Moonsorrow. En 2005, force est de constater que le groupe finlandais est dans sa meilleure forme, venant d’accoucher d’un chef d’œuvre, et ne subissant pas de conflits internes. Ainsi, fort d’un line-up stable, le groupe retourne donc en studio pour enregistrer le successeur de l’ultime
Kivenkantaja. L’album, nommé
Verisäkeet, arbore une pochette plus sombre que les précédentes, et surtout, se présente comme étant l’opus le plus long composé jusque-là par le groupe. Et ceci, en seulement cinq titres …
Il est donc aisé de remarquer que les chansons composées par nos finlandais pour ce nouvel opus sont très longues, allant de quatorze à dix-neuf minutes pour les quatre premières. Ceci peut laisser supposer que les chansons peuvent souffrir de quelques longueurs. Heureusement, après écoute, il s’avère que
Moonsorrow a évité ce piège, composant des titres poignants, et révélant quelques évolutions au niveau musical.
Pourtant, Karhunkynsi était de mauvais augure. Car si la majorité de l’album tient en haleine l’auditeur, ce n’est pas le cas de ce premier titre. En fait, on ne se rend compte de sa particularité qu’après l’écoute terminé. En effet, Karhunkynsi ne colle pas à l’ambiance, l’atmosphère générale de l’album. Là où « Haaska » ou «
Jotunheim » sont tristes tout autant que rageuses, Karhunkynsi n’exploite que ce dernier caractère, et paraît presque joyeuses par moment. La grosse session de blast-beat et de guitares teintées de Black à la fin du titre ne provoque pas l’effet escompté, et la chanson se termine péniblement.
Néanmoins, Karhunkynsi présente déjà quelques caractéristiques de ce qui va arriver ensuite. Ainsi, les guitares ont un feeling résolument plus Black que par le passé ( la fin de Karhunkynsi ), et sont également plus mis en avant. La batterie, elle, n’hésite pas à lâcher du blast-beat, venant supporter les riffs de Sorvali. Mais ce ne sont pas les seuls éléments à se tourner vers le Black. La voix de Ville est la même qu’avant, le même cri du guerrier résonne au milieu du champ de bataille, mais sur certains passages, les vocaux sont typiquement Black, comme sur «
Jotunheim ».
Verisäkeet vient aussi enrichir les innovations de
Moonsorrow, puisque les finlandais choisissent, dans cet opus, de mettre en avant les ambiances. Ainsi, les quatre dernières minutes de « Kaiku » sont purement ambiantes, des bruits évoquant la nature se mêlant à celui d’un feu qui crépite.
Moonsorrow expose ainsi le côté ambiant de la musique du groupe, mais n’en oublie pas pour autant la base de la recette propre aux finlandais. Les côtés épiques et folkloriques sont ainsi toujours présents, le clavier sublimant les compositions du groupe en leur donnant un caractère guerrier. L’accordéon, ainsi que le violoncelle, sont à l’honneur au niveau des passages Folk ( « Kaiku » ).
Verisäkeet va encore plus loin, car l’atmosphère délivré par le groupe est très caractéristique sur cet opus. En effet,
Verisäkeet est plus triste, un sentiment de mélancolie se dégage des compositions. Ce sentiment n’est néanmoins pas encore très marqué.
Moonsorrow suit sa route, faisant évoluer subtilement sa musique tout en gardant la base de sa réussite.
Verisäkeet s’impose comme un opus personnel, différent de son inégalable prédécesseur, mais malgré tout plus étrange. Le pont entre les trois premiers albums et celui-ci vient d’être franchi …
@morgothduverdon : Arf s'il n'est pas très folk j'ai un peu peur mais si le côté mélancolique est bien exploité ça peut être très intéressant aussi. Merci pour le lien je vais voir ça ;)
En tout cas le côté mélancolique est très bien utilisé sur les deux derniers.
Pour moi chacun des trois derniers opus est un monument de grandeur intemporel, un chef d'oeuvre au-delà de tout ce qu'on peut attendre d'un groupe de (pagan) metal, Moonsorrow évolue dans une autre dimension blablabla, sa vision transcende les barrières, etc mais je vais en rester là avec les éloges car je pourrais écrire un roman.
Par rapport à la chronique, je voulais réagir sur ton idée du titre "Karhunkynsi" : c'est vrai qu'il se démarque du reste de l'album, mais comme il est placé en ouverture ça ne bouleverse pas son équilibre (dans le principe, un peu comme le "21st Century Schizoid Man" de King Crimson).
C'est un morceau que moi-même je n'aimais pas tellement au début, et qui se doit d'être apprécié pour ce qu'il est : un p***** d'hymne guerrier rageur.
Je te dis merci pour cette chronique que je trouve très juste dans l'ensemble (et ça me fait plaisir de voir qu'il y a d'autres fervents admirateurs ici-bas).
C'est aussi l'album qui a le son que je préfère (ou à égalité avec Varjoina Kuljemme Kuolleiden Maassa), et sans doute la meilleure performance vocale de Ville.
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