Nature Morte

Quelques temps après leur concert, le trio Nature Morte, au grand complet, a pris le temps de répondre à quelques questions, malgré les mésaventures de Chris, qui s'est lègèrement bléssé lors du démontage. Une fois rassuré par l'état de son arcade sourcilière, nous nous installons dans un box sous la tente Média surchauffée, heureusement bercés par ronron bienveillant d'un ventilateur.
(propos recueillis par JeanEdernDesecrator)

 

SOM : Tout d'abord, félicitations pour votre concert, ça ne doit pas être évident de jouer à dix heures et demie du matin, c'est plutôt un horaire de répète, non ?
Stevan (guitare):
Oui, c'est ça (rires) d'ailleurs on ne répète pas aussi tôt ! Merci pour le compliment, en tout cas.

 

SOM: Comment avez-vous trouvé l'accueil du public ?
Stevan:
Très bien ! On a été surpris qu'il y ait autant de monde à une heure aussi matinale. C'était super, on avait l'impression de jouer en pleine après midi. C'était top !

 

SOM: vous avez pu jouer sur une scène couverte, c'était plus adapté à vos ambiances plutôt sombres, peut être...
Stevan:
Habituellement, quand on fait des concerts hors festivals, on va jouer dans le noir avec un dispositif de lumières personnalisé ; mais là, même avec la tente c'était pas suffisamment sombre, on a juste fait de la musique, et puis voilà !

 

SOM : Comment c'était de devoir convaincre en une demie heure, ça fait vraiment court, (c'est pas évident) pour le choix des morceaux ?
Stevan:
C'était un peu frustrant, vraiment vraiment court. C'est vrai que trente minutes, ça fait un peu court, mais on a fait avec.
Chris: On a essayé de faire le plus compact, dense possible, et essayé d'envoyer tout ce qu'on avait pendant une demi heure.

 

 

NATURE MORTE  : UNE HISTOIRE DE COMPOSITION

 

SOM : Votre musique est au carrefour de plusieurs styles musicaux, comment pourriez-vous la décrire pour ceux qui ne vous connaissent pas encore ?
Stevan : Oui, c'est vrai, on va dire que le black metal, c'est le code principal dans notre musique , mais après, on a une multitude d'influences, on écoute plein de trucs qu'on essaie d'intégrer, que ce soit de la musique de films, de l'indie rock, du post rock, ou du métal tout court. On essaie de faire un mix de tout ça, en restant cohérent.

SOM: Est-ce que vous composez entre vous et pour vous même et que vous proposez le résultat aux gens, où est ce  vous pensez à ce que vous voulez exprimer ?
Stevan:
Il faut que ça nous plaise à nous, c'est vraiment ça . Si ça nous plaît à nous, alors ça peut plaire à d'autres.
Chris : On joue encore des morceaux du premier album, qui pourraient nous blaser, mais tant que ça nous plaît, au final, on est contents.
Stevan : Il y a pas de calcul marketing , on va pas faire comme ci comme ça pour plaire, tant que ça nous plaît à nous.
Chris: Même en répète, on continue à s'amuser, à faire notre truc , on est notre premier filtre en fait. Tant qu'on s'amuse à les jouer, si un jour on s'amuse plus à les jouer, on s'arrêtera...

 

