajouts sont toujours placés de manière intelligemment complémentaire, enrichissant la musique sans jamais l'alourdir.
Les puristes crieront donc à l'hérésie, argumentant que
Trust n'est plus que l'ombre de lui-même et qu'il a vendu son âme au diable. Oui mais voilà, Bernie reste Bernie, et ses textes, quoique plus subtils, quoique plus désabusé que réellement révoltés n'en reste pas moins un constat d'une cruelle exactitude sur le monde d'aujourd'hui. Et ceux qui feront l'effort d'ouvrir leurs esprits en laissant derrière eux ces idées préconçues sur ce que devrait être le groupe sauront apprécier ce disque à sa juste valeur. Comment être étonné de ce qu'est
Trust aujourd'hui lorsqu'on connait l'intérêt de Bernie pour la musique, au sens le plus large du terme? Comment être étonné de retrouvé ici des morceaux tels que '' Surveille ton Look'', reprise épuré Eléctro, parsemé d'à peine quelques guitares, d'une batterie et surtout de la voix de Bernie plus convaincante que jamais; lorsqu'on sait que la relecture de ce vieux classique du groupe s'inscrit dans la continuité du travail commencé sur ''Ni Dieu, Ni Maitres'' avec ''Pensées'', ou ''Dieu est Conservateur, le Diable est Libéral''?. Un morceau atypique, mais bougrement réussis. Et que dire de cette autre étrangeté, ''Psaume'', sorte de cantique ennuyeux ânonné de plus de trois minutes qui constitue un des quelques rares points faibles de ce disque? On touche alors le fond pourtant ce morceau n'est rien moins qu'une cohérente introduction de l'excellent ''
Vae Victis'', chanson assez représentative de ce Rock que défends le groupe depuis ''
Europe et Haines''. Dans le même état d'esprit on peut aussi ajouter ''Toujours Parmi Nous'', '' Promesses Osées'', '' Des Mots'', ''Après les Hymnes'' . Et lorsque l'album se termine sur un ''En apparence'' acoustique, balade aux parfums de '' Tous ces visages'' on se dit qu'on vient de faire un drôle de bout de chemin dans un drôle de disque au plaisir pas nécessairement accessible d'emblée. On se dit qu'au delà de nos préjugés, au delà de nos vieux fantasmes de retour rageur du groupe, la magie opère.
Au final ce disque, nourris de ces deux prédécesseurs, n'a finalement qu'un seul gros défaut c'est d'être bien plus un album de Rock-Eléctro aux relents Bluesy, qu'un album de
Hard-Rock ou de
Metal. Mais c'est ainsi, fort de la maturité et de l'intérêt de ces musiciens pour les musiques qui l'entourent
Trust est aujourd'hui le groupe de Rock le plus innovant du moment. Doit-on pour autant tourner le dos à une œuvre au nom de ces émois nostalgiques que nous a procurés autrefois ces musiciens, et refuser ces évolutions? C'est à chacun de se décider, pour ma part, je lis ce ''
13 à Table'' comme un nouveau chapitre de l'histoire de
Trust, un nouveau chapitre qui a simplement d'autres choses à nous raconter, et pas nécessairement moins essentielles.
Merci pour la chro.
J'ai inséré ce skeud dans le lecteur à reculons (ce qui n'est pas évident), n'ayant pas beaucoup accroché au titre "toujours parmi nous" qui était dispo sur un sampler de je-sais-plus-qui et n'ayant pas du tout apprécié "Ni Dieu ni Maitre".
Et comme souvent quand on s'attend au pire, on se dit que ce n'est pas si mal. Ce qui ne veut pas dire que c'est bien, juste que c'est mieux que ce qu'on imaginait. Heuuuu vous me suivez?
Bref, dans ces cas là, j'attends quelques semaines, je me passe le disque plusieurs fois et alors seulement commence à se dégager un ressenti un tantinet moins subjectif peut être. J'en suis là avec ce disque.
Et franchement, c'est pas génial. Jaurai apprécié qu'il soit amputé de 3 ou 4 titres. Y'a des textes intéressants, tendance démago parfois certes, un chant de Bernie absolument remarquable - pour chanter ainsi, à mon sens,c'est que l'on croit en son projet et qu'on est pas là pour ramasser la thune ou faire chier les fans -, et des chansons un poil mollassonne mais bien composées. Y'a que la guitare qui manque. Un Nono en fusion et c'était le jackpot ce disque!
Pour ce qui sera, à n'en pas douter, le dernier album du groupe, je trouve qu'il clôt le livre avec bien peu d'intérêt néanmoins.
Ben voilà, je me suis bien planté lors de mon dernier com'. Demain sort le nouvel album du groupe. Et les courts extraits que j'ai pu entendre sonnent bien. Mike Fraser à la prod' en plus, cool. Une chro à venir Dark?
Y a des chances...
J'ai aussi trouvé les extraits plutôt pas mal.
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