Akroma

Tout juste un mois après la sortie de " La Cène ", Matthieu Morand, guitares et orchestrations, revient pour Spirit of Metal sur les origines, le présent et l'avenir d'Akroma, groupe qui monte toujours plus sur la scène extrême française.

interview AkromaBonjour Matthieu ! Le dernier album d’Akroma, « La Cène », est sorti il y a tout juste un mois. Peux-tu déjà présenter le groupe pour ceux qui ne le connaissent pas encore ?
Alain et moi nous avons remanié le line-up après la sortie de Seth. Thomas Das Neves est désormais notre batteur. Je joue avec lui depuis pas mal de temps maintenant dans Symakya et aussi dans La Horde. C’est un excellent batteur qui sait parfaitement adapter son jeu aux ambiances d’AkromA. C’est très agréable de travailler avec lui car il visualise très vite où je veux en venir sur le plan rythmique et il sait respecter les quelques directives que je peux parfois imposer sur telle ou telle partie de batterie. A la basse, nous avons proposé à Pierre-Yves Martin de nous rejoindre. Je le connais depuis plus de 15 ans, il a joué dans pas mal de groupes de Nancy. C’est un super bassiste qui a un jeu très mélodique qui est très complémentaire de mon jeu de guitare. Ils apportent tous les deux un regard neuf sur le basse/batterie et ils ont eu toute la liberté pour développer tout ça ensemble. Pour le chant féminin je savais exactement le type de voix que je voulais mais trouver la chanteuse n’a pas été facile. Cependant par l’intermédiaire de Sophie Hervé qui est professeur de chant lyrique à Paris et une amie j’ai pu rencontrer et entendre la soprano Laura Kimpe. Elle s’est très rapidement approprié son rôle dans le groupe et sa performance est remarquable sur « La Cène ». J’ai aussi fait appel à deux amies pour des interventions additionnelles d’instruments plus « classiques » à savoir Lorraine François à la harpe et Hélène Dautry au violoncelle. La compagne d’Alain, Sophie, est également venue en studio pour faire une intervention narrative. Enfin nous avons les 12 « apôtres » qui sont 12 chanteurs issus de la scène extrême française qui donnent la réplique à Alain et interprètent chacun un apôtre.

Comment définirais-tu l’évolution musicale qu’il y a eu entre votre premier album et celui-ci ?
J’ai l’impression que l’évolution a été relativement naturelle entre « Sept » et « La Cène ». Cependant je pense que mon écriture à muri car j’ai travaillé ces dernières années sur des projets qui m’ont permis d’expérimenter au niveau des arrangements. Aussi, je pense que je me suis affranchi de certaines barrières en me consacrant pleinement à l’orchestration sans faire appel à un claviériste comme pour les 2 premiers albums. Je ne me fixe plus aucune contrainte en matière d’instrumentation et donc je peux faire jouer des cordes, des cuivres, de l’orgue, de la harpe et des chœurs en même temps sans me poser la question de la réalisation technique. Je peux combiner les timbres des instruments et décider du mode de jeu ; je suis à la fois le compositeur et le chef d’orchestre car je peux façonner le rendu sonore comme je le souhaite. C’est cette grande liberté qui incarne le mieux l’évolution d’AkromA vers une écriture beaucoup plus symphonique sur « La Cène ».

Pour votre troisième album, on retrouve déjà encore une fois un concept religieux autour. D’où vient cette inspiration de produire une sorte de « Black Metal Biblique » ?
Il n’y a pas de raison fondatrice de tout ça. J’avais le concept des 7 péchés capitaux avant même de former AkromA, ça remonte à 2003. Ensuite Alain m’a proposé le thème des 10 plaies d’Egypte car c’est un passionné de ce pays et de l’égyptologie en général. Il se trouve que c’est aussi un thème tiré de la Bible tout comme les 7 péchés capitaux. Enf
interview Akromain pour « La Cène » c’était assez délibéré de continuer dans cette voix. Il ne faut cependant pas en tirer de conclusion d’aucune sorte. Tout cela n’est que prétexte à écrire des scénarios. Nous nous inspirons de faits évoqués dans la Bible de manière détournée, c’est du folklore ni plus ni moins. Nous ne prenons pas parti ni pour ni contre la religion catholique, ni pour aucune autre religion d’ailleurs. Ni ferveur, ni blasphème…

Peux-tu d’ailleurs nous décrire rapidement les concepts des deux albums précédents ?
« Sept » a donc pour base les 7 péchés capitaux. L’histoire est celle d’un avocat un peu véreux qui va travailler sur des affaires liées aux 7 péchés capitaux. L’orgueil est le cas d’une femme directrice d’un institut psychiatrique qui, par péché d’orgueil, se fait assassiner par les résidents. Notre héros est donc l’avocat du frère de la victime. L’envie est un cas ou notre avocat défend un condamné à mort par simple envie de fréquenter le fameux couloir de la mort. Dans la luxure, notre avocat est le défenseur d’un couple qui se livre à des orgies sexuelles contre nature. La gourmandise est le cas d’un véritable ogre qui a dévoré 16 personnes. Ensuite, c’est la descente aux enfers pour notre avocat : avarice, colère et paresse qui le conduit à la mort. C’est évidemment très brièvement résumé, le scénario et les textes sont très riches.



