Formée dès 1990 en Finlande autour d’Esa Holopainen, Tomi Koivusaari, Jan Rechberger & Olli-Pekka Laine,
Amorphis reste l’une des toutes premières formations ayant intégré très tôt des éléments mélodiques et atmosphériques à son deathmetal, tout comme les Anglais de
Paradise Lost sur leur premier album paru en 1989, influence avouée du quatuor. D’une maturité étonnante dès ses premières démos, le groupe décroche un contrat avec la jeune écurie Relapse Records pour l’enregistrement d’un split-LP avec ses confères nord américains d’
Incantation. Malgré six morceaux bouclés aux TTT Studios avec Timo Tolki en mai 1991, dont le titre Vulgar Necrolatry, repris du répertoire du groupe défunt
Abhorrence, au sein duquel Tomi Koivusaari évoluait, le projet avorte et l’enregistrement dénommé
Privilege of Evil ne verra le jour que deux années plus tard sous forme de mini-LP.
C’est donc directement par la grande porte qu’
Amorphis officialise sa rentrée sur le label américain, à travers son premier album
The Karelian Isthmus. Le quatuor reprend notamment quatre morceaux des précédentes sessions et change de lieu d’enregistrement pour un embarquement à Stockholm aux fameux Sunlight Studios de Tomas Skogsberg, en mai 1992, succédant ainsi à
Darkthrone et
Xysma qui n’avaient pas hésité non plus à s’exporter en Suède pour le bouclage de leur premier album. Relapse Records commercialise le disque en tout début d’année suivante avec une pochette de Miran Kim (l’illustrateur fétiche d’
Incantation), l’écurie américaine bénéficiant à l’époque d’une précieuse distribution de Nuclearblast sur le territoire européen.
Possédant une forte identité,
Amorphis évite une production bateau de Tomas Skoksberg, piège dans lequel de nombreuses formations sont tombées depuis le passage d’
Entombed et
Carnage fin 1989. Tout comme
Xysma, le groupe apporte, au contraire, ce son typiquement finlandais, empli de feeling et d’un moelleux certain dans le son des guitares. Entre ses deux sessions, le groupe a également évolué vers un deathmetal plus accessible, ayant perdu en une seule année une partie de sa rugosité. En effet, si la structure des morceaux Black Embrace, The
Pilgrimage et
Misery Path présents sur les deux enregistrements n’a pas foncièrement changé, le rendu diffère sensiblement, les seconds jets comportant davantage de contraste et de douceur, et perdent en partie leur côté plus primaire.
Toutefois,
The Karelian Isthmus reste un album relativement brutal, articulé sur une assisse rythmique d’une lourdeur toute particulière soutenant les growls très caverneux de Tomi Koivusaari. A cette époque,
Amorphis tire justement sa force du contraste entre sa base foncièrement deathmetal et les nombreuses mélodies guidant chaque morceau, tout en exploitant des thèmes forts autour des traditions et légendes nordiques. A l’image des excellents
Exile of the Son of Uislu et The
Lost Name of
God, le quatuor finlandais juxtapose ainsi sa section rythmique à des guitares leads somptueuses, pour offrir un véritable fil conducteur à son œuvre, lui apporter corps et profondeur, et installer une atmosphère poignante durant ses quarante minutes.
Soigné, original et de grande qualité,
The Karelian Isthmus provoque ainsi l'enthousiasme immédiat des deathsters, à une époque où le sens des harmonies reste encore largement à définir sur la scène extrême, permettant ainsi à
Amorphis de se bâtir directement une forte notoriété. Très tôt, à l'instar de ses homologues Edge of Sanity,
Sentenced,
Dark Tranquillty, Nighfall,
Tiamat ou
Paradise Lost,
Amorphis a su apporter une dimension mélodique dans le deathmetal. Et ce, tout en respectant ses racines, permettant au style l’élargissement de ses horizons et la poursuite de sa formidable extension grâce à un intérêt sans cesse renouvelé.
Fabien.
Pour ma part, j'ai laissé tombé Amorphis à ce moment ; leur approche était devenue trop mélodique et trop chantée, à une période où la frange la plus extrême du métal monopolisait ma platine,
Fabien,
Cette sorte de grandeur austère et très mystique qui s'en dégage est assez remarquable.
Cet album possède de bons passages bien bourrins sur fond assez lourd, mais c'est du bon old school....
Je me suis mis au Hard Rock dans les années 70, au Heavy Metal et au Trash Metal dans les années 80, au Power Mélodique dans les années 90 et depuis j'essaye de me mettre au Death Metal, mais j'avoue que j'ai beaucoup de mal.
12/20
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