Hard Mind

 

Un concert de Hard Mind, c'est le remontant idéal pour se remettre en jambes après une nuit trop courte : des gros riffs saccadés sauce metal 90's, une batterie plutôt groove, et des harangues presque growlées de son intenable chanteur, servis par un bon gros son qui rentre les bouchons dans les oreilles. Après leur set explosif au HELLFEST, il me tardait de faire connaissance avec les rennais de Hard Mind. Cette journée du samedi 17 juin 2023, pleine à raz bord de rendez-vous à ne pas manquer, m'a fait quelques sueurs froides, alors que j'étais bloqué dans la file photo pour shooter Porcupine Tree à la Mainstage, à prier pour arriver à temps pour l'interview avec Hard Mind. Enfin, ça passe, je mitraille les esthètes du prog, avant de fendre la foule en diagonale pour rejoindre nos bretons du hardcore metal : deux salles, deux ambiances, comme on dit ! On commence de manière un peu informelle avec Loïs, frontman du groupe, deux autres membres se greffent : en fait, l'interview a déjà démarré !
(Propos recueillis par JeanEdernDesecrator)

 

JeanEdernDesecrator - Spirit Of Metal : Vous avez fait une tournée en Angleterre, en avril 2023, comment ça s'est passé ?
Loïs (chant) :
C'était pas les bonnes personnes à rencontrer (rires), on est tombés sur les mêmes que nous, en copie ! Que des gens qui kiffent le hardcore, qui kiffent le DIY, qui aiment faire la fête, quoi !
Yvan (guitare) : En gros, ouais, on s'est vachement bien entendus, les mecs sont arrivés à Rennes, le soir d'une manif, avec le comico à coté du concert qui crâme, on doit retrouver un concert à 18 heures, alors que le concert commence à 19 dans un bar à coté... En vrai, sur trois jours, on a eu des galères de van, des trucs à la base, c'est pas ça qui était sur le papier, mais on s'est fendu la gueule, c'était une belle expérience humaine , et on est allés en Angleterre pour le match retour, et ils nous ont mis trop bien. C'est grave des potes, donc big up à Full Contact !
Loïs : Les mecs qui aimaient bien notre délire, et nous on aimait bien le leur, alors vas-y on fait !
Ivan : Rencontre sur message privé…
Loïs : Ils nous ont juste envoyé un message messenger, on s'est bien marrés, voilà, on a fait le truc, on a vérrouillé les dates, et voilà ! C'est Ivan et Simon qui font le booking, dans notre groupe.

 

 

DU LIVE, DU LIVE, ET... DU LIVE

SOM : Vous jouez beaucoup dans des petits bars, des lieux intimes, on va dire, donc qu'est ce que ça fait être dans un gros festival comme le Hellfest ? J'ai vu ce matin, vous y êtes allés franco !
Loïs : Bah on a préparé le truc, hein, on savait, on connaissait l'échéance…
Yvan : Oui, et puis il y a pas vraiment de différence entre un petit concert dans un bar ou un festival comme ça, pour nous, quoi qu'il arrive...
Loïs : Faut envoyer la sauce, mec, c'est tout !
Yvan : Faut tout arracher !
Loïs : Je te dis une petite anecdote : ça fait huit ans qu'on a fondé Hard Mind, on s'est dit : qu'il y ait deux pèlerins, ou qu'il y en ait cinq mille, et ben on fait le même boulot, mon gars ! Bah, on l'a eu en Angleterre, genre à Londres, il y avait pas trop de monde, mais on s'en foutait, on était là,... bah, écoute ils sont là, on est à Londres, mec, c'est pas donné à tout le monde, vas-y on envoie la sauce ! On a fait des fours, on a fait des concerts blindés...
Yvan : ...tout donner, quoi qu'il arrive !
Loïs :  Ouais, tout donner ; on a de la chance de faire de la zique, on le fait à fond pour les gens qui sont là.

