Retour en fanfare des Norvégiens de
Borknagar en cette première partie de 2010. Après un disque entièrement Folk ("
Origin") comme ont pu en pondre des groupes tels que
Finntroll avec leur "Visor Om Slutet", la formation met au jour son troisième album studio depuis le départ de
Vortex (
Dimmu Borgir,
Arcturus) qui a laissé vacant le poste de chanteur (poste auquel monsieur
Vintersorg fait désormais honneur). Après un "
Epic" que beaucoup avaient qualifié de coup de génie du point de vue de la composition, "
Universal" avait tout intérêt à assurer une succession digne de ce nom.
Les deux albums précédents (sans compter "
Origin" bien entendu) avaient cette particularité d'associer chant Black hargneux (dans la veine de Grutle d'
Enslaved) et chant clair "viking" (une voix claire d'ailleurs spéciale et reconnaissable entre mille dont
Vintersorg a le secret) à un Black stylé, se permettant d'inclure une atmosphère 70' à l'aide de quelques passages légèrement jazzy et des sonorités de claviers. Et on peut dire que la recette n'a pas changé d'un poil, mais qu'elle est optimisée. À l'écoute du premier morceau mis en ligne pour la promo ("
Havoc", qui ouvre d'ailleurs l'album), on se rend compte que la production est plus adéquate.
Pas qu'elle soit mauvaise sur les deux disques précédents, mais moins harmonieuse, un peu trop proprette. Cette fois, l'alchimie est à son comble, les riffs, toujours aussi audibles, sont en plus soulignés par une basse qui se faufile partout et offre un rendu jouissif, Dave Kinkade nous gratifie à nouveau de plans de batterie à tomber (je vous conseille de tendre l'oreille sur "
Reason" un peu avant les trois minutes, pour un exemple parmi tant d'autres), les claviers offrent une atmosphère unique et le chant n'est autre que la touche finale qui, progressivement, amène l'auditeur vers des passages superbes, indéniablement bien pensés (comme le break de "
Havoc", ou son refrain tout simplement).
Ce sont des morceaux diversifiés qui vont s'enchaîner, et c'est pour moi un point fort par rapport à "
Empiricism" et "
Epic" : le disque est certes homogène, mais chaque chanson possède sa mélodie vraiment propre, particulière, qui fait qu'après une première écoute, l'auditeur sait pertinemment quelles pistes il va se repasser en grande priorité. Et il y a du choix...
Entre le riff dissonant couplé à ces fameux claviers 70' de "
Reason" et son refrain une nouvelle fois très réussi, le refrain furieux sur fond de blast de "For a Thousand Years to Come", titre muni d'un thème intéressant à la flûte qui revient plusieurs fois ainsi que d'un magnifique break jazzy, les envolées rappelant
Arcturus et
Solefald (c'est d'ailleurs Lars Are Nedland, dit "
Lazare" dans
Solefald, qui s'occupe des claviers) sur "Fleshflower" ... Difficile de savoir où donner de la tête.
Certains discuteront l'
Originalité de l'album, la recette n'étant que remise à jour et certaines influences bien décelables, mais franchement, la signature
Borknagar (avec en plus ce
Vintersorg à la personnalité unique) est de suite reconnaissable, si ce n'est que, je le répète, elle est pour le coup deux fois plus imposante.
Même
Vintersorg, dont je vantais à l'instant les mérites, se démarque de ses propres prestations précédentes, variant son chant clair, posant sa voix sur les refrains et les couplets de manière si évidente et pourtant toujours si personnelle, conservant l'équilibre idéal entre une voix claire (tout de même plus présente que d'habitude) et un chant hurlé enragé de bonne facture.
Le niveau de ces huit morceaux est extrêmement haut, les compos très réfléchies, et je ne peux que vous conseiller de vous procurer en plus l'édition limitée, qui offre pour couronner le tout deux titres bonus qui auraient tout autant mérité une place sur ce disque.
"
Universal" n'est pas un album commun, mais met en commun divers éléments pour s'entourer d'une aura cosmique (pas comique). "Mise en commun", "cosmos" : diverses manières de comprendre d'où ce disque tire son nom, mais une seule façon d'annoncer comme il se doit son arrivée dans le monde
Metal : "
Borknagar à vous" !
18/20
Un véritable plaisir auditif.
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