L’arrivée en demi-teinte avec un «
Deflorate» peu convaincant avait quelque peu plombé l’espoir de voir
The Black Dahlia Murder sous un nouveau jour après le départ d’un de ses membres clef, John Kempainen.
En effet, bien que son successeur, Ryan Knight, possède un jeu rapide et d’une précision redoutable, il n’en était rien quant à l’esprit propre au groupe, là ou Kempainen savait user de solos torturés puisant dans des influences scandinaves, Knight semblait entrer dans la démonstration et le shredding, pas franchement plaisant quand on aimerait écouter un titre à la base sombre et suffocant.
Alors que le combo du Michigan amorce nombre de tournées et de festivals, l’attente d’un prochain album s’installe déjà, et les attentes se font bien plus grandes, beaucoup de fans espérant une correction de ce qui était pour eux un album fade et sans réelle conviction, qui ne possédait pas la magie propre à
The Black Dahlia Murder.
S’annonce donc pour l’année 2011 «
Ritual», les premiers jets sur internet laissent penser que le groupe a l’air d’avoir en effet apporté les corrections qui s’imposaient, de plus le label MetalBlade Records propose une édition limitée en pré-commande fort curieuse, s’agissant en effet de l’album en lui-même accompagné... d’une table ouija... Gros coup commercial diront certains, d’autres penseront à la curiosité, à la découverte des rites en rapport au spiritisme...
Mais qu’en est-il de l’album en lui-même?
Sa pochette au vert dominant évoquerait presque la Saint Patrick, blague à part les ornements dorés soulignent des trait d’une finesse remarquable, dessinant une fresque dans l’esprit des tables ouija, des rites liés aux démons... bref au spiritisme tourné vers les forces démoniaques. Il faut tout de même admettre que le travail sur ce point arrive à retenir l’oeil, et ce, fort bien.
Une ambiance dramatique s’installe, des cordes jouant une ligne sombre, quasiment oppressante. Cette sensation de retrouver un peu l’esprit de «
Unhallowed» reste plaisante, alors que l’ensemble créée une montée en puissance, c’est au tour de l’ensemble guitare/basse/batterie d’entrer en jeu comme un coup de tonnerre, montant d’un cran la tension.
Puis tout démarre réellement, «A
Shrine To Madness» se présente comme une introduction surprenante, où Trevor, accompagné de sa bande, au milieu de mille tourments.
Nous sommes alors rassurés, enthousiastes même, car le groupe semble avoir compris que «
Deflorate» fut une grossière erreur, les guitares servent un riff fort convaincant, quand à
Shannon Lucas, il semble plus libre et abuse moins sur le blast beat, il semblerait même avoir retrouvé cette liberté présente sur «
Nocturnal». Même le solo de guitare de Ryan Knight est de bonne facture malgré une accélération qui fait un peu tâche, cette fois-ci il arrive à mieux convaincre en suivant la lignée de John Kempainen tout en y apportant une petite touche de personnalité qui fait toute la différence.
Le titre suivant «
Moonlight Equilibrium», qui était déjà présent en pré-écoute sur internet, s’avère lui aussi être un très bon cru, son atmosphère suffocante, son rythme particulièrement entraînant, voilà un titre fort bien travaillé et son solo efficace sur tout les points, rien ne raisonne comme de la démonstration, mais comme de l’émotion à l’état pure.
«
Moonlight Equilibrium» est un titre rapide, où les guitares sont déchaînées, accompagnées d’une batterie virevoltante et d’un Trevor au top de sa forme, ayant gagné du punch semble-t-il ces derniers temps.
Une bonne surprise attend l’auditeur avec «
Carbonized In
Cruciform», son introduction acoustique se révèle fort en émotions, préparant à un véritable déluge, un naufrage dans les abysses.
Les influences scandinaves se font plus ressentir, mais n’entravent pas le plaisir de l’expérience, on ferait plutôt face même à morceau qui aurait eu sa place sur «
Nocturnal». Le titre enchaîne les accélérations, les passages glauques au possible et les envolées sinistres. Cependant, le solo de guitare s’avère moins convaincant, encore des relents de «
Deflorate» dirait-on, ce n’est pas que Ryan Knight ne possède pas le talent nécessaire au groupe, mais il semble avoir encore quelques difficultés pour maintenir une certaine continuité dans ses solos.
Plus le morceau avance, plus on entre dans un contexte dramatique déjà rencontré avec «A
Shrine To Madness», pour ensuite se terminer par un piano empli d’émotions qui arrive à faire mouche.
Nous avons évoqué la sonorité de «
Nocturnal» tout à l’heure, et nous allons le revoir avec «The Grave Robber’s Work», qui lui aussi aurait trouvé sa place sur cet album. Le ton y est sombre, malsain, l’atmosphère suffocante se fait fort bien ressentir, et on retrouve un petit côté de folie ajoutant du piquant au titre. Malheureusement, encore une fois, le solo de Ryan Knight peine à scotcher, encore trop démonstratif, mais il faut tout de même reconnaître que «The Grave Robber’s Work» ne faiblit pas et gagne en puissance à chaque seconde.
«
Ritual» se termine par «
Blood In The Ink», où on atteint un degré de plus dans l’évolution,
The Black Dahlia Murder n’hésitant pas à installer des instruments plus classiques, renforçant un caractère déjà fort. «
Blood In the Ink» est un titre abouti, signant un véritable changement dans la musique du groupe. La recette de base reste inchangée mais chaque instrument arrive à apporter son lot de nouveautés, et c’est en particulier grâce aux instruments classiques que le titre arrive à maintenir l’auditeur dans une ambiance explosive où la tension ne faiblit pas.
Finalement, «
Ritual» rattrape le coche et corrige les défauts de «
Deflorate», mais malgré un instrumental efficace, il reste que les solos de Ryan Knight peinent à maintenir une certaine continuité et peuvent parfois même faire chuter une ambiance qui se rattrape plutôt bien malgré tout. La production de
Jason Suecof reste toujours aussi remarquable, permettant de voir que chacun des membres du groupe se sent plus à l’aise et plus libre.
Super chronique encore une fois soit dit en passant !
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