Après la sotie du colossal «
Nocturnal», il était encore difficile de parler d’une quelconque réelle évolution du groupe après une telle expérience, inoubliable, abouti... Bref «
Nocturnal» était la consécration d’un groupe qui a mis un certain temps à se forger une identité.
On aurait put croire qu’on a fait le tour de la question, pourtant
The Black Dahlia Murder ne lâche pas l’affaire malgré une triste nouvelle qui viendra chambouler toute la conception même de la musique du groupe, car John Kempainen fini par quitter la bande après 8 ans de bons et loyaux services. Remplacé au pied levé par Ryan Knight (ex-
Arsis), le groupe annonce d'ores et déjà son prochain album à venir dans, comme le demande la coutume du groupe, les 2 ans à venir.
Toujours fidèle aux services du Studio
Hammer mené par
Jason Suecof,
The Black Dahlia Murder se lance alors dans l’enregistrement de «
Deflorate», premier album sans Kempainen et premier essai avec Ryan Knight. Autant dire que les attentes se sont grandes, est ce que le petit nouveau arrivera-t-il à faire plus fort que son prédécesseur? Va-t-il réussir à transmettre autant d’émotions dans ses solos que ceux d’un «Deathmask Divine» ou d’un «
Funeral Thirst»?
Ce qui frappe en premier, c’est l’artwork, tellement colorée qu’on se demande sérieusement si on tient en mains un album de
The Black Dahlia Murder.
Pas au goût de tout le monde dira-t-on, puisque le groupe nous avait tout de même habitués à des pochettes sombres, même celle de «
Miasma» n’est pas aussi criarde... On retrouve tout de même une caractéristique propre au groupe, ces petits relents glauques, dérangeants qui apportent un certain charme à une jaquette pas vraiment attirante.
Pas d’introduction, on attaque directement avec «Black
Valor»... Et c’est tout de même une douche froide... Le rythme est pas mémorable, c’est même beaucoup trop facile, la batterie reste pourtant détonante mais semble s’être un peu (trop) assagie, quant aux vocaux de Trevor, on reste tout de même dans ce qui se fait de mieux dans son domaine, il a tout de même gardé cette hargne, le punch nécessaire pou envoyer six pieds sous terre.
Mais les choses se gâtent au fur et à mesure que le temps passe, on a du mal à décoller réellement, on sent que la bête marche d’une façon pataude, le pire est à venir lorsque Ryan Knight installe son solo, démonstratif, trop rapide et très rapidement oublié, il enchaîne les notes comme une rivière ce qui fait qu’on ne ressent absolument rien...
Pourtant, «Necropolis» arrive à remonter très légèrement le niveau en proposant quelque chose d’un peu plus consistant, plus semblable à sonorité de la période «
Miasma», le titre arrive à accrocher mais que moyennement, encore une fois le solo de guitare est aussitôt écouté, aussitôt oublié... Ça se gâte... On dirait que
The Black Dahlia Murder a perdu de sa superbe...
Pourtant il y a des éléments acceptables dans «Necropolis», cette accélération plutôt entraînante, le refrain qui tente d’être repris en chœur avec tout un public, mais il en est que l’esprit s’est quelque peu dissipé.
Les morceaux s’enchaînent, et c’est difficile de ne pas décrocher, on est déjà lassé au bout de seulement 4 pistes, et à force d’écouter des solos aussi fades voire même à la limite du supportable (celui de «Denounced, Disgraced» est vraiment difficile à digérer). On navigue entre le fade, le (un peu) exploitable et le consternant.
Pourtant «
Throne Of Lunacy» arrive à faire un peu mieux, malgré son instrumental peu inspiré arrive tout de même à faire sortir de sa léthargie l’auditeur.
On arrive même à avoir un petit solo de basse accompagné d’un Trevor qui a du mal à réellement scotcher, on dirait même qu’il n’est pas totalement à fond dans la musique. On fera l’impasse sur le solo de guitare qui est tout aussi insipide que les autres, encore une fois c’est bien trop démonstratif, certes Ryan Knight est rapide, très rapide, mais nous sortir une flopée de notes à une vitesse de dingue ne réussit pas non plus à scotcher celui qui aimerait ressentir des émotions à travers une musique, et même si à la base «
Throne Of Lunacy» ne dispose pas d’assez de force, de caractère pour diffuser quelque chose de fort, le solo fini par écraser littéralement tout espoir.
«
That Which Erodes the Most tender» et son départ absolument pas convaincant, même très mou arrive tout de même à se donner un coup de fouet passé les quelques secondes d’ennui. Pour une fois Ryan Knight pose un solo bien plus digeste, mais qui ne diffuse toujours pas d’émotions suffisamment fortes pour vraiment dire que l’ensemble même du morceau tienne sur une base solide, même c’est une structure vraiment instable sur laquelle reposerait l’ensemble de l’album...
«
Deflorate» se termine par «I
Will Return» lui aussi possédant la même tare que son prédécesseur, une intro vraiment amère, pas du tout agréable à l’oreille mais une suite qui s’avère de meilleure facture, c’est peut-être même le meilleur morceau de cet album, mais hélas le dernier. Du coup on ressort de l’écoute avec une frustration intense et un goût amer... Pourtant l’ensemble pouvait faire mal, pouvait être bien mieux que ça, mais les guitares peinent à convaincre, la batterie manque de variété dans son jeu et les vocaux sont moins mémorables que sur les albums précédents...
Le constat est là,
The Black Dahlia Murder a pris un sérieux coup dans l’aile avec le départ de John Kempainen, où est donc passée la noirceur d’un «
Unhallowed» ? Où est passée la folie d’un «
Miasma» ? La grandeur et la bestialité de «
Nocturnal» ?
The Black Dahlia Murder a perdu de sa superbe, malgré une production qui fait mouche (le travail de Suecof est un gage de qualité en matière de son), l’ensemble est vraiment pas mémorable, pénible à écouter d’une seule traite.
Pourtant on pourrait pardonner cette erreur de parcours de par l’intégration d’un nouveau guitariste soliste qui a encore besoin de se faire les dents sur la musique du groupe, cet album est peut-être probablement sorti trop tôt ?
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire