Un album mythique ! Après le très brutal «
Nattens Madrigal » de 1996,
Ulver nous revient avec un album complètement différent, mais alors… méconnaissable !
La bio d’
Ulver nous montre un passé assez expérimental, mais toujours dans un registre particulier du métal, assez païen, très
Viking et surtout très attaché aux thèmes du loup et du loup garou (thème qui sera à nouveau abordé quelques années plus tard avec le surprenant « Lycantropen Themes »).
Bon donc je disais, cet album, cette perle plutôt, est une rupture totale avec ce qu’
Ulver faisait auparavant. On retrouve toujours des thèmes plus profonds que dans la plupart des groupes du style (je parle de leur style d’origine, le black metal) : avant, la lycanthropie, à présent, c’est tout simplement des poèmes de William
Blake que nos amis s’inspirent, poèmes très romantique puisque
Blake est l’un des meilleurs représentants de la première vague de romantisme (j’ai la sensation de faire trop de répétitions, mais c’est pour que ça soit clair).
Alors, contrairement à ses collègues d’
Arcturus, qui ont donné une vision très « déjantée » du romantisme dans leur album « La
Masquerade Infernale »,
Ulver reste plus pragmatique, plus moderne dans sa démarche, en nous montrant que la musique électro peut être plus romantique que beaucoup d’autres styles. Voilà, le mot est lâché :
Ulver a pris un tournant électro. Loin d’en faire pour autant un groupe commercial, cette évolution le placera bien au dessus des débats de styles (black sympho, black athmo, true black, raw black, j’en passe et des meilleurs) et des préoccupations satanistes ou misanthropes de leurs anciens frères de sang.
Alors même « électro » serait réducteur. Ce disque est bien plus qu’un disque d’électro. C’est à la fois un disque, un roman et un voyage. L’aspect musical est le plus évident. Cette galette comporte certains morceaux capable de faire attraper un rhume à n’importe quel mélomane.
Plus qu’électro donc, mais quoi ? Difficile à dire. Electro metal serait ce qui me paraît le plus proche, mais là encore, on est loin du compte. Les guitares sont toujours présentes, tantôt effacées, tantôt en avant, les autres instruments, c’est une autre paire de manches : si les claviers orchestraux sont toujours là, ils ont pris une dimension plus moderne que celle que l’on peut entendre en général dans ce style de milieu : c’est presque filmique ! En ce qui concerne la batterie, c’est un batteur, mais qui a un jeu trip hop très électronique, voire « boîte à rythmique ».
Plus rien à voire avec les doubles grosses caisses et les blasts furieux de «
Nattens Madrigal » !
Bon, parlons à présent de l’œuvre et uniquement d’elle ! Enfin, essayons. Maintenant que nous savons dans quel style officie
Ulver sur cet opus, nous pouvons parler plus à loisir de la composition de l’album, composition étrange, très avant-gardiste et surtout a priori peu logique lors d’une première écoute : l’album est décomposé en « plates », de différentes tailles, qui font clairement penser à des chapitres d’un livre (
Svart, ton idée de pages était très bonne, mais si on compare avec un livre, je vois plus des chapitres ou des poèmes : c’est trop haché pour être continu comme un seul et même récit… on en reparlera ;-) ). Les thèmes abordés sont très bibliques, une Bible revisitée par William
Blake, carrément anti dogmes et très révolutionnaire (tout comme ce disque est révolutionnaire par rapport aux précédents du groupes). Il est très intéressant de voir toutes les personnalités qui ont participé à cette création : aux membres d’
Ulver se sont ajoutés bon nombre d’éminences, de seigneurs de la scène black norvégienne pourrait-on dire, tels que
Ihsahn, Samoth et Fenriz, qui ont tous chanté sur cet opus (on se croirait au Téléthon…) tout en chant clair, sauf aux dernières trente secondes, ou Fenriz reprend son chant black pour achever le poème.
Ach ! je me rends compte que ma chronique commence à dépasser la taille raisonnable, et pourtant, j’aurai encore tellement de choses à dire… ce disque est hors du commun !
Ulver a prouvé ici s’il était besoin que le black peut évoluer et donner quelque chose d’apparemment beaucoup plus abordable par le commun des mortels. Apparemment, parce qu’il faut tout de même être extrêmement attentif, habitué à écouter des musiques « difficiles » pour apprécier pleinement la grandeur de cet album : je sais de quoi je parle, car tout comme pour « La
Masquerade Infernale », il m’aura fallu plus d’un an pour pouvoir rentrer en communion avec cet album, un an passé à s’ouvrir l’esprit, à connaître de nouvelles choses, sortir du troglodyte que je m’étais creusé avec le black metal. Ce n’est qu’après avoir atteint une certaine maturité d’esprit que je suis réellement tombé sous le charme de cet album si énigmatique, et à chaque écoute j’en découvre encore ! Les gens capable de créer un tel monument devraient avoir le leur.
Je m’incline devant eux…
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