Pour « Seth », nous avons donc envisagé une trame suivant les 10 plaies d’Egypte et dressé un scénario servant de base au concept. En 2 mots, Seth revient sur terre pour se venger du sort que les autres dieux lui ont fait subir. Il veut donc détruire la terre selon ces manifestations évoquées dans la Bible avec 1 plaie par jour sur une zone géographique bien précise (l’Italie, La France, Les États-Unis, le Japon, l’Afrique, etc…). Les textes sont particulièrement bien documentés et multiplient les références et autres clins d’œil.



Passons à présent à « La Cène ». Pourquoi avoir choisi spécialement ce moment historique qu’est le dernier repas du Christ ?
Ce n’est pas vraiment le moment historique qui nous intéressait mais l’aspect numéraire des 12 apôtres. C’est donc assez logiquement que nous avons choisi le titre. Cependant « La Cène » n’est qu’une finalité dans notre scénario et non la réelle base conceptuelle. Le concept est bien autour des 12 apôtres.

Le concept a été écrit en collaboration avec l'Abbé Pierre Rinsinger. Comment s’est déroulée cette rencontre ? Et sur quel sujet vous a-t-il éclairé ?
Pierre est un ami et il suit AkromA depuis le premier album. Il a accepté d’être consultant et donc de faire tout le travail de recherche sur les apôtres dans les évangiles. Il faut savoir que les 4 évangélistes ne produisent pas tout à fait le même récit. Les noms des protagonistes changent, les descriptions également, etc. Il lui a donc fallu compiler, vérifier en fonction de notre cahier des charges : qui sont les 12 apôtres, quels métiers exerçaient-ils, comment sont-ils morts ? Son rôle s’arrête là, il n’intervient pas dans l’écriture du scénario ou des textes.

Comment s’est déroulé le « recrutement » des douze chanteurs présents sur l’album ? Ainsi que la distribution des rôles ?
Très honnêtement, la distribution des rôles s’est faite de manière totalement aléatoire, il n’y a donc pas de logique de choix pour tel ou tel chanteur sur tel ou tel titre.

Le recrutement,
interview Akromac’est toute une histoire ! Il y a eu des choix assez évidents bien entendu, je pense à des chanteurs qui sont des amis ou des proches : Patrick de Mortuary, Frank de La Horde, Laurent de Deficiency, Manu d’Avalon. Quant aux autres, nous avons choisi des chanteurs dont nous respectons le travail et le talent. Quelques uns nous ont été chaudement recommandés, donc j’écoute ce qu’ils font et si ça me branche, je prends contact. Le processus est souvent le même : j’envoi un email présentant le projet, avec un peu de musique. Si le chanteur est ok, je lui fais suivre le titre en entier avec les textes et le déroulé de son intervention vocale. Chacun a carte blanche, l’idée étant que la « patte » soit reconnaissable.



Après ce premier mois de service, comment sont les retours, pour le moment ? De la part du public ? De la presse spécialisée ? Et du monde religieux, si retour il y a eu de votre association avec l’Abbé Binsinger ?
Les retours sont au-delà de nos espérances, aussi bien sur l’accueil par le public que les médias. Nous avons beaucoup plus de chroniques que pour les opus précédents et surtout nous avons énormément de soutien des radios associatives et des émissions spécialisées mais pas seulement ! Les médias sont assez unanimes pour saluer la qualité de l’album a tous les niveaux. Nous sommes très fiers en tout cas.

Quant au monde religieux, rien à signaler de particulier.



Qu’as-tu à répondre à ceux pensants qu’un changement de chanteur serait bénéfique au groupe ?
Ces gens là sont fort heureusement isolés et très minoritaires. Ils n’ont, à mon avis, rien compris au groupe. Est-ce qu’on va demander à Cradle de changer de chanteur parce que Dani insupporte les oreilles de certains ? Non. Alain est l’identité vocale d’AkromA et il en sera ainsi.

Comment envisages-tu l’avenir du groupe ? De vagues idées du prochain concept ? Des propositions live ?
Pour l’instant je me consacre entièrement à la promotion de l’album. J’ai beaucoup d’autres albums en cours d’écriture ou de production avec Symakya, La Horde et Elvaron et ceux-ci vont constituer ma priorité pour le moment.

Y a-t-il d’ailleurs une véritable vie live du groupe ? Car en construisant des concepts autour de sept guitaristes pour le premier album et douze chanteurs pour celui-ci, tout cela doit être un peu difficile à organiser.
AkromA n’a pas pour vocation d’aller sur scène. En tout cas pas sans moyens conséquents, une infrastructure, des décors, de quoi mettre en scène notre concept et se produire avec tous les invités. Sans ces éléments réunis, nous ne fouleront jamais une scène.

Quel est ton point de vue sur la scène extrême française ?
Malheureusement je manque de temps pour aller aux concerts et rester à l’affut de l’actu métal française comme je le faisais par le passé. Mais nous avons d’excellents groupes extrêmes qui sont désormais régulièrement programmés dans les gros festivals et qui bénéficient d’une exposition médiatique toujours plus importante, c’est une très bonne chose. Des voix ont été ouvertes par quelques groupes, il faut les suivre !

Je te laisse le mot de la fin pour les lecteurs de Spirit of Metal !
Merci à ceux qui auront lu ces quelques lignes et à ceux qui soutiennent AkromA, que ce soit les fans de la première heure comme les nouveaux. Continuez à diffuser la bonne parole.

interview réalisée par Mr4444

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