SOM: Vous composez en répète ou c'est plus réfléchi, en avant ?
Stevan:
Oui, en avant...
Vincent (batterie) : On a un compositeur ! (en montrant Stevan du doigt)
Stevan: La musique, je la fais intégralement chez moi... En home studio, je fais des maquettes , je compose la musique avec même les parties basse et batterie, etc... Ensuite, entre ce que je propose et la finalité, ça peut bouger un petit peu, mais globalement les grandes lignes sont là. Comme après, on discute beaucoup entre nous, sur les influences, les directions qu'on veut donner...
Chris (a Stevan): ...je pense que tu sais où tu vas quand tu nous proposes un truc...
Stevan : Exactement …
Chris : C'est un partage qu'on a verbalement, que lui, après, transforme en musique. Il sait ce qui pourrait faire plaisir à Vincent ou à moi, et quand il nous propose un morceau, on a rarement été déçu, c'est quasiment jamais arrivé (à Stevan ) enfin on va pas te faire des compliments non plus, faut pas déconner (sourire), je pense pas qu'on ait eu des morceaux et qu'il soit arrivé et on dise ... Arghhh ..(grimace) le dernier album c'est vraiment de la merde (rires)…
Stevan: il est déjà enregistré, c'est foutu !
Chris : Il sait vraiment, … du coup je vais lui faire un compliment, c'est un peu sa force, il sait exactement ce qui va, enfin je parle pour moi...
Vincent: ...les goûts, et ce qu'on est capables de faire ou pas …

 

SOM: Tu composes aussi pour Chris, avec le chant et la basse en même temps ?
Stevan :
  Alors, pour le coup, le chant, c'est plutôt lui qui écrit et fait les placements vocaux, après on peut le travailler ensemble, mais c'est surtout lui qui fait ça.
SOM : Même au niveau des lignes de chant ?
Chris:
Il y a des directions, mais j'ai une grosse liberté par rapport à ça…
Stevan: Je fais des propositions, de placement, etc…
Chris: Y a que Vincent qu'on écoute pas pour ça parce que, on s'en fout, il est à la batterie (rires)
SOM: Je suis batteur aussi, alors je compatis !
Chris:
Quel instrument de merde ! (rires)
Stevan: T'as plein de matos, tu joues assis…
Vincent : T'es l'homme de l'ombre.
Chris: Alors que moi je vais le voir, toi tu vas jamais le voir, toi tu restes planté dans ton truc…
Stevan: Oui, mais moi je suis concentré dans la musique.
SOM: Même à prendre en photo c'est galère, les batteurs sont toujours planqués, au fond...
Chris:
C'est pour ça qu'on a pris le plus moche, aussi, on a mis la beauté devant !
Vincent : Et puis les batteurs, ils font un vrai truc physique, compliqué, alors ils tirent une gueule pas possible, alors que les autres peuvent se permettre de poser, ils pensent aux photographes quand ils jouent. Le batteur, il a autre chose à foutre pendant ce temps-là (rires)
Stevan: Bon, on va régler nos comptes plus tard OK ? C'est pas le moment, les gars ! (rires)


SOM :  Parmi vos belles ambiances mélancoliques et désespérées, et je ne peux m'empêcher de voir un petit coté Smashing Pumpkins, sur certains morceaux…
Stevan :
Ouais, on nous l'a déjà dit, ouais, c'est vrai. Moi, j'ai quasiment jamais écouté Smashing Pumpkins, bizarrement.
Vincent : On a déjà entendu ça comme remarque.
Chris: C'est les effets, je pense, les mélodies, la voix aussi.
Stevan: Ouais, la voix un peu nasillarde, c'est ça.
Chris : Un coté rétro 90's.
Stevan: C'est une scène qu'on aime bien. C'est vrai, on nous l'a déjà dit, c'est pas anodin.

 

HELLFEST ET TOURNEES

SOM : Le Hellfest est devenu un pèlerinage pour tout fan de metal, est-ce que c'est la première fois que vous le faites ?
Stevan:
Oui, c'est la première fois qu'on le fait, effectivement.