SOM : Un de vos plus anciens titres s'appelle "West Side Hard Core"…
Loïs : Toi t'es un bon, toi !
Yvan : C'est vieux ça !
SOM: …bah, j'ai cherché un petit peu à droite à gauche, j'ai pas tout vu, mais bon… ça résume bien l'esprit du groupe alors ?
Yvan : West Side Hard Core, c'est un de nos premiers morceaux, au niveau des compos, sur le premier EP. Ca parle de tout ce qu'on vit, au cours de l'année, avec les potes de bretagne, on va dire du grand ouest en général, Nantes, la Vendée,… Même si Nantes ça s'est un peu calmé du coté de la scène hardcore…
Loïs : Ca tend à reprendre, il y a des assos qui se montent….
Yvan : Ce morceau parle vraiment des gens investis sur la scène hardcore, dans le coin.
Loïs : Parce que nous on a grandi, ça fait longtemps, sur Rennes, ça fait vingt piges. Moi ça fait six ans que j'habite à Rennes, mais je suis originaire de Clisson. Quand j'étais branleur, on organisait des concerts au Floride, à Nantes, on s'est connus à cette époque-là.
Yvan : On l'a pris avec nous !
Loïs : Voilà, ouais. Et on a un peu tous grandi, on allait aux concerts des uns et des autres, et il y avait même des mecs du Hellfest à l'époque, parce que bon, faut pas oublier qu'avant que ce soit une machine comme ça, ils avaient la déter, Furyfest et tout, 2007, les groupes électrogènes qui crament dans la bouillasse,…

 

 

SOM : Vous aviez déjà fait le Furyfest ou le Hellfest ?
Loïs :
Moi non, j'étais trop jeune.
Yvan : Le Furyfest en tant que public, carrément, … Au Mans, du coup.
Kevin : Il y avait la Trocardière, à Nantes avant...
Yvan : La Trocardière, j'y étais pas, moi je l'ai fait au Mans, c'était ouf… après c'est les mêmes organisateurs qui proposent ce festival ; forcément, moi ça me parle moins au niveau de la programmation, c'est beaucoup plus mainstream, mais je trouve ça vraiment respectable de proposer un truc comme ça à Clisson, faut pas oublier qu'on est à Clisson, pas à Paris, non plus. Et je trouve ça vraiment cool que les mecs aient réussi à faire évoluer leur festival, et à en vivre, tout simplement.
Kevin : Mais pour en revenir à ta question initiale, notre première expérience avec le Hellfest, ça a été le Metalcorner, en 2019. Nous, on a passé un super moment, et bah, quelques années après, nous voilà sur la Warzone…
Loïs : Ouais, mec, et les gens qui étaient à la Warzone savent
Kévin : Merci Johan !
Yvan : Merci Johan !
Loïs : Merci Johan… tu sais qui tu es…

 

 

LA RECETTE DE L'EFFICACITE

SOM : Sur les quatre disques que vous avez sortis, il y a trois EP, vous êtes plus à l'aise sur le format court ?
Kévin :
Ouais !
Loïs : Ouais, c'est plus direct !
Yvan : C'est le style de zique qui fait ça en fait, vu qu'on fait du hardcore, qui rentre dedans, pour nous et pour énormément de groupes, le format qui donne le mieux c'est l'EP. T'as quinze minutes, ça te rentre dans la gueule !
Loïs : Parce que je vais juste rebondir là-dessus, je pense que c'est parce que c'est la période, et la nouvelle génération qui fait ça. Avant, les gens achetaient des squeuds et ils prenaient le temps d'écouter tout le squeud. Maintenant, avec les plateformes de streaming, les gens écoutent trente secondes du morceau, et ils squizzent à fond. Avec la musique, c'est devenu un truc, tu le bouffe comme des cahuettes, t'as même plus le temps d'écouter. Nous on sort des trucs moins souvent, mais quand on le fait, on bosse, et on s'est plus fait plaisir.
Kévin : Pour moi, le hardcore, c'est plus un style à écouter en live...
Yvan : Ouais, clairement.
Loïs : Ouais, venez en live ! C'est ça qui fait tout !

 

 

SOM : Justement, vous avez des morceaux courts, deux, trois minutes…
Loïs :
C'est bien déjà trois minutes !
SOM : Du coup vous casez une dizaine de morceaux en trente minutes, ça fait un concert bien plein…
Kévin :
...Intensif !
Loïs : ...Trente minutes, tu mâches bien, et puis après…
Yvan : Merci, c'est cool !
Loïs : Bah, la mission, c'était de réveiller la Warzone, je pense que c'est mission accomplie ! Merci à ceux qui se sont levés, on vous a bien pété la gueule, merci d'être venus !

