Le monde de la musique a toujours été peuplé de plusieurs catégories de personnes. Si l'on devait en définir les extrêmes on pourrait sans doute dire, de manière très stéréotypée : les compositeurs/musiciens de talent par lesquels le génie créatif s'échappe de chacun de leurs pores et... les Tarés Opportunistes, Kitsh et Yé-yé, Objéctivement et Hautement Obstinés a Terrorisé les Ecouteurs Lambda (plus communément appelés les T.o.k.y.o H.o.t.e.l pour des raisons pratiques).
L'un de ces génies, nous fit part d'une pensée bien à lui sur la musique au début du XVIIIe siècle :« Le but de la musique devrait n'être que la gloire de Dieu et le délassement des âmes. Si l'on ne tient pas compte de cela, il ne s'agit plus de musique, mais de nasillements et beuglements diaboliques.» ...Jean-
Sebastien Bach.
Ce qui fait que ces gens sont des génies c'est aussi le fait qu'ils sont très visionnaires. Car oui ! Il y a deux siècles, monsieur Bach avait déjà anticipé la création du black métal et la venue de l'astre gorgoroth sur notre belle terre. Le condensé de nasillement et beuglements diabolique dont il est ici question s'intitule «
Under the Sign of Hell» et il est le chapitre final de ce que l'on pourrait appeler la première trilogie de gorgoroth. Je vois des néophytes du groupe qui froncent les sourcils donc je vais faire un tour rapide de la bête ténébreuse et de sa discographie, dont la qualité à une fâcheuse tendance à s'effriter avec le temps, afin qu'ils ne se perdent pas en chemin.
Gorgoroth est donc un groupe de black metal originaire de la magnifique Norvège. Il fut formé en 1992 par infernus qui officie depuis toujours au sein de la bande en tant que compositeur (je ne parlerai pas des albums composés par king et chantés par gaahl) et guitariste. Le groupe sort sa première démo intitulée «
A Sorcery Written in Blood » en 1993 et son premier vrai cd «
Pentagram » en
1994. Le groupe se fait dès lors une réputation au sein de la scène scandinave malgrè le fait qu'ils soient plutôt considérés comme appartenant à la seconde vague de black metal norvégien à cause de la nette domination de groupes tels que Mayem,
Burzum,
Immortal,
Darkthrone,
Emperor et bien d'autres consorts. Mais le groupe n'a pas pour but la commercialité ou la popularité. Leur musique est une offrande froide et haineuse au seigneur des enfers et elle continue son évolution lors d'un second album : «
Antichrist» qui voit le jour en 1996.Le nom du groupe acquiert alors un semblant de notoriété au sein de la scène scandinave grâce à la brutalité, l'ambiance et le côté sans compromis de chacune des compositions. Les fans ont donc tendances à parler de trilogie, car ces deux albums et «
Under the Sign of Hell » forment les trois premières réalisations de gorgoroth. Ces trois opus ont la particularité de partager entre eux une ambiance malsaine, mais aussi belle et entraînante avec des riffs simplistes, mais inspirés. La musique de gorgoroth évoluera par la suite donnant un côté plus propre à la production ou augmentant/diminuant la puissance des compos.
En attendant, je suis là pour vous parler de la dernière oeuvre de ce tryptique satanique et bien que la manière dont gorgoroth arrive si bien à transcender la beauté par l'horreur, l'occulte et la fièvre des enfers demeurent un mystère pour moi nous allons décortiquer cela.
Cette offrande à satan se compose de neuf pistes, mais malgré cela elle demeure passablement courte, à peine plus de trente minutes, en revanche la qualité l'emporte haut la main sur la quantité. Nul ne sait ce qu'il s'est passé dans l'esprit d'infernus lors de la composition, mais il est rare de voir un si bon mélange de chaos sonore et de mélodie. La batterie malgré le fait qu'à certains moments elle soit peu variée, est dynamique et ne peine pas à se faire entendre. Les guitares sont dotées d'un son très « cru », peuvent passer du riff simple et entraînant comme sur «
Revelation Of Doom» ou «
Funeral Procession » aux riffs psychédélique tel que l'on peut l'entendre sur «
Blood Stains The
Circle » ou « The
Rite of
Infernal Invocation ». De plus la voix de pest (unique chanteur sur ce cd contrairement au précédent) est parfaite ! Elle colle merveilleusement à chaque composition, peut varier du chuchotement sadique, au hurlement éraillé sans compter le chant clair et grave que l'on retrouve sur « Profetens apenbaring ». L'homme nous prouve qu'il est l'un des chanteurs de black les plus talentueux de nos jours et il nous le démontre parfaitement sur le décevant «
Quantos Possunt ad Satanitatem Trahunt » par le fait que son chant soit la seule chose qui relève réellement le niveau, même s'il n'arrive pas à la cheville de ce qu'il nous offre sur cet opus.
Vous l'aurez bien compris chers lecteurs ce disque est un des meilleurs du groupe et, est un album de black metal, en général, culte. N'en déplaise à monsieur bach, le chanteur a une voix écorchée et ils demontrent leurs haines envers dieu à chaque seconde cependant c'est bel et bien de la musique. Talentueuse, inspirée, pleine de personnalité où les défauts sont écrasés par le poids de nombreuses qualités. Avec ce «
Under the Sign of Hell » infernus et ses compagnons ont signé une diabolique création qui continue de faire parler d'elle aujourd'hui encore. La beauté par la haine, la mélodie par le chaos, écouter ce cd n'est pas sans rapport avec la géniale « divine comédie » du poète
Dante. Il descend les neuf cercles de l'enfer, nous sommes entraînés dans un abîme émotionnel au long des neuf titres.
Dante s'aperçoit qu'il est aux portes des enfer à son entrée dans le premier cercle, nous nous rendons compte aux premières notes de «
Revelation of
Doom » que nous avons lancé quelque chose de grand qui ne nous laissera ni indemne, ni indifférent. Arrivé au neuvième cercle
Dante rencontre lucifer, arrivés à la fin du neuvième titre « the devil Is Calling » nous nous rendons compte que par les maléfices de gorgoroth nous avons pu effleurer une infime partie de l'essence du diable.
Voilà donc où nous en sommes mes amis, à travers un simple élément matériel aussi banal qu'un cd le groupe parvient à nous transporter mentalement dans un abysse sans fond où des êtres ténébreux du nom d'infernus, pest, grim et ares tourmentent nos émotions du début à la fin et nous détruisent physiquement à force d'headbangs et de déchaînements corporels passionnés.
Une grande trilogie dans le black metal, un album final magnifique et démoniaque et même si le groupe a connu de nombreuses déboires ces dernières années et que vous faîtes désormais partis des détracteurs du nouveau gorgoroth rappelez vous...oui, rappelez vous que ce groupe eut autrefois une carrière glorieuse capable de rallier tous les avis positifs sous la bannière de leur talent et de forcer le respect parmi leurs antagonistes de la vieille scène black.
Certains pourront toujours dire « des déchus... », je ne chercherai pas à contredire n'ayant pas d'avis réel sur la question, je répondrai seulement à ceux-ci « des cultes... »
Le morceau "Blood Stains the Circle" est un chef d'oeuvre absolu, très original.
Cependant je place l'album suivant, Destroyer, au même niveau. Avec par exemple "Pa Slagmark Langt mot Nord", chef-d'oeuvre aussi !
Autrement la chronique aurait pu entrer plus rapidement dans le vif du sujet et noter les différences que présente cet album avec les précédents (car déjà de sacrés changements, notamment dans les ambiances) et les suivants (que je ne connais très peu) au lieu de s'arrêter à des superlatifs souvent subjectifs.
À quoi bon parler de la différence avec les autres opus, même si cela pourrait être pertinent, car tous les albums de Gorgoroth sont différents.
Mais quand même, ce son de batterie, légendaire!
Dommage que maintenant le groupe est devenu moins bien.
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