J'ai grandi avec
Trust : pas avec les membres du groupe mais avec la "naissance"et l'essor d'un
Hard-rock hexagonal à la fin des 70's avec 33 tours vinyls et posters sur les murs de la piaule... j'ai d'autant plus de peine à évoquer ce "
Propaganda", que certains appelleraient un "album de la honte", tellement ma déception fut grande ! Alors vous me direz que "la vieillesse est un naufrage" et que notre quintet accuse le coup, mais c'est pas une raison pour faire couler l'équipage avec le bateau. Du coup, voyons de plus près les raisons de la colère...
"Qu'il est loin mon pays" avait chanté Nougaro, j'ai envie de dire "qu'il est loin mon
Trust", celui que j'ai tant aimé et qui nous a rendus si fiers à une époque où le hard-rock français faisait de la figuration face aux Anglo-Saxons ! (en 1979) Bien sûr, je suis conscient que réitérer "L'élite" ou "
Antisocial" n'est plus vraiment possible aujourd'hui, non pas que le talent ait disparu mais le contexte (musical) est différent et les chansons sont souvent le reflet de leur époque. Cela étant, on peut, sans aller jusqu'au conservatisme extrême d'un
AC-DC, essayer de rester fidèle à son style sans pour autant renier son
ADN !
Dès le premier morceau, on sent bien que le loup est dans la bergerie et qu'on va tout droit vers une déception programmée : derrière un long titre original, "Cette Prière sur Tes Lèvres et Ce Sang sur Tes Mains", un tempo pépère et une rythmique étouffée, on découvre des chœurs féminins sur le refrain ! c'est qui ce groupe ? sans parler du solo joué avec une metalbox, à la limite du ridicule. La suite n'est pas de meilleure qualité avec "Ce Que Tu Donnes" (qui ne donne pas grand chose !) qui ne dépasse pas le 50 à l'heure, le solo de Nono n'arrive pas à sauver la partie...on n' accélère pas un convoi qui roule pénard et ça continue avec "Dimanche Soir au Bord du Gouffre" (attention de ne pas faire un pas en avant !) où on retrouve nos chœurs féminins, des fois qu'ils nous auraient manqué...le riff très
AC-DC (et d'un !) est trop banal pour susciter la moindre curiosité... Mais la formule choisie par les comparses de Bernie semble leur convenir car on reste calé sur le régulateur de vitesse en première sur "La Première Pierre" et, malgré deux soli assez bons, on a droit à nos chœurs habituels qui viennent plomber l'ensemble...et c'est pas "Salaud'Pauvre" qui va redresser la barre, pourtant on y a cru l'espace d'un instant ..
J'aimerais vous dire que ça va s'arranger mais, hélas, la suite confirme le malaise initial, le tempo ralentissant dangereusement sur le trop long "Les Vagins Impatients" (il n'y a pas qu'eux qui commencent à s'impatienter !) au profit des chœurs qui occupent une place centrale dans les refrains. Le morceau suivant tente un démarrage timide mais "Le Conteur" est vite rattrapé par les incontournables chœurs, et même si on a augmenté l'overdrive, c'est toujours pas du
Trust ! (le conteur est remis à zéro, je sais elle est moyenne, à l'image du disque !)
Arrivé à ce stade, on commence à douter du disque qu'on est en train d'écouter...et si on avait interverti deux groupes par inadvertance? Cela pourrait expliquer!.. mais non... alors lorsque le batteur décide de vraiment jouer de la batterie et Nono de se lâcher sur sa six cordes sur "Le Jour Se Lèvera", on perçoit un début de révolte, pas une émeute, juste un retour aux fondamentaux de
Trust, genre "et si on faisait du
Hard-rock pour voir ?" Comme chacun sait, "tout vient à point à qui sait attendre" et notre patience (grandement sollicitée) est enfin récompensée avec "l'Europe des 27" qui déboule à température metal (ça ne veut rien dire, mais je trouve que ça cadre bien à l'ambiance !!) avec le solo à la wah-wah, le petit break mais toujours les chœurs (je crois qu'on va se les coltiner jusqu'au bout !)
Pour la suite, on revient à notre vitesse de croisière, faudrait pas risquer une phlébite... On tente le registre blues mid-tempo (mais comme presque tout l'album est mid-tempo !) dans "Ma Vie" : rien à signaler mon capitaine, repos soldat, vous pouvez fumer !
Pas davantage d'excitation sur le morceau suivant, et comme l'ingénieur du son, on se demande bien ce qu'on fout là ; ce "Petite Elle" ne décolle pas vraiment, mais à ce niveau-là, c'est plus une surprise...
Le groupe n'a jamais caché son admiration pour
AC-DC et personne ne peut les en blâmer mais le riff de "Tout Ce Qui Nous Sépare" est vraiment très emprunté, c'est correct mais on hésite entre l'hommage à la fratrie Young et le plagiat de
Airbourne, chacun décidera..
Résultat des courses : un disque mou du genou, rempli de chœurs féminins avec quelques guitares bien trop sages, des bons morceaux bien trop rares ou tellement éloignés de "mon"
Trust que je ne l'ai pas reconnu ! Alors il reste les textes de Bernie, très hétéroclites dans les thèmes, avec des révoltes répétitives et pas toujours très claires mais, franchement, ils sont tellement desservis par un hard mollasson qu'ils perdent beaucoup de leur verve. Et pour couronner le tout, le quiproquo de la pochette où on hésite entre le titre et le nom du groupe, une maladresse de la typographie sans doute, mais on n'est plus à une déception près.
Dans le morceau "Democrassie " Bernie disait "pour vendre son âme, encore faut-il qu'on en ait une !" ...c'est bien la question :
Trust a-t-il encore une âme ? Enfin, si quelqu'un a vu passer
Trust quelque part, qu'il nous dise à quel endroit, je crois bien les avoir perdus à jamais !
En ce qui me concerne, bien que je sois jeune (né en 1987), je n''aime pas non plus le millésime nouveau de Trust. Je les avais vu en concert à la fête de l'huma en 2017 et je m'étais dit qu'ils sonnaient vraiment plus désormais comme un groupe de rock que comme un l'excellent groupe de hard rock bien rentre dedans qu'ils furent au tout début de leur carrière. Vraiment dommage... Pour moi, leur dernier album studio vraiment intéressant et à la hauteur, est TRUST IV. Le reste est anecdotique et médiocre. RIP
Moi Trust j'ai arrêté en 1981, après c'est devenu moins bien ficelé au niveau des compos...
J'adhère très largement à cette chronique bien sentie, j'aime bien Salaud d'Pauvre qui aurait dû sortir sur un album de Bernie (et être son meilleur morceau depuis quinze ans) mais pas grand chose à se mettre sous la dent. Après, je trouve aussi que Dans le Même Sang était un retour aux affaires très sympa. La bisbille éternelle entre Nono et son associé bipolaire/ hautain/jobard (et talentueux) a remis Trust en position Off et j'aimerais autant que ça en reste là...
Entièrement d'accord avec Sperma_frost ! Après "Marche ou Crève" c'est compliqué. Qu'est ce qu'il est bon cet album !
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