SOM : Votre hardcore est très métallique,  dans les compos comme dans le son, les guitares sont bien massives ; C'est une vraie influence ? Vous avez des groupes de metal préférés ?
Yvan :
Si tu me parles vraiment de metal, je te dirais Slayer direct, pour moi c'est la ref ! J'ai grandi avec Slayer, mon oncle m'a donné des squeuds de Slayer quand j'étais minot. Je suis un gros fan, et je pense que tu peux retrouver certains petits trucs de gratte, qui ressemblent à Slayer, niveau influences.
Loïs : On a tous été influencés implicitement par Slayer.
SOM : ...et dans le hardcore ?
Yvan :
Dans le hardcore, ça serait Madball pour moi…
Loïs : Ouais, Madball, Out For The Count, All Out War, ce genre de délire, quoi…
Yvan : Les groupes des années 90, ricains.
Loïs : Ouais, c'est vachement ça, on a tous un peu baigné là-dedans, avant d'être dans Hard Mind.
Yvan : En tout cas pour ma part, au niveau composition, c'est vraiment influencé années 90.

 

 

SOM : Alors, une question pour le batteur… Quand vous faites des breakdowns, c'est pas comme dans le metalcore ou tu divises le temps par deux, on dirait un tiers moins vite, un faux breakdown, presque. C'est ralenti à un tempo précis, ou au feeling ?
Simon (batterie) :
C'est du ressenti, ouais.
Loïs : ...C'est de la subtilité !
Yvan : ...Un truc de Jazz !
Simon : Ca se joue sur 10 ou 15 bpm en moins, par rapport au tempo de la chanson, c'est pas une cassure en dédoublant les croches.
Yvan : Il a pas un casque avec le métronome, tu vois !
Simon : C'est du format rock, et du ressenti au travers du groupe.


TOUJOURS EN MOUVEMENT

SOM : Vous êtes toujours chez FWH Records ?
Loïs :
Plus maintenant, on est chez Useless Pride Records, mais pas que…
Kévin : Il y a Panda Claw, il y a Death Farm Records aussi.
Yvan : Pour répondre à ta question, on est pas chez quelqu'un, on a des partenariats avec trois labels pour le dernier CD, EP, pardon, et donc le format Vinyle, CD est via Useless Pride Records à Toulouse, et Panda Claw aux Etats Unis, et le format cassette est par Death Farm Records, un label belge. On appartient pas à un label, mais c'est des gens qu'on connait, qui nous aident dans notre démarche, notre distribution, pour promouvoir notre musique, tout simplement.
Kévin : C'est des gens qu'on connait de base, aussi, depuis très longtemps.

SOM : Vos projets pour l'avenir ?
Loïs :
Et bah, tournée, dans l'été… là, le week-end prochain, on joue à Lorient au Morehell Festival, on joue au Superbowl Of Hardcore, à Rennes…
Yvan : Tous les week-ends de juin sont bookés, là !
Loïs : Et on fait l'Xtreme Fest d'Albi, et puis on a des trucs sur le feu, ça attend d'être confirmé, mais jouer un maximum, et puis peut-être, on fera du nouveau son, on verra…
Yvan : Fin d'année, petite tournée en Allemagne avec un groupe allemand, et on les fait venir aussi en France, en décembre. Et pour 2024, il y a certains projets en cours, dont peut-être, une tournée aux US, aussi, donc, ça reste à confirmer, mais c'est sur le feu.

SOM : Musicalement, est-ce que vous avez prévu d'évoluer, ou vous êtes bien raccord avec votre style ?
Loïs :
On fera toujours ce qu'on aime, peu importe l'avis des gens, si on trouve que c'est à chier, c'est à chier, à notre sens.
Yvan : On est même capables de régresser, ah ! Ah !

SOM : Qui compose dans le groupe, qui c'est le fautif (rires) ?
Loïs :
C'est lui, c'est Yvon à la guitare, et beufasse qui fait la batterie
Yvan : C'est les deux guitaristes qui composent, puisque Fabien, l'autre guitariste Fabien, est batteur aussi, alors on compose ensemble, et on essaie de tout mettre à plat avec tout le monde. La plupart du temps, la composition se passe entre nous deux.

SOM : Est-ce que vous avez un petit message à faire passer pour finir ?
Yvon :
Bisou !
Loïs : Moi, j'en ai un : soutenez les petites assos, les concerts toute l'année…
Yvan : 30 juin, 1er Juillet, Superbowl Of Hardcore…
Loïs : Et restez toujours fidèles à vos valeurs, n'écoutez pas les gens d'intenet, la vraie vie, c'est dehors ! Allez, bisous, à plus tard !
Kévin : Et merci à toi !


Un grand merci aux mecs de Hard Mind pour leur bonne humeur et leur disponibilité !

interview réalisée par JeanEdernDesecrator

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