Gorgoroth, suite. (celle de
Pentagram du Mamafucker ne va pas tarder à arriver, laissons-lui le temps)
Avec le Mamafucker et le ArchEvil, il va falloir que l’on nous explique un truc… pourquoi
Gorgoroth, excellent groupe de cette fameuse seconde vague du black metal, fut relayé en deuxième division alors qu’il méritait pleinement sa place dans le panthéon du black norvégien ?
Il y a certes plus ou moins la faute d’
Immortal, qui doubla avec son
Pure holocaust un excellent
Pentagram, jugé bien moins personnel et affirmé à l’époque. Le groupe était plus discret que ces confères
Mayhem ou
Burzum, ou bien loin des déclarations fracassantes de
Darkthrone. Le pire vient sérieusement entaché la chose, surtout quand une pelletée de crétins venant te sortir que
Gorgoroth est de retour, en devenant les maîtres du « true black métal norvégien » avec leur très mauvais
Twilight of the
Idols.
Quoiqu’il en soit, maintenant
Gorgoroth est définitivement mort, et ça depuis la récente éviction de son guitariste fondateur, Roger Tiegs aka
Infernus, cocaïnomane à ses très nombreuses heures perdues. Mais la chose qui est sûre, c’est que le bonhomme sponsorisé par SNCF, entre 1993 et 1996, pondit trois disques phénoménaux, dont un fut tout bonnement pour moi-même le disque révélation, celui qui fut durant 3 années de ma vie un KVLT. Un KVLT, car tous les matins, la galette était enfournée dans le mange disque et soigneusement écoutée. Certes, la chose s’est calmée, et au lieu de l’avoir minimum sept fois dans les cages à miel dans la semaine, c’est juste sept écoutes hebdomadaires, et non plus le matin, mais n’importe quand dans la journée. Un disque bouffé et chié par tous les trous de mon corps.
Tiegs proposa ici un disque bien loin du
Pentagram, transpirant la haine, avec ce chant de gargouille particulièrement hargneux de
Hat, des fois limite aboyé, couplé à une musique avec de beaux relents thrashy, qui n’hésitent pas à pondre des morceaux ultra épiques, les Måneskyggens slave et Hudlerokk en tête.
N’ayant jamais stabilisé à cette période sur plus de deux disques le même line-up, certains guests font leur apparition, en commençant par
Frost********* himself, dont le jeu ici complétement épuré ne trahit absolument pas sa présence. Le père
Hat est toujours au chant, mais abandonna toute la rage qui le caractérisait, s’aventurant même dans des contrées inattendues.
Antichrist fut aussi le disque où un certain
Pest, pas encore hurleur chez les
Obtained Enslavement, posa pour la première fois ses vocaux d’outre-tombe. Et c’est aussi le disque où
Infernus montra qu’il est fan du Seigneur des anneaux en envoyant une sorte d’album-concept de vingt-cinq petites minutes chrono.
Antichrist est dans le fond un album doté d’une mélancolie sourde, et raconte probablement la fin du monde dans une terre imaginaire proche des écrits de J.R.R. Tolkien. En fait, avec son intro de 21 secondes, rien ne laisse vraiment deviner du contenu qui va suivre.
Pest par ailleurs se charge de celle-ci, en posant un grognement inhumain apparemment enregistré sans effet. La grosse caisse et une gratte distordue se font entendre, et voilà que débarque enfin l’annonciatrice de l’Armaggedon : Bergtrollets hevn.
Hat, ici au chant, possède dans son timbre de voix un ton fataliste, qui colle parfaitement à cette musique pas joyeuse pour deux sous, et particulièrement épique. Sans oublier les riffs trémolants pas mal pour narrer le départ en bataille de nos petits trolls de la montagne (cf. le titre).
Arrive ensuite «
Gorgoroth song ». De mes vagues souvenirs, cette région dans le Seigneur des anneaux est une province reculée, en proie aux intempéries, expliquant son sample de bruit de tempête de neige.