SOM : Vous l'avez déjà vu en tant que spectateurs ?
Stevan :
Vincent et moi, c'est la première fois qu'on vient, qu'on y met les pieds, voila.
Chris: Ouais, moi, en même temps, moi qui suis spectateur depuis quelques années, ça fait l'autre effet, c'est de me dire que tous les groupes que j'ai vu y jouer, de me dire qu'un jour j'allais être là-dessus, même à dix heures et demie, Ouuaais ! C'est pas possible !
Stevan: ça fait quelque chose, c'est sûr !
Chris: C'est surtout que d'avoir vu ça pendant toutes ces années, d'avoir vu je ne sais combien de groupes passer là-dessus, de te dire que notre petit groupe peut jouer au Hellfest, c'est assez fou. Pour eux (Stevan et Vincent, ndlr), c'est une claque de par le fait de venir pour la première fois, de voir toute l'infrastructure, et moi en tant que festivalier, de me dire maintenant je suis de l'autre coté, c'est assez fou aussi. C'est un beau rêve.
Stevan: Des festivals, on en a déjà fait, mais pas aussi gros.

SOM: Au niveau de l'organisation, c'est au dessus de tout ce que vous avez fait avant ?
Stevan: Au niveau de tout... Motocultor, l'an dernier c'était vraiment bien aussi.

SOM: Au niveau du running order, ça s'enchaine, c'est la folie...
Chris: Ouais, c'est super bien fait, bien organisé, c'est une machine qui tourne vachement bien.

SOM: Vous pourriez revenir, pour un set plus long…
Chris : Un peu plus tard, ça serait chouette, et utiliser nos lumières, pour le coup, que ce ne soit pas en plein jour.
Stevan: On verra, dans deux ans, dans trois ans, l'année prochaine, on verra. On espère revenir…

 

 

SOM: Moi en tout cas, ça m'a donné envie d'en voir plus, c'est vrai qu'au bout d'une demie heure, on se dit, c'est déjà fini…
Chris:
Oui, on s'est fait exactement la même réflexion !
Stevan: Voilà, ça passe en un clin d'œil.
Chris: C'est cool que ça t'ait fait cet effet là, qu'on soit pas que les seuls. C'est un peu comme ce que tu disais avec notre musique, on apprécie tellement ce qu'on joue, que ça nous fait aussi ça : 'tain c'est déjà fini, j'aurais bien fait, je sais pas, une heure, on s'en fout ! On est jamais blasés, ou ennuyés par nos morceaux. C'est vrai qu'on aurait encore pu jouer longtemps. Ou pas.
Stevan: Après, en temps normal, on joue pas beaucoup plus longtemps, on joue quarante cinq, cinquante minutes. C'est assez rare qu'on ait joué plus longtemps que ça. Pareil, un jour peut-être on fera des concerts plus longs…
Vincent: On a de quoi faire des concerts plus longs, mais pour l'instant, les sets qu'on fait à chaque fois, c'est quarante cinq minutes.

SOM: Avec votre prochain album à venir, ça va être plus difficile de faire un setlist ?
Stevan :
Oui, c'est ça, on va surtout axer sur les morceaux du prochain album, on va commencer à répéter ça cet été, pour une tournée au mois d'octobre, fin octobre. On va jouer essentiellement des morceaux du nouvel album, avec un peu de ce que tu as entendu là.
 
SOM : Vous avez commencé une tournée en Europe (ce printemps, comment ça s'est passé pour vous) ?
Stevan:
On a joué il y a un mois ou deux mois, au mois d'avril, on a fait une petite tournée européenne.
Vincent : Italie, Suisse, Allemagne, et un petit peu en France aussi.
Stevan: C'était une petite tournée.

SOM: Quels endroits vous avez préféré dans cette tournée ?

Stevan: L'Italie, c'était sympa, la Suisse c'était bien, Lucerne. En Allemagne, la salle était bien.
Chris: En plus c'était la première qu'on faisait avec notre tourneur Dead Pig, avant on les faisait nous-mêmes.

SOM: Vous aviez des groupes en support ?
Vincent:
Des groupes locaux.
Stevan: On était pas deux groupes à tourner ; on était nous, les seuls, et des groupes locaux à chaque fois.
Chris: Mais ça fait du bien d'avoir une infrastructure, et que tout soit mieux calibré que quand on organisait notre tournée.

