Plus besoin de présenter
Amorphis : avec treize albums au compteur en plus de 30 ans d’existence, le combo finlandais fait figure à la fois de précurseur et de leader incontesté en matière de death mélodique à tendances progressives.
Le dernier album remontait à 2018, laps de temps relativement long pour un groupe qui, depuis l’arrivée de Joutsen, nous avait habitué à sortir un album tous les deux ans, et The
Halo, quatorzième album de la formation d’Helsinki, vient clore la trilogie entamée en 2015 par
Under the Red Cloud et continuée trois ans plus tard avec
Queen of Time.
Bon, on ne va pas se mentir, cet album est très bon, mais il ressemble vraiment beaucoup - trop ? - aux deux précédents, et certains riffs ou mélodies vocales auraient pu paraître sans problème sur les deux derniers opus… Voilà, c’est dit.
Il n’empêche qu’
Amorphis parvient toujours à décliner intelligemment sa formule, parvenant à doser différemment les nombreux ingrédients qui font son succès, voire à en intégrer de nouveaux. Ainsi, les trois premiers titres, Northwards,
On the Dark Waters et le single The
Moon, ou encore le morceau éponyme, certes ultra classiques, restent efficaces, et rassurent sur le côté tubesque d’
Amorphis – mais honnêtement, en avait-on encore besoin ? - , avec des refrains ultra chiadés, tandis que d’autres morceaux viennent afficher de nouvelles ambitions, histoire de ne pas lasser d’entrée les auditeurs les plus exigeants qui attendraient un peu de renouveau.
On retrouvera ainsi sur certains courts passages une emphase symphonique qui commençait à poindre sur
Queen of Time, les Finlandais s’essayant à quelque chose de plus grandiloquent qui les rapproche parfois de groupes comme
Therion ou Nigthwish (l’intro de When the Gods Came, l’excellent
Seven Roads Come
Together, ce passage typé opéra à la tension dramatique sur
War, la courte partie orchestrale à 3,05 minutes du morceau éponyme). Paradoxalement, la musique du groupe a rarement été aussi éthérée et atmosphérique (le My Name Is
Night de fin, avec les chants alternés de Petronella Nettermalm et Tomi Joutsen, tout en sensibilité, le pont feutré et acoustique en fin de The
Wolf, morceau au riffing par ailleurs assez sombre et agressif, tirant du côté du black), et la présence du chant féminin y contribue très largement.
A part ça,
Amorphis fait ce qu’il sait si bien faire depuis maintenant sept albums, mêlant force brute et mélodies ciselées (l’artwork dévoile d'ailleurs assez explicitement cet amour pour la science du contraste musical et du clair obscur), et toute la palette du groupe y passe : refrains en voix clair entêtants, growl profond, passages orientalisants (
Seven Roads Come
Together, A New
Land), légers effets électroniques (The
Moon, le début de
Seven Roads Come
Together), parties plus intimistes et presque folk, influences prog psychédéliques 70’s …
Ceci dit, n’hésitons pas à répéter l’évidence, mais la qualité musicale de ces onze nouveaux titres n’est pas à remettre en cause, les compos se font même toujours plus riches, variées, aérées, et, osons le mot, progressives, malgré la durée assez formatée des titres, compris entre 4,36 et 5,58 minutes ; les parties instrumentales sont toujours aussi excellentes ( le solo clavier/guitares de Windmane) et les mélodies vocales inspirées pour des refrains facilement mémorisables dont seul Joutsen semble avoir le secret.
En revanche, si la musique se fait toujours plus subtile, mêlant avec peut-être plus de fluidité les différents éléments qui font l’identité d’
Amorphis, ses mélodies sont plus complexes et logiquement moins directes, mais surtout – surtout ! - certains de ces titres pourront laisser une impression de déjà entendu, car, rappelons-le pour les néophytes qui prendraient le train en route, les - au moins - quatre albums précédents sont tous plus ou moins du même tonneau…
Alors oui, il n’y a pas à dire,
Halo est un bel album de clôture qui vient idéalement achever la trilogie entamée sept ans plus tôt et, plus généralement, synthétise parfaitement les quinze ans de l’ère Joutsen, qui a apporté un souffle de fraîcheur et une inspiration renouvelée à un groupe en perte de vitesse à l’époque ; à n’en pas douter, tous les amateurs du combo ne pourront que succomber devant cette nouvelle offrande qui est objectivement au moins aussi bonne que les deux albums antérieurs. Ceci dit, espérons tout de même qu’
Amorphis finira par se renouveler, et que si cet album vient conclure un chapitre, il en ouvrira également un nouveau, car à force de se répéter, le
Halo de gloire qui nimbe le groupe risque fort de s’estomper…
In the daze of the unknown
By the winds of distant heavens
Beckoned by the unknown skies
By the winds of distant heavens
Beckoned by the unknown skies
Assez d'accord avec kfc_funeral. Sans trouver l'album mauvais, je l'ai vraiment senti comme "l'album de trop". C'est pas mauvais en soi, mais les mélodies, les riffs, les refrains, j'ai vraiment l'impression de les avoir entendus 150 fois avant. Je me suis vraiment ennuyé, je comprends bien qu'un mec qui a découvert Amorphis il y a peu de temps puisse y trouver son bonheur, mais pour quelqu'un comme moi qui écoute Amorphis très souvent depuis la sortie d'Eclipse, c'est pas très inspiré. Peut être que je suis passé à côté de l'album et que je découvrirai plein de choses au fur et à mesure des écoutes, mais généralement (même si on peut toujours découvrir des trucs) un album d'Amorphis c'est quand même easy-listening et assez facile à appréhender.
Donc pour moi ça dépasse pas 14, un album à 15/20 il faut soit qu'il apporte quelque de neuf à la discographie du groupe, soit qu'il soit vraiment très inspiré, ce qui pour moi n'est pas le cas.
molick : Tout à fait d'accord avec ton commentaire. J'avais en premier opté pour un 14 d'ailleurs, et finalement, au fur et à mesure des écoutes, la magie a fini par opérer et Amorphis a vraiment réussi à m'emporter...
Du coup, allié au fait que cet album est moins direct que les prédécesseurs, avec un côté peut-être un peu plus complexe et travaillé, je l'ai abordé différemment en me disant que, peut-être, il aurait une durée de vie plus conséquente car il est plus difficile et long à appréhender et digérer...
Ceci dit, oui, malgré ces timides innovations, l'album ressemble trop aux précdents, c'est un fait. Et j'espère une véritble évolution pour le prochain sinon, je ne serai probablement pas aussi tendre pour la chronique et la notation...
Amorphis fait du Amorphis et le fait bien. Même si cela reste dans la veine des deux précédents, un bon 15/20 quoi.
Je considère queen of time comme un chef d'œuvre donc si tu dis que celui-ci est au moins aussi bon ça promet je vais donc m'y pencher. J'adore ce groupe injustement sous côté c'est pourtant sans conteste un des meilleurs groupes metal de ces 20 dernières années.
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