Linéaire pendant les deux premières minutes, la basse mène le jeu à elle seule, lui donnant un aspect chevaleresque, je me suis toujours représenté ces fameux trolls qui vont au
Gorgoroth au galop afin de se préparer à la guerre. Faite d’accalmie et de passage plus rapide, cette musique est incontestablement la deuxième plus triste du disque. Et ce n’est pas ce chant clair et désespéré de
Hat, pointant le bout de son nez, accompagné d’une simple guitare au riff lent qui fera dire le contraire. Pourtant la présence de ces solos lumineux, paradoxalement, contrebalance la tristesse du morceau. On peut dire qu’à la fin de la musique, la première partie de l’histoire du disque est finie, place à la guerre pour de bon.
Et voilà le morceau dans l’album qui pour beaucoup fait tâche, car le ton est différent, mais qui s’inscrit complètement dans la continuité de la chose. Après la préparation au combat, il fallait bien que celui-ci ait lieu. Place à
Pest pour la gueulante, la rage sur celui là est omniprésente, et voilà que vient la bataille rangée.
Riff ultra-agressif, batterie limite épileptique sur les couplets, et ça durant presque 5 bonnes minutes, dont la haine qui en ressort laisse présager une hécatombe. Un envoi de la cavalerie annoncé à partir de la troisième minute, avec une frénésie non feinte, une batterie certes plus lente, mais un riff complétement démentiel bien que simpliste. Puis place de nouveau au carnage. Le «
Possessed by
Satan » scandé donne le ton : les forces du mal l’emportent. J’ai l’impression que beaucoup en fait n’ont pas réellement compris la façon dont le disque est fait, ce qui explique pourquoi cette musique est haï, car absolument pas dans le même groove. Il faut pourtant y prendre telle qu’elle est :
Possessed (by
Satan) est une musique qui scinde clairement le disque en deux, puisque les deux derniers titres possèdent un aspect encore moins enjoué que Bergtrollets hevn et
Gorgoroth song.
Anisi se stoppe la première partie du disque pour laisser place à la deuxième, et est dans le genre assez plombée. Heavens fall est quant à elle presque entièrement instrumentale, hormis ce rire cinglant, victorieux et moqueur qui pointe le bout de son nez vers la fin. C’est très certainement la musique la plus épique du tout
Gorgoroth.
Riff un peu trémolant et thrashy, batterie en mid-tempo, elle se place très judicieusement dans l’ordre de l’album, la colère noire laissant place à une envolée des plus épique. La retraite des perdants à grand galop, poursuivis par les vainqueurs, qui cherchent à achever les survivants… Ainsi débarque
Sorg, qui permet de contempler un monde à l’agonie dans une tristesse infinie. Bruit d’un cloché au loin, tempo lent, mais surtout, la magnifique voix claire de
Hat, qui se rapproche beaucoup des chants grégoriens, entonne la misère de ce monde ravagé. Quelques sursauts de voix black, qui ressemblent plus à de la colère triste qu’autre chose. Le riff principal, avec sa lenteur d’exécution, fait très fortement pensé à une âme en peine portant sa pénitence... une fin sublime.
Antichrist, une œuvre à l’approche quasiment cinématographique ? Oui, très clairement, vu les images fortes que la musique arrive à véhiculer. Et c’est bien pour ça que cet album possède une qualité bien rare, que je trouve légèrement au dessus du déjà excellent
Pentagram. Il est peut être plus accessible que les restes, mais ça reste une des valeurs sûres du
True Norwegian Black
Metal. Et c’est aussi un des seuls albums qui mérite sans avoir à forcer un beau 20/20.
Allez, place à ArchEvil, pour sa chronique de l’ultime
Under the Sign of Hell.
D'un point de vue complètement subjectif, j'associe Under the Sign of Hell et l'année 1997 comme les derniers repères où l'on peut réellement parler de « True Norvegian Black Metal ». Le terme n'a depuis plus la même essence à mes yeux.
Enfin IHYD, ne me demande pas de te donner mon avis sur les albums suivants de Gorgoroth. Je ne connais plus le groupe depuis sa signature chez l'industriel Nuclear Blast, jusqu'à ses récentes & pitoyables démêlées internes.
Fabien.
A partir de Destroyer, considère que c'est le début de la fin, Infernus n'étant plus le compositeur principal. Par ailleurs, ils avaient fait un sacré sursaut artistique sur le dernier, sacrément inspiré.
Enfin maintenant, Gorgoroth, c'est Crimson Moon, deux groupes à part. A boycotter, tout bêtement.
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