Créé à l'aube de la nouvelle année 2006,
Whitechapel s'est vite fait remarquer sur le web et dans leur État du Tennessee par leur deathcore brutal et rentre-dedans ainsi que leurs shows dévastateurs. Après avoir enregistré cinq titres immédiatement mis sur leur page MySpace, puis réitéré avec deux autres nouveaux morceaux, les jeunes gaillards ont rapidement attiré l'attention de Jamie Graham, président du label anglais
Siege Of Amida, qui leur proposa immédiatement de signer leur premier album. Cet album, nommé
The Somatic Defilement, est tout simplement leurs vieux titres démo réenregistrés et remixés dans leur intégralité par MiAH dans le studio The Sound Lair, situé dans leur propre ville de Knoxville.
Ajoutant une intro et deux tout nouveaux titres, la galette n'aurait donc rien d'original ? Grosse erreur ! Vous avez déjà écouté les premières démos de
Machine Head,
Nile,
Origin ou encore
Born Of Osiris ? Leurs premiers albums respectifs contiennent les titres de leurs débuts, également réenregistrés mais avec un son nettement plus travaillé et un nouveau savoir-faire : on a donc l'impression d'entendre une nouvelle chanson tant la différence est flagrante. Et c'est exactement le même constat pour
Whitechapel, la voix étant moins grindcore, au débit plus rapide mais aussi plus puissant, les saccades sont lourdes, la batterie enfin distinguable, le son exemplaire.
Dès le début, on sent la différence comparée aux démos : l’intro glauque annonce clairement que l’album va être fracassant. Un break de batterie passé et nous voici en plein dans le très lourd titre éponyme inédit. Le batteur Kevin Lane du groupe méconnu Afternoon at the
Autopsy y est pour quelque chose : après le départ de leur batteur d’origine Derek Martin, les
Whitechapel ont recruté Lane qui apporté son petit lot d’inventivité et de technique aux compos du groupe. Ainsi, le rythme est accéléré, les saccades en beat-down sont d’une lenteur remarquable, pas forcément originales mais rentre-dedans et parfaitement contrôlées.
Les mélodies des trois gratteux (oui oui, trois guitaristes forment
Whitechapel) restent en tête, le chanteur Phil Bozeman déployant gutturalement son flot d’horreurs à travers des paroles traitant uniquement des méfaits de
Jack l’Eventreur, dont le nom du groupe fait directement référence (
Whitechapel était le lieu des crimes du serial-killer de l’époque), l’album-concept mettant donc encore plus en avant la référence. La fin du morceau est un pur riff metalcore suivi par une ode mélodique envolée et émouvante, en contraste total avec la chanson, comme une outro symphonique de toute beauté.
Pourquoi avoir mis ce titre au début plutôt qu’à la fin, réduisant le rythme d’entrée de jeu ? Tout simplement parce que nos chères têtes brunes n’ont pas fini de vous surprendre ! S’en suit une multitude de titres aussi morbides que destructifs, idéals sonores de headbangs synchronisés voire de moshpart collectif comme le prouvent les titres "Devirgination Studies", "Prostatic Fluid Asphyxiation" (autrefois nommé "Prostatic Fluid") ou encore l’excellent "Ear to Ear", dont le final en leitmotiv reste gravé dans le teston.
Cependant, l’album n’est pas exempt de défauts, même mineurs. On regrettera ainsi une certaine monotonie à la première écoute et un manque d’originalité sur quelques morceaux ("Fairy Fay" ressemble énormément à son morceau suivant "Ear to Ear"), avec parfois cette impression d’entendre les mêmes saccades et les mêmes parties batterie. Mais ne boudons pas notre plaisir, c’est tellement bien foutu qu’on en redemande ! Au final, avec ses saccades en triple-croche, ses riffs pondus dans la plus grande tradition du death metal et le coffre si particulier d’un chanteur déchainé,
Whitechapel arrive à se démarquer de ses prédécesseurs d’
All Shall Perish,
As Blood Runs Black ou encore
Bring Me The Horizon en proposant un deathcore lorgnant beaucoup plus sur le death que sur le côté hardcore, ici quasi-absent. Peu de mélodie donc dans ce Somatic
Defilement puissant, qui nous fait bouger intégralement, présentant enfin quelque chose de bien foutu dans le milieu du deathcore ricain.
Avec leurs potes
Carnifex et la sortie simultanée du Chronicles des
Viatrophy et de
Prey For
Eyes des
The Red Chord, le deathcore brutal était maître de l’année 2007 !
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