1988 : une de ces années bénies pour le Thrash
Metal américain.
Après la déferlante que furent les années 1985-87, certaines formations d’avant-garde expérimentèrent leur style dans diverses directions. C’est notamment le cas de
Metallica, avec son austère et presque progressif "...
And Justice for All" ou de
Slayer, avec son lent et insidieux "South of
Heaven". D’autres groupes californiens confirmèrent leur talent, tels
Exodus avec son "Fabulous
Disaster",
Death Angel avec "Frolic
Through the Park" ou
Testament avec "The New Order". Et enfin, certains sortirent de l’ombre en offrant leur première réalisation, tels
Vio-lence et Forbidden.
Parmi les membres de cette scène Thrash américaine, alors riche en innovations et en constante évolution, les New-Yorkais d’
Overkill, après leur prometteur et original "
Feel the Fire" et le tout aussi bon "
Taking Over", livrèrent en cette année 1988 leur troisième album : "
Under the Influence". Du côté des percussions, le batteur Bob "Sid" Falck a remplacé Lee "Rat Skates" Kundrat.
Du changement au niveau du style ?
Pas vraiment. On a toujours droit à des rythmiques endiablées, des accélérations très Speed et des coups de batterie qui suivent avec une précision de métronome les breaks de guitare. L’intention se veut au moins aussi directe et brute de décoffrage que sur les deux albums précédents, en témoignent le morceau d’ouverture "Shred" ou la quatrième piste "Mad Gone World" aux refrains particulièrement entêtants.
Encore une fois, le chanteur Bobby "Blitz" Ellsworth sait utiliser de manière intelligente sa terrible voix de ténor, aux puissantes envolées aigues. En outre, le bassiste "D.D." Verni et le guitariste Bobby Gustafson assurent sur la totalité des titres des interventions en "background voices" tout à fait bien placées. Ces trois vocalistes sont d’ailleurs tous crédités aux paroles des chansons, qui restent centrées sur des thèmes assez sombres, notamment de la violence et de la rébellion.
Mais ce qui fait la force si particulière d’
Overkill est également là : des trouvailles mélodiques ou brutales viennent se glisser avec brio dans les compostions ; cela donne aux chansons une variété et une dynamique plus grandes que peuvent laisser supposer, dans un premier temps, les riffs d’ouverture des chansons.
Signalons, entre autres pépites rythmiques, les solos et breaks centraux des très catchy "
Hello from the Gutter" et "Brainfade" ou du progressif "
End of the Line". L’avant-dernière chanson "
Head First", avec sa basse aux accents très bluesy, peut se targuer d’une fin interminable. De son côté, alors que les cinq premières pistes s’enchaînent telles des salves continues de boulets de canon, le vicieux "Drunken
Wisdom" placé en sixième position laisse d’abord présager une ballade… avant de repartir crescendo et de finir par là où il avait commencé. Même constat avec la pièce finale de l’album, "The
Overkill III (
Under the Influence)", qui conclut la trilogie débutée à la fin de "Feel of the
Fire" et poursuivie sur "
Taking Over" – même si le titre E.
Vil N.
Ever D.Ies de l’album "
The Years of Decay" la reprendra encore une fois.
Que dire d’autre ? Ah oui, l’artwork :
Overkill nous livre avec cet amusant crâne volant doté d’ailes de chauve-souris un nouveau concept qui sera récurrent sur les albums futurs – le combo chercherait-il à suivre l’esthétisme mi-morbide mi-comique d’Iron Maiden ou de
Megadeth ? La couverture, réalisée par Steve Fastner et Rich Larson (qui ont également assuré certains dessins d’albums des groupes Intruder et
Powermad) n’est pas sans rappeler un vieux jeu vidéo de plate-forme tout en évoquant la facette underground du Thrash
Metal en général.
Bref, avec le jeune
Overkill, jamais deux sans trois : "
Under the Influence" est aussi techniquement convaincant que les deux premiers albums. Et pour notre plus grand bonheur, cette puissance et cette variété, les New-Yorkais seront les réitérer, deux ans plus tard avec "
The Years of Decay", considéré par la majorité comme l’un de leurs meilleurs disques.
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