SOM: Démarcher des concerts, c'est un boulot en soi…
Stevan :
Oui c'est complètement un boulot en soi, l'année dernière, en 2022, on en a fait une de neuf jours, dix jours, c'était Chris qui avait beaucoup organisé ça, c'est un boulot à plein temps quasiment.

SOM: C'est Chris qui gère tout l'aspect intendance du groupe ?
Chris:
A l'époque, mais maintenant non.
Stevan: Maintenant on partage un peu les tâches, tu fais un peu plus que nous.

 

LE LIVE : L'ALCHIMIE ET LE DOSAGE

SOM: Essayez-vous de jouer vos titres de manière différente sur scène, par rapport aux albums ?
Stevan et Vincent :
Euh, non…
Chris: Moi j'ai envie de dire oui !
Vincent: Et moi je vais dire non, voilà ! On essaie de les jouer comme sur album, je varie un peu, mais à 95%, globalement c'est un peu la même chose que sur album. Mais avec le temps, on se dit toujours, ouais, ce qu'on a enregistré là sur l'album, on aurait peut-être pu faire mieux. On essaie de faire évoluer les morceaux. Les années passent, et on essaie de les améliorer.
Chris: Je trouve que l'intensité, elle est pas du tout la même qu'en studio.
Stevan: On essaie d'amener une énergie un peu différente.
Vincent: Les morceaux sont pas figés dans le sens où, si on peut trouver un truc à améliorer, un break de batterie, on peut l'améliorer.
Chris: Mais surtout, essayer de mettre un maximum d'énergie - on essaie sur album, c'est toujours plus compliqué sur album, mais en live effectivement, on va essayer d'envoyer un peu plus le truc, quoi.

SOM : Pour moi, en concert, c'est pas l'énergie brute qui est le plus ressortie, c'est le coté émotionnel, presque la larmichette à l'œil à un moment, d'ailleurs !
Chris:
Ah, cool !
Stevan: Au moment de la composition, on s'en rend compte, parce qu'on maîtrise toute la chaine harmonique, mélodique, on voit les ambiances qu'on veut mettre. Mais une fois sur scène, on est assez surpris, on a pas le recul. On a l'impression de faire du metal, d'envoyer le bousin, alors effectivement il y a des moments où ça plane un peu. T'es pas le premier à nous dire, qu'il y en a qui ont versé une larme.
Chris : C'est cool, je pense que c'est un des plus beaux compliments, d'ailleurs. D'arriver à faire du metal, parce que c'est du metal, quand même, et d'arriver à te projeter dans un truc un peu mélancolique, comme tu peux le faire avec de la pop, du rock, ou les autres influences musicales qu'on peut avoir, c'est assez fou. Souvent ça vient par la voix…
Stevan: C'est pas ta voix qui fait pleurer (rires)
Chris: Après, comme il dit, c'est le but recherché au moment de la composition, et après en live on envoie le truc.

SOM: Parce que là en concert, surtout au Hellfest, un gros festival avec un gros son, il y a des groupes pour lesquels un morceau calme, ça fait plonger complètement le concert, et après ils rament pour essayer de remonter - Def Deppard, hier, c'était un peu ça- et vous, c'est l'inverse, les passages clairs, c'est une force.
Chris:
A un moment donné, bon Def Leppard, j'ai jamais écouté, je sais pas ce que c'est (rires)
Stevan: Ce qui est différent, c'est que eux, ils ont des morceaux de trois quatre minutes qui font baisser le truc, mais nous, c'est plus des moments dans un morceaux, de quelques secondes, quelques minutes, qui permettent de faire le lien entre les passages les plus pêchus. Voilà, c'est un peu l'objectif aussi.
Chris: Et le choix de la setlist aussi. On essaie de faire attention sur les morceaux.

