Deathcore? Death mélodique? Death metal?
The Black Dahlia Murder fait encore bouillir le débat autour de son orientation musicale, incluant pas mal d’éléments différents dans une musique qui a su créer une figure quasi-mystique. Mais cette image ne s’est pas matérialisée sans mal, le groupe ayant eu beaucoup de changements au sein du line-up de 2001 à 2008. Tout commençait par une démo (
What a Horrible Night to Have a Curse) de qualité plutôt moyenne tant par sa production que par son contenu, où on pouvait entendre un groupe qui se cherchait encore, ce n’est qu’en 2002 que les membres semblent progresser musicalement. Mais après tout, ce n’était que le début, alors nous pouvons encore pardonner le fait qu’ils laissaient fortement transparaître leurs influences scandinaves:
At The Gates,
Dark Tranquility...
En 2003 sort enfin le premier album «
Unhallowed», qui propulsera le groupe sur le devant de la scène underground. Petite anecdote, dans le staff de prod’ du CD se trouve un certain Ryan «Bart» Williams, qui n’est autre que le futur bassiste de
The Black Dahlia Murder à partir de 2005
Sous cette pochette dépouillée et sombre se cache un album qui fera prendre au groupe un tournant décisif au sein de sa carrière.
L’intro éponyme met tout de suite l’auditeur dans cette ambiance glauque, obscure, morbide... Des sons inquiétants précèdent rapidement des voix semblant sortir d’outre-tombe, renforçant un sentiment d’oppression, on se croirait au milieu d’un cimetière envahit par les arbres, au beau milieu de la nuit... De quoi devenir paranoïaque...
Mais
The Black Dahlia Murder guette, telle une bête monstrueuse s’apprêtant à dévorer sa proie paralysée par la peur... Les premiers riffs de guitare se font entendre, accompagnés de la caisse claire, puis c’est le coup de départ.
C’est avec une sonorité encore plus glauque que le groupe nous accueille, autant le dire tout de suite, l’effet marche très bien, on ne cesse de ressentir un certain sentiment de malaise, de quasi-possession.
Puis «
Funeral Thirst» entre en jeu, tout s’accélère, la batterie envoie un blast beat carré, les guitares balances un riff acéré et Trevor démarre sa prestation par un cris quasi-inhumain. Il n’y a pas à dire, «
Funeral Thirst» fait partie des titres les plus sombres que
The Black Dahlia Murder ai créé, avec son atmosphère oppressante, son soli dangereusement efficace sans être trop technique, l’album s’ouvre de très bonne façon. Mais on remarque déjà un point noir, la basse se relève trop absente, dominée par la prestation des guitaristes et batteur, masquée par une prod’ qui a ce coup-ci mal équilibré l’ensemble, mettant un peu trop en avant les vocaux et les guitares.
Dans l’ensemble, le morceau s’avère de très bonne facture, malgré ce déséquilibre au niveau du mixage, respectant l’atmosphère installée par une intro morbide à souhait, instaurant ainsi une bonne continuité.
Mais malgré une entré en matière bien composée, on atterrit vite devant une semi-déception avec «
Elder Misanthropy», non pas que le titre en lui-même soit mauvais, mais les influences scandinaves se font trop fortement ressentir, montrant que le groupe a encore besoin de temps pour s’acquérir une personnalité qui lui est propre.
La musicalité est bonne, bien qu’on retrouve encore ce problème avec la basse, couverte par le reste du groupe. «
Elder Misanthropy» casse un peu l’enthousiasme que laissait son prédécesseur.
La suite s’avère elle aussi plutôt décevante, laissant apparaître encore trop ses influences,
The Black Dahlia Murder ne tombe pas dans le bête copié/collé mais la musique en elle même rappelle beaucoup trop
At The Gates,
Insomnium ou
Dark Tranquility par moments, ce qui éclipse donc le nom du groupe en lui-même.
Après une suite de morceaux plutôt dispensables arrive «The Blackest Incarnation», qui laisse un peu plus de place à la personnalité naissante du groupe, réussissant à rattraper un peu le coche. Si le sentiment d’oppression s’est volatilisé, le titre offre une nouvelle occasion de ressentir un sentiment de deuil et de malaise, renforcé en particulier à partir de cette envolée quasi-funèbre à se tordre le coeur et les poumons, par l’atmosphère désormais suffocante. On approche à nouveau l’album avec un regain d’enthousiasme, retrouvant cet air fantomatique que laisse ce groupe.
Oui, vous l’aurez sans doute remarqué, l’ambiance générale de l’album se résume au désespoir, la mort, le suicide, la folie et le dégoût de la vie, c’est dire si monsieur Trevor Strnad n’a pas quelque chose de caché en lui...
Avec «The Blackest Incarnation», l’auditeur retrouve donc enfin
The Black Dahlia Murder sous sa forme la plus démoniaque qu’il puisse afficher à ces heures.
Autre bonne surprise, «Closed Casket
Requiem», véritable hymne suicidaire, débordant de folie morbide, constituant l’un des morceaux les plus aboutis de cette époque du groupe. Saisissant de par ses airs torturés, emplis de désespoir et de démence, l’ensemble s’avère très convaincant, laissant paraître certes encore ses influences, mais cette foi-ci sans trop en faire, permettant de maintenir ce cachet très personnel, déchaînant une nouvelle fois cette bête avide de chair fraîche, tapie dans l’obscurité la plus profonde, on en deviendrait presque fou...
Mais c’est le final de «Closed Casket
Requiem» qui fini d’achever sa victime, dernières gouttes de sang, dernières larmes avant l’entrée dans les abysses, le morceau se conclu donc par des hurlements désespérés d’un vocaliste qui semble lui aussi sombrer dans la folie.
En somme, «
Unhallowed» se décrit comme un album pas si mal, mais possédant des tares qui plombent quand même l’écoute, où il sera donc difficile de suivre l’album d’une seule traite. On reproche une certaine répétitivité dans la structure des morceaux en eux même, une basse mise en arrière et des influences encore trop flagrantes. Mais pour un premier effort, nous pouvons tout de même saluer une certaine sincérité laissant présager un avenir prometteur.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire