"Il faut porter du chaos en soi pour accoucher d'une étoile."
Gageons que cette métaphore de Friedrich Nietzsche ne déplairait pas aux membres d'
Overkill présents sur ce
Taking Over des familles. A l'heure où la plupart des Thrashers ressemblent plus ou moins à des bikers shampooinés par ce qu'ils le valent bien, il est bon de se remémorer l'épopée boutonneuse du Thrash naissant, celle qui berça l'adolescence d'une génération désabusée. L'aspect vestimentaire relativement crade fut l'une des marques de fabrique originelle de cette scène, en cela héritière du Punk. Aaahh, ces jeans miteux rentrés dans des baskets Americana à moitié lacées, les sublimes vestes à patchs et ces débardeurs exhibants des lobotomies et autres trépanations... Ce look provocateur s'explique d'autant mieux que le Thrash, fer de lance du
Metal extrême d'alors, croît aussi en réaction au Sleaze, à l'apogée du F.M et du
Hard U.S permanenté dont l'omniprésence caractérise la seconde moitié des années 80. Crado, c'est ce qui vient à l'esprit en observant la pochette de
Taking Over, sorte de rencontre du troisième flipp entre une pause de bandits de Sergio Leone et une banale photo promotionelle.
Penchons-nous maintenant sur le cas d'
Overkill en l'an de grâce 1987. Qu'avons-nous là? Une de ces formations américaines à la musique agressive, représentative d'un style en plein essor et déja un de ces plus beaux fleurons.
Outre-Atlantique le "Big Four" commence à être bien en place et épaulé par une pléthore de pointures parmi lesquelles
Nuclear Assault,
Sacred Reich et
Exodus ne sont pas les moindres!
Overkill, fort d'un premier album très réussi, le bien nommé
Feel the Fire, revient avec un bagage technique et une expérience forgée de longue date, plus précisément 1979.
Le ton est donné avec le morceau d'ouverture
Deny The
Cross: riff surpuissant, solo dantesque de Bobby Gustafson, virtuose capable d'intercaler arpèges, mélodies et solo entre ses rythmiques assassines.
Seul sur le front, le guitariste contribue très largement au succès de cette galette, ainsi d'ailleurs qu'à celui des trois autres auxquelles il a plus que brillamment participé.
De la vitesse, il en est aussi question sur le classique
Wrecking Crew, sensationnelle bombe aux paroles fatalistes. Le timbre de voix, perché et aigu, si particulier du leader-frontman est une arme redoutable, ici comme sur l'ensemble du disque. La voix de Bobby "Blitz" Ellsworth, c'est bien entendu la marque de fabrique ultime de ce groupe. C'est aussi, de manière intelligente, l'utilisation des choeurs portant les refrains de manière foncièrement virile. Ces refrains scandés ponctuent les morceaux de façon à laisser en mémoire un passage proche de l'hymne (ci-dessous In
Union We Stand), à l'effet imparable sur scène.
Un petit crochet par le titre Use Your
Head, dont le texte vaut son baril de Bud éventée: "Workin' like a dog - Tired, cold and bored - Stimulate me to satisfaction - Alcohol and sluts - Pull me from my rut - Second only to the attraction - You - got a lot to learn - You head's up your ass - You - Got a lot to learn - You got no class", simplement génial. Cette pure leçon de métrique illustre les capacités d'un parolier qui n'a rien à envier à ses concurrents directs ni même aux tenants d'un
Crossover façon D.R.I.
Tout n'est pas que martèlement et vitesse d'exécution dans ce deuxième opus des New-Yorkers. Les mid-tempi alternent un peu partout avec les cavalcades de Gustafson appuyant le côté
Old-School et Heavy traditionnel du gang. Lee "Rat Skates" Kundrat domine ses fûts avec superbe sur des morceaux qui s'avèrent être de véritables offrandes pour batteur; ainsi
Fatal If
Swallowed qui est servi par une piste de batterie synonyme de régal auditif.
Electro-Violence est le titre qui rassemble sans doute le mieux les - grandes - qualités énoncées plus hauts, breaks, arpèges , solo, choeurs guerriers et ça en l'espace de moins de quatre minutes. L'album se conclue sur la suite du morceau
Overkill, séquelle de
Feel the Fire:
Overkill II (
The Nightmare Continues), un titre mu par une ambition conséquente. Ce
Overkill II ne déparerait pas en ouverture d'un set de
King Diamond tant sa construction et ses paroles s'avèrent cinématographiques. "Into the night - A rider goes then disappears -
Out - Of the light - Reappears again...", ces lyrics hantés nous invitent à une sorte de Nuit du chasseur revisitée. Très ambiant ce morceau "Horror
Metal" avant la lettre est subtilement conduit par la basse gonflée à l'hélium du loyal D.D Verni, toujours présent à ce jour.
Taking Over, vous l'aurez compris, fait partie de ces oeuvres qui vieillissent avec un certain panache, le côté un peu sale aidant; la production datée d'Alex Perialas associé au groupe ne gâche en rien les trésors multiples que cet album révèle, autant qu'un témoignage de l'Age d'or du Thrash, ni plus ni moins qu'un de ces classiques incontournables.
Je ne lâche pas l'affaire.
Un des meilleurs groupes de Thrash Métal selon moi et si vous avez l'occasion de les voir en concert hésitez pas car en live vous prenez une sacrée claque ;)
Merci pour ta chronique.
A l'époque j'avais acheté sans connaître le magnifique Nuclear Assault "Game Over" puis quelques mois plus tard ce Overkill. 2 grossess claques pour 2 groupe qui n'ont hélas pas pu rivaliser avec le Big 4 en termes de ventes et de popularité. Un des 2 n'a jamais laché l'affaire : RESPECT.
Recu il y a qlq jours en 33T....cet album est 1 must de cette epoque benie du Thrash. Overkill delivre 1 brillant 2e album...maitrisé et entrainant il fait parti de ces oeuvres intemporelles.
Incontournable.
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