SOM: Vous changez beaucoup vos setlists, à chaque concert ?
Chris:
Non. Pour le coup, c'est souvent la même, voire quasiment tout le temps la même, qu'on va agrémenter ou diminuer suivant la longueur.
Stevan: Pour le set du Hellfest, on a dû forcément diminuer, un peu réaménager quelques parties, pour que ça rentre dans la demie heure impartie.
Chris : C'est pareil, quand Stevan compose un album, il sait ce qui peut être fait en live, et il sait ce qui est fait pour album.

SOM : Il y a des morceaux que tu compose, dont tu sais que tu ne les joueras pas ?
Stevan :
Sur le nouvel album, il y a peut-être deux, trois, qu'on sait qu'on ne jouera pas, parce qu'il y a plusieurs guitares, plusieurs machins…

SOM: Vous vous laissez plus de liberté sur ceux-là ?
Stevan:
C'est ça, exactement.
Chris: Ca permet aussi d'avoir un truc sur un album où tu varies un petit peu, tu te permet un peu plus de liberté. Un album c'est pas un live, et inversement.

 

 

STUDIO : PASSE ET FUTUR

SOM: Votre dernier album "Messe Basse" était sorti en 2021, alors que la pandémie était pas encore totalement terminée... Comment vous voyez cette période en y repensant maintenant ?
Stevan:
J'ai envie de dire qu'on s'habitue à tout, maintenant, la pandémie, j'y pense plus, parce qu'on doit plus porter de masque, on suppose que c'est derrière nous. C'est vrai que pour la composition de "Messe Basse", c'était compliqué pour nous, parce qu'on devait rentrer en studio deux mois après le début des confinements, on a du reporter plusieurs mois après, tout a été décalé.
Chris: On était en tournée…
Stevan: On est rentrés de tournée, quasiment l'avant-veille de la pandémie. On avait plein de projets, d'enregistrement, etc…
Vincent : On a enregistré plus ou moins pendant un confinement, il y avait un couvre-feu…
Stevan: On devait partir à chaque fois à 18h pour être chez nous à 19h, 20h, il y avait les couvre-feux, donc c'était un peu compliqué.

SOM : Vous aviez enregistré "Messe Basse" en partie chez vous, ou vous avez tout enregistré en studio ?
Stevan:
On a tout fait en studio, tout tout en studio, ouais… Bon c'était compliqué pour nous, mais comme pour tout le monde, de toute façon.

SOM : Du coup, sur la composition du suivant, ça vous est totalement sorti de la tête ? Vous êtes partis de l'avant ?
Stevan:
Oui, oui, je suis pas sûr d'y avoir pensé une seule fois.
Chris: Déjà, on eu plus de temps.

 

SOM : Votre troisième album, "Oddity", va sortir à la rentrée. Comment s'est passé sa genèse ?
Stevan:
Pareil que pour tous les autres, j'ai fait toute la musique (rires) !
Vincent: C'est lui qui pond ! (rires) C'est Stevan qui pond l'album, puis après nous, on joue !
Stevan: Et après, ils ont appris les morceaux, c'était un peu le même mode opératoire…
Chris: Mais… on a fait appel à d'autres personnes, pour une fois, pour chanter… on a essayé de pousser le truc un peu plus loin...
Stevan: Il y a des petites nouveautés, ouais, ouais. On a fait une reprise déjà, de Deftones, qui est sortie il y a quelques semaines, maintenant…
Vincent: …qui est sur Youtube.

 

