Beast In Black

Les interviews au Hellfest sont toujours un moment de speed, entre des artistes qui courent partout, des membres du staff qui se cherchent, une chaleur écrasante sous les tentes et un timing super serré (souvent entre 10 et 15 min chrono). Mais cela n’empêche pas de belles rencontres, comme ici avec les gars de Beast in Black, aussi souriants et affables que leur musique peut le laisser imaginer. 

En présentation de leur troisième opus “Dark Connection”, Anton (guitare) et Maté (basse) se sont livrés pour parler de l’album et de ce qui les rend si heureux sur scène …

[Par Eternalis]

 


 

Comment allez-vous les gars ? 

Maté : Un peu fatigué mais super excité d’être ici, première fois au Hellfest pour nous !

Anton : Oui c’est la première fois qu’on va faire ce festival et ça a l’air gigantesque. 

 

Vous aimez l’ambiance ? 

Maté : Nous venons d’arriver donc nous allons prendre le temps d’explorer, profiter des gens autour de nous et nous préparer pour le concert. Le principal est de prendre du bon temps. 

Anton : C’est vraiment un gros festival, c’est important pour nous, de nous faire connaître chez vous. On est impatient !

 

“Dark Connection” est votre troisième album. Quels ont été les retours de la part de la presse et des fans en général ? 

Anton : La plupart ont dit que c’était bien (sourires). On y reconnaît votre touche familière, notre identité avec des éléments frais et nouveaux. Pas complètement nouveau mais pas ennuyant non plus. Il y a aussi le visuel cyberpunk et ce qu’on peut incorporer dans cette imagerie, avec des éléments pour la scène, pour les clips vidéos et pour les photos en général. 

Les gens ont aimé l'album, ça se sent. 

Maté : La meilleur des réponses est quand tu joues en concert et que tu vois la réaction des fans lorsqu’on joue les morceaux. Il y a aussi plus de gens qu’avant, on sent que, d’album en album, il y a une évolution positive dans les salles que nous faisons, dans le nombre d’entrées et dans la ferveur du public en concert. Ils connaissent les paroles, ils chantent. 

Chacun peut avoir son idée, son opinion mais le plus important pour nous est de mesurer que la masse de gens qui nous suivent est plus grosse qu’avant. 

Anton : De façon basique, on vend plus de tickets qu’avant. C’est un retour concret de notre progression en tant que groupe. 

 

Cet album est vraiment un très bon mix entre du power metal traditionnel et de nombreux éléments plus modernes, plus electro et vous avez désormais une véritable identité. C’est difficile dans le power metal car on sait que, depuis le début des années 2000 et les Edguy, Sonata Arctica ou Hammerfall, il est difficile de se créer une personnalité. Mais vous êtes l’un de ceux-là … quelles sont vos influences pour parvenir à ce résultat ? 

Anton : Je pense que c’est naturel, ce n’est pas une chose consciente. Je n’ai jamais calculé de faire un premier disque comme ça, et d’évoluer sur le troisième. Ce n’est pas comme ça que je veux résonner en tant qu’artiste. 

Nous avons juste tenter des choses, et si nous y croyons vraiment fort, que nous pensons que c’est une bonne idée, alors nous y allons. C’est un peu comme un écrivain, nous faisons confiance à nos émotions et nous croyons très fort en ce que nous faisons, nous y mettons beaucoup de passion et d’amour. Je crois que la plus belle chose est de partager ces émotions avec le public. Mais cela commence toujours par nous, nos sensations, nos émotions. 

 

 

"On vend plus de tickets qu’avant. C’est un retour concret de notre progression en tant que groupe. "

 

“Berserker”, votre premier album, a été un gros succès critique et commercial. Vous aviez été soutenu par divers musiciens reconnus. Je me souviens de Tuomas Holopainen qui avait dit que “Ce serait une folie de ne pas aimer cet album”. C’est d’ailleurs comme ça que je m’étais penché sur vous … qu’en penses-tu avec le recul ? De la création du groupe après ton départ de Battle Beast ? 

Anton : c’était un pur cauchemar (rires). Ce n’était pas facile de recommencer totalement à zéro. Tu ne peux pas imaginer ce qui va se passer, si cela va fonctionner, si tu pourras de nouveau faire ce que tu aimes. J’avais atteint un point de non retour avec Battle Beast mais retrouver des musiciens, écrire … tant que le premier single n’est pas sorti, je me disais que je n’avais plus rien. 

Ca a été beaucoup de souffrance, d’efforts, de pression mais ce n’était pas pour rien puisqu' au final, je me sentais beaucoup mieux que lors des mois précédents. J’ai compris aussi que le plus important était de partager certaines tâches dans le groupe, de ne pas chercher à tout contrôler, même dans la composition. J’ai beaucoup appris. 

 

"“Blade Runner” est peut-être une de plus grandes influences dans la littérature et le cinéma."

 

Je voudrais parler de Yannis. Sa voix est vraiment extraordinaire et il est vraiment le bon choix lorsque tu as créé le groupe. Comment l’as-tu trouvé ? Est-ce que tu le connaissais avant ? 

Anton : Basiquement, je voulais trouver quelqu’un qui soit capable de chanter tout ce que je pouvais écrire et imaginer, sans aucun compromis. J’ai testé de nombreux talents, autant pour le chant ou la batterie. Je vois vraiment la voix comme une fonction, comme une technique que l’on utilise et il faut, pour ça, avoir quelqu’un qui puisse m’orienter, être mon compas dans la composition, sans que je réfléchisse “Il ne pourra pas faire ça”. 

