On peut dire que les années 2010 ont été fastes pour le gang cher à Bobby Ellsworth et D.D. Verni. Ainsi, avec un
Ironbound défonçant allègrement la scène thrashmetal de ces années là, pourtant pas exemptes en brûlots marquants, les natifs du New Jersey ont sorti en début de décennie une perle et bénéficié ensuite d'une promotion grandeur XL par
Nuclear Blast tout au long des albums qui ont suivi, progressivement moins marquants au fil des sorties, pour finir par un Grinding
Wheel plutôt feignant question rapidité et inspiration.
Wings of
War et sa pochette sombre à souhait ouvre sur une intro industrielle originale pour le groupe, qui délivre ensuite son morceau le plus fort du lot : "
Last Man Standing", vrai hit avec un riff atomique dès le début et une cadence forte, capable d'ouvrir avec férocité chaque show du groupe. Présenté en avant première de la sortie du disque, ce morceau est déjà un classique, et ravira les fans de la formation. Par la suite, ce sont des compositions moins immédiates (mais aussi plus riches) que
Overkill délivre surtout sur la première partie de l'album, théâtre de titres construits de façon moins accrocheuse de prime abord. De l'enlevé "Believe In The
Fight" au refrain réussi (comme souvent ici encore) à "A Mother's Prayer", les morceaux se font plus insidieux, portés par un Bobby "Blitz" en forme olympique, déclamant ses phrasés avec conviction et hargne.
Plus mid-tempo aussi.
Exit donc celles et ceux qui s'attendaient à un retour à la rapidité permanente d'
Ironbound, comme l'annonçait finalement "
Head Of A Pin", second extrait dévoilé par la formation et au caractère moins trempé (bien que la fin défonce comme il faut). Ainsi, ce titre, comme le heavy "Distortion" à l'intro
Metallica-isée sauvé par ses soli, ou "Where Few
Dare to Walk" (qui renvoie un peu aux titres longuets de la seconde face de
Under the Influence, voire de
The Years of Decay) ne marqueront pas forcément les esprits. Mais, pour l'auditeur persévérant, ces titres portent en eux une longévité rare chez
Overkill, les thèmes mélodiques se faisant nombreux, tant instrumentalement qu'au niveau des vocalises de Bobby, ce qui n'est pas la moindre des qualités de l'album.
Sur sa seconde partie,
Overkill revient à ses premiers amours punk avec la seconde bombe du disque, l'excellent et speedé "Welcome To The
Garden State", à l'intro piquée aux Soprano et à chanter sous la douche en explosant la cabine. Sur ce titre en hommage à son New Jersey natal,
Overkill flirte avec le punk-rock à sa façon et pond un titre jouissif qui constitue le second sommet du disque porté par l'ex Flotsam & Jetsam
Jason Bittner à la batterie (qui soit dit en passant, enrichit
Wings of
War par des plans assez variés et magnifiés par une production puissante à souhait, comme sur la fin de "A Mother's Prayer"). La fin du disque (si l'on excepte le dispensable bonus-track de l'édition Digipack produit par Sneap et enregistré avant le départ de Ron Lipnicki à la batterie) voit revenir
Overkill vers du thrash plus classique, avec deux titres directs, le thrashy "
Out On the
Road-
Kill" et surtout l'hymnesque "
Hole In My Soul" porté par son refrain et les roulements de Bittner.
Plus ambitieux que son prédécesseur, plus fourni et plus varié, ce cru d'
Overkill ne possède pas l'immédiateté de ses plus gros succès (
Taking Over,
Under the Influence,
Horrorscope,
Ironbound), loin s'en faut, mais il est fort possible que sur la durée, fort de compositions au niveau plus élevé que ce à quoi nous a parfois habitués la formation, il fasse finalement son trou. Comme souvent,
Overkill pond 2/3 tueries par album, variant ainsi au gré des sorties d'albums leur setlist live, c'est ici le cas. Mais, et c'est nouveau, les titres les plus faibles restent intéressants par une variété plus marquée et quelques gimmicks fort à propos (le pont mélodique de "
Bat Shit Crazy" qu'on voit bien hurler live) qui, pour les fans et les auditeurs attentifs, amènent le gang sur une niveau plus haut qu'attendu, et surtout que sur son dernier effort. Notons tout de même une basse moins présente dans le mix que d'habitude (D.D. pas Verni sur ce coup) car c'est ici, nonobstant la performance impeccable des musiciens, le chanteur Bobby "Blitz" Ellsworth qui porte ce disque, tant ses idées vocales refont surface comme aux plus beaux jours, agrémentant de mélodies efficaces les couplets, refrains et autres ponts les morceaux de ce
The Wings of War. Placé sur les photos de l'album en figure de proue, il magnifie l'album en livrant ici une de ses plus belles performances, comme si le temps n'avait aucune emprise sur ce bonhomme à l'intégrité absolue.
Merci pour la chronique.
Très bon album , je viens de l'écouter ce matin en allant au boulot et ça envois. L'année 2019 commence bien en Thrash !
Superbe papier Jérome. Largement d'accord avec ton exposé, certains prennent trois, cinq ans voire des breaks encore plus longs pour emmagasiner de la créativité quand Overkill persévère continuellement malgré la santé parfois critique de Bobby. Résultat, pas grand chose à jeter dans cette disco somptueuse et ce Wings of war est aussi , à mon sens, leur galette la plus aboutie depuis l' hallucinant Ironbound.
Overkill un groupe à la personnalité forte, encore un fois l'inspiration est là, l'album est solide. Merci pour la chro.
Encore une fois overkill prouve qu'on peut faire un album de trash qui allie morceaux efficaces qui envoient sévères et d'autres plus subtils. Bravo!!
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire