Juillet 2007. Un jeune groupe Metalcore ("Encore un !" , s’écrieront certains) sort en catimini un EP de 3 pistes, suivi par un premier album en fin de mois. Brut de décoffrage, puissant, porté par un chanteur étonnant,
The Way of the Fist s’avère être un début prometteur pour le groupe.
Septembre 2009. Deuxième album du groupe. La bombe explose sans prévenir, le succès suivra peu après.
Le jeune groupe originaire de
Los Angeles a grandi. Sa musique a évolué, s’est imprégnée d’influences aussi diverses qu'inattendues, s’éloignant du Metalcore sec et sans concessions de ses débuts pour se plonger dans un véritable brassage des genres qui en surprendra plus d’un, allant même jusqu’à pondre des titres aux structures hétérogènes. Passant du Thrash au Groove en faisant un tour par le Néo, l’Alternatif et le Hardcore,
Five Finger Death Punch expérimente avec enthousiasme. Certains parlent même d’un titre très "
Paradise Lost" dans l’âme, à savoir le Hit Single du CD, l’excellent "
Hard to See". N’étant pas un inconditionnel du groupe gothique, je ne saurais confirmer cette comparaison. Reste qu’au final, le quintuor prend le risque de perdre son chemin, ainsi que son auditeur. Les influences sont-elles vraiment digérées et mises à bon escient, ou sont-elles simplement la preuve d’un manque flagrant d’inspiration ?
A l’écoute de l’album, c’est ce que certains risquent de penser s'ils ne connaissent pas le groupe. Mais au final, le fait est que l’album tient la route sur l’ensemble de ses 13 pistes (15 pour l’édition Deluxe). On sent l’envie du groupe de rendre chaque chanson irrémédiablement accrocheuse et exceptionnelle, et c’est ce qui, entre autres, fait de
Five Finger Death Punch un groupe unique.
La musique, tout d’abord, est toujours aussi agréable à l’oreille. Les éléments les plus "Groove" du son donnent des mid-tempos du plus bel effet, la batterie claquant avec efficacité, les guitares vrillant, rugissant jusqu’à devenir stridentes, nous faisant presque oublier le chant. Le groupe offre d’ailleurs son lot de solos dans cet opus, avec des riffs tout bonnement jouissifs (le solo de "
Hard to See"). Parfois très Thrash, parfois très Metalcore, les guitares sont en toujours en parfait accord avec la rythmique du titre et les sonorités qu’elles dégagent lui donnent une originalité propre à marquer les esprits. Soulignons aussi la basse, parfois très présente, apportant une noirceur bienvenue sur certaines pistes (les riffs du refrain de "
Falling in Hate" sont à tomber).
Ce qui n’empêche pas de trouver des chansons plus calmes, trop lourdes pour être véritablement considérées comme des ballades mais toutefois dépourvues de hurlements et de batterie saccadée. On se surprend néanmoins à les trouver parfois plus réussies que d’autres morceaux plus violents, grâce à un chanteur faisant preuve d’un talent sans bornes pour transmettre des émotions. Sorte de
Corey Taylor en plus rauque, Ivan Moody possède une voix unique qui vrille à volonté sur les parties en chant clair, les rendant presque touchantes ("
Walk Away", très Métal Alternatif dans la forme). Mais quand il s'agit de beugler, sa puissance rocailleuse prend le dessus avec une fureur bienvenue.
La plupart des titres sont construits sur un schéma similaire : des couplets hurlés façon Metalcore précédant des refrains en chant clair et des chœurs plus posés. On notera également un pont surprenant sur la fin de "My Own
Hell" où la voix de Moody rappelle curieusement celle d’Alain Jourgensen quand il la modifiait pour les besoins de son groupe de Métal Industriel,
Hard to See. Petit clin d’œil ? Certainement, quand on compare les thèmes de
War Is the Answer à ceux de
Rio Grande
Blood par exemple : la guerre (en Irak).
En effet, les textes évoquent ici les soldats au combat ("
Dying Breed"), les mensonges politiques ("
No One Gets Left Behind"), le chagrin des familles ("Crossing Over"), le retour au bercail difficile ("
Far from
Home"), la névrose de guerre ("My Own
Hell") et la difficulté d’oublier la violence de la guerre pour recommencer à aimer ("
Falling in Hate", "
Walk Away").
Que l’on apprécie ou pas les thèmes abordés, l’ensemble reste cohérent d’un bout à l’autre. Toutefois, le plus important reste la musique, et force est de constater que le groupe livre ici un album maitrisé, bien produit et accrocheur en diable. Meilleur que le précédent ? Absolument ! Chef d’œuvre ?
Pas loin !
Sinon très bonne chronique et jolie comparaison avec le chanteur de Slipknot ;)
Cetet chronique me donne envie de m'attarder sur cet album.
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