Trouver Yannis a été un concours de circonstance, beaucoup de chance. Il était la bonne personne, au bon moment, que j’ai rencontré quand j’ai créé Beast in Black. Un cadeau du ciel (sourires). 

 

Quand on voit les titres de certains morceaux comme “Blade Runner”, Revengence Machine” ou “Highway to Mars”, on peut imaginer les influences de Philip K Dick, Franck Herbert ou Asimov … aimes-tu la science fiction et est-ce que ça t’inspire ?

Anton : oui, j’adore la science-fiction ! Cependant, pour le groupe, je suis plus influencé par l’univers cyberpunk. La SF est un grand univers et j’ai choisi de cibler plus spécifiquement sur le côté cyberpunk, autant pour les visuels, les photos. 

“Blade Runner” est peut-être une de plus grandes influences dans la littérature et le cinéma. Je suis un immense fan de ce film et il y a énormément de choses à dire dessus. Je suis aussi un amoureux des animés des années 80 et 90 …

 

Tu comptes continuer dans cette voie là à l’avenir ? 

Tout dépend … je ne sais pas encore. Nous avons encore beaucoup de concerts à faire, de pays à visiter donc je n’ai pas du tout réfléchi au prochain disque. Ce qui est sûr, c’est que j’aimerais continuer à inscrire cet univers dans les visuels de Beast in Black. Pas forcément le cyberpunk comme cet album mais la science-fiction en général. 

 

Sur scène, vous avez tourné avec beaucoup de groupes comme Nightwish, Firewind, bientôt Gloryhammer … avez-vous des souvenirs particuliers avec certains groupes ? 

Maté : Par exemple, quand nous avons tourné avec Nightwish, nous avons remarqué que le groupe venait nous voir sur le côté de la scène, et qu’ils nous encourageaient ! C’est un super souvenir parce qu’ils pourraient rester dans leurs loges en attendant qu’on finissent. C’est aussi différent selon si nous sommes en première partie ou en tête d’affiche ! Les concerts sont de plus en plus positifs, les foules grandissent, c’est vraiment génial. 

Le plus grand souvenir que j’ai reste de voir les sourires, tous ces visages devant moi qui chantent les paroles … ils nous donnent de l’énergie, ce qui nous rend encore meilleurs … ce qui les rend encore plus fous (rires). 

 

C’est une belle combinaison …

Je ne sais pas qui commence finalement. Nous arrivons sur scène, nous voyons les sourires donc on a vraiment envie d’assurer pour leur donner un moment de plaisir. Et de nous voir sourire et être heureux d’être sur scène leur donne probablement encore plus d’énergie. 

Il y a quelques jours par exemple, nous étions à Bucarest à un festival juste avant Pantera. Nous savions bien que le public n’était pas le même, et pas pour nous. Mais après trois ou quatre morceaux, ils ont commencé à prendre du plaisir, à headbanger et c’était super fun car ils ont passé du bon temps en attendant la légende qu’ils voulaient voir derrière !

 

Anton : Je n’arriverais pas à avoir un seul souvenir tant il y en a …

 

 

Je me souviens d’un mauvais moment, en 2017, avec W.A.S.P. Vous étiez en première partie, je les ai vu à Limoges et vous aviez quitté la tournée juste avant. Dans la presse, il a été dit beaucoup de choses sur vos conditions et la façon dont W.A.S.P traitait les autres groupes …

Maté : c’est impossible d’oublier des moments comme ça. Aujourd’hui, avec le recul, nous pouvons en rire mais sur le moment, c’était très dur. Je ne sais pas si tu le sais mais le groupe qui a rejoint la tournée après nous a vécu exactement la même chose, quelques semaines plus tard. On comprend donc que ça ne venait pas de nous. Ce sont des choses qui arrivent … 

Anton : C’est dommage pour W.A.S.P aussi. Nous étions là pour chauffer la salle, pour préparer le concert. Je ne pense pas que ce soit très bon pour leur réputation, les choses se savent, ils ne tirent aucun bénéfices de ces histoires. C’est un épisode de notre vie de groupe, négatif certes, mais qui nous rend plus forts après. 

 

"Quand nous avons tourné avec Nightwish, nous avons remarqué que le groupe venait nous voir sur le côté de la scène, et qu’ils nous encourageaient ! C’est un super souvenir parce qu’ils pourraient rester dans leurs loges en attendant qu’on finissent."

 

Dernière question, est-ce que vous suivez l’évolution de Battle Beast ? 

Anton : j’ai checké quelques chansons mais je n’ai pas écouté d’albums en entier. Je reconnais certaines influences que j’ai moi-même insufflé chez certains membres du groupe, surtout sur le premier album après que je sois parti. Nous avons un genre un peu similaire mais ça reste un groupe différent de celui que j’ai connu. Les deux groupes continuent leur chemin, la “Bête” s’est séparée. J’étais jeune, je n’étais pas préparé à tout ça à l’époque, à me protéger de ce succès, de cette pression, des tournées. Mais sans ça, Beast in Black n’aurait jamais été créé !

 


 

interview réalisée par Eternalis

3 Commentaires

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MetalSonic99 - 03 Août 2023:

Magnifique interview d'un groupe que j'adore! 
Merci beaucoup! 

Eternalis - 03 Août 2023:

Avec plaisir angel

JeanEdernDesecrator - 04 Août 2023:

On en avait parlé un peu, un plaisir de lire enfin l'interview !

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