Liste des groupes Deathcore Whitechapel (USA) Kin

On a l’habitude que passé un certain cap de leur carrière, certaines formations s’essaient à une musique plus mélodique, laissant souvent sur le côté les fans de la première heure au profit d’une nouvelle communauté attirée par le nouveau son du groupe. Cela se fait souvent dans la douleur (coucou Sonic Syndicate), mais chez certains, et dans le cas de Whitechapel, cela peut se traduire par une réussite à tous les étages.
En 2019 le groupe sort The Valley, un album brillant, et qui combinait à merveille l’ancien et le nouveau dans une œuvre qui a réussi l’exploit de convaincre quasiment tout le monde après un Mark of the Blade classique mais mâtiné de déception.

Ce 29 Octobre 2021 Whitechapel nous revient avec la suite de The Valley, il s’agit donc d’un album important car le groupe doit prouver qu’ils peuvent poursuivre sur cette voie sans se répéter ou sans trop dévier vers une musique trop consensuelle.

Et autant le dire tout de suite, c’est sacrément réussi, on pouvait le sentir d’avance, les morceaux qui ont été mis sur Youtube pour la promo du groupe étaient superbement efficaces et ne trompent pas sur la marchandise une fois l’écoute commencée.

On se retrouve donc avec un album de nouveau très équilibré entre morceaux bourrins et morceaux plus mélodiques, mais on sent cependant rapidement que le groupe a gagné en mélodie par rapport à l’album précédent. On retrouve donc plus de chant clair et plus de morceaux entièrement mélodiques jouant sur une ambiance plus triste, mais aussi plus personnelle au regard des thématiques, qui de nouveau explorent les événements dramatiques vécus par le Phil Bozeman, Kin explorant la suite chronologique des événements narrés sur The Valley.

Ces mélodies se traduisent souvent par des relents post-rock tout à fait appréciables, parsemés tout au long de l’écoute. Et il faut bien admettre que cette évolution se fait encore une fois sans heurts, les morceaux mélodiques (Anticure, Orphan, Kin) sont superbes et touchants, et les morceaux plus violents (A Bloodsaoked Symphony, To the Wolves, Lost Boy) sont hyper efficaces et le groupe ne perd en aucun cas son statut de machine à faire headbanguer grâce à des riffs sauvages ponctués de breaks qui groovent bien comme il faut.

Cela se manifeste particulièrement à travers des pièces comme« Lost Boy » ou « I Will Find You » qui dès les premières minutes synthétisent intelligemment ce à quoi ressemblera ce Kin.

Ces bonnes vibrations seront d’ailleurs très vites confirmées par un Bloodsoaked Symphony qui s’impose comme une des meilleures compositions du groupe, de ses riffs en mid tempo brutaux pleins de groove à son break impeccable.

Il est d'ailleurs intéressant de constater que le superbe artwork de l'album, petite pépite de pointillisme, est réalisé spécialement pour l'occasion par la femme de Ben Savage, Jilian Savage dont le travail mérite également d'être salué car il habille à la perfection les 47 minutes que durent Kin.
Soulignons également que le désormais habituel jeu des chaises musicales au poste de batteur nous a fait parvenir un Alex Rüdinger très inspiré, au jeu subtil et puissant, en espérant qu’il trouve sa place au sein du groupe car il est difficile de creuser son trou dans une formation dont le reste des membres forme un collectif vraisemblablement soudé, et n’a pas bougé depuis le début de l’aventure.

Ce qui frappe vraiment à l’écoute de Kin, c’est à quel point on alterne entre des compositions qui ne se ressemblent pas mais créent un ensemble hyper cohérent et jouissif.
Sur cet aspect on peut aussi noter la répartition de l’album qui enchaîne (sûrement volontairement) des diptyques souvent très différents, mais dont l’écoute successive se fait naturellement : les paires A Bloodsoaked Symphony/Anticure et To the Wolves/Orphan ou encore Without Us/Kin, témoignent de cette volonté très pertinente d’équilibrer la répartition des morceaux sur cette œuvre.

Il est donc difficile de donner une description précise du style du groupe sur cet album, on est face à des structures, des instrumentations et un son qui restent clairement du Deathcore, mais combinées à des variations de chant et des atmosphères oscillant entre la rage et la mélancolie, qui rendent difficile sa catégorisation pure et dure, peut être est-il plus pertinent de simplement parler de Deathcore Mélodique. En tout cas soyons bien clair à ce sujet, je ne vois pas en quoi il est pertinent de qualifier la musique du groupe de Death Metal Progressif, le nouveau Whitechapel n'ayant pas le moindre lien avec des formations du style sus-cité (ou sinon bon courage pour faire un comparo avec les premiers Opeth, Cynic, ou le dernier album de Death pour ne citer qu'eux).

Pour finir, un point sur le son : pour ne rien ternir celui-ci est impeccable, la production se rapproche de la précédente, avec un léger surplus de puissance conférant aux riffs et à la batterie une force de frappe considérable. Le mix et la spatialisation rendent bien hommage aux compos de Kin et celui-ci se montrera particulièrement savoureux au casque ou avec une bonne chaîne Hi-Fi.

Nouveau carton plein pour Whitechapel, même avec plusieurs mois de recul, l’album me semble toujours aussi excellent, je l’ai même trouvé meilleur au fil des écoutes, si vous avez apprécié The Valley il y a fort à parier que Kin vous procure d’excellentes sensations. Enfin, si au regard de cette chronique il y a de quoi être indécis, je ne peux que vous enjoindre à jeter une oreille à Lost Boy histoire de vous faire une idée.