SOM : Comment vous est venue l'idée pour la reprise ?
Stevan:
En fait, l'idée de faire une reprise, ça me trainait dans la tête depuis déjà plusieurs années.
Vincent: On est tous les trois fans de ce groupe-là
Stevan: Ce morceau-là tout particulièrement, il a bercé notre adolescence à nous, c'est un des derniers morceaux du premier album, qui est juste… beau. On a choisi celui-là comme on aurait pu en prendre d'autres, mais il y avait un coté un peu, euh…
Chris: …atmosphérique, sur la fin, le fait qu'il soit …
Stevan: …un peu progressif, etc… ça a une montée, ça faisait un peu écho à ce qu'on fait, nous. Et aussi, on avait aussi envie d'avoir un morceau avec une voix féminine, chantée sur l'album. On a fait appel à une chanteuse, Cindy, chanteuse de Lisieux, un groupe qui s'appelle Lisieux, qui est basé à Toulouse. Je lui ai proposé sur les réseaux sociaux, je l'ai contactée, je lui ai envoyé le morceau, les paroles. On s'est jamais rencontrés, elle l'a chanté chez elle, elle m'a envoyé les pistes, et puis voilà.
Chris: Et c'est pour pousser un peu plus le coté rock indé, qui est une influence assez importante chez nous. J'ai pas le talent de savoir chanter, … ça fait partie du truc- le morceau, de base, quand il nous l'a présenté, sans aucune animosité ou quoi que ce soit, moi j'ai compris que j'allais pas chanter dessus. Je trouvais ça limite… pas intéressant, et quand il nous a parlé d'avoir le chant d'une femme dessus, tout ça, c'était logique, ça coulait de source. Comme le morceau qui clôturera l'album…
Stevan: …sur les versions physiques, le morceau avec Lionel…
Chris: ça se clôture avec quelqu'un d'autre que moi qui chante. Parce que c'est pareil, c'est une collaboration, un truc qui nous parait logique. Comme on disait avant, il y a des morceaux qui sont faits pour le live, des morceaux pour l'album, bah là, c'est pareil, on va pas se mettre de barrière sur le fait que de la façon dont il va composer, si ma voix ne marche pas, si elle est pas forcément cohérente avec le reste, bah c'est pas grave, on s'en passe, et on va trouver une personne pour le faire.
Alors après, j'ai eu un petit taquet, parce que merde, c'est moi le chanteur ou pas, frère ?! (rires). C'est quelque chose qu'on trouve logique, qui fait partie de notre, euh… nature morte !

 

SOM : Justement, au niveau de ton chant, est-ce qu'à l'avenir, tu prévois de le faire évoluer - c'est vrai qu'il est très black, très brut, très rentre-dedans, très abrasif -d'explorer d'autres territoires ?
Chris:
Bah non ! Ca m'intéresse pas. Avec Stevan, on fait de la musique ensemble depuis maintenant un peu plus de vingt ans, on a commencé à deux ans, donc on a vingt deux ans (rires) Et on a déjà exploré ce genre de choses, à l'époque, j'étais déjà chanteur quand on faisait cette musique, ça m'intéresse pas plus que ça. Il y a des gens qui le font tellement mieux que moi, je sais ce que je suis capable de faire, je sais pas où est-ce que je pourrais aller… je vais être fainéant par rapport à ça, je sais pas si c'est lâche, si c'est l'infrastructure, le monde, ou quoi que ce soit, je sais ce que je suis capable de faire, si on a besoin d'autre chose, autant aller voir des gens qui savent le faire, certainement mieux que moi…
Stevan: …sachant que tu le fais quand même évoluer dans la mesure où tu fais pas que beugler, il y a des chuchotements, des trucs…
Chris: …il y a des choses un peu différentes, mais de là à le faire évoluer complètement, à chanter, moi ça ne m'intéresse pas ; je suis pas sûr que ça les intéresse plus que ça non plus. On a tellement de gens autour de nous qu'on apprécie, avec qui on peut faire des collaborations…
Stevan: Et ça fait partie de l'ADN du groupe, le faire évoluer trop, je pense que ça dénaturerait…
Chris: …dénature morte !
 

Et c'est sur ce petit jeu de mots qui ne mange pas de pain que nous devons nous interrompre, trop bavards, sans doute, car d'autres groupes attendent que le box se libère pour leurs interviews. Merci à Nature Morte pour son naturel (!) et sa bonne humeur !

 

 

 

 

 

 

 

 

interview réalisée par JeanEdernDesecrator

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