En guise de première chronique, je me lance dans celle du "cimetière", septième album solo du théâtral
King Diamond et de ses talentueux musiciens, en particulier Andy LaRocque.
Comme à son habitude, le
King enchâsse son oeuvre musicale au sein d'une histoire lugubre et torturée. Point de fantômes, d'inquisition ou de mamie voyante comme sur les précédents opus; cette fois ci il s'agit de la charmante histoire d'un "malade mental" fraîchement évadé d'asile, trouvant refuge "naturellement " dans un cimetière, décidant par la suite de se venger d'un homme qui s'avère avoir abusé d'une jeune enfant ( la petite Lucy dont il sera question quasi tout au long de l'album ). Idéal comme cadre pour se laisser aller aux névroses, paranoïas et autres délires dans lesquels le
King expose tout son talent narratif et vocal.
Musicalement parlant, c'est du propre ! Tous les titres sont carrés et précis alternant pistes rapides ( Black Hill Sanitarium, Waiting, Meet Me at Midnight ) et d'autres, la majorité, beaucoup plus lancinantes et malsaines aux rythmes lourds et pesants ( Digging
Graves, Heads on The Wall,
Sleep Tight Little Baby ...). La section rythmique est irréprochable faisant son travail sans rajouter de superflu. Les nombreux breaks et solos sont tranchants et remarquablement négociés par les guitaristes (qui sont tout sauf des manches). Ces derniers s'en donnent à cœur joie, se renvoyant la balle avant de reprendre des riffs et mélodies qui restent accrochés dans la tête, un peu comme ces voix harcelant le protagoniste à qui le
King prête sa voix toujours aussi impressionnante. Grimpant dans les aigus (en me paraissant moins strident néanmoins que sur les précédents albums ) avant de changer pour un chant plus bestial et carnassier, alternant entre ricanements entrecoupés de spasmes et sanglots persécutés d'homme au bout du rouleau, notre frontman exprime tout son talent vocal, nous plongeant au cœur de l'histoire. La musique met particulièrement en valeur les qualités narratives du
King, s'adaptant à tous les changements de tons avec une fluidité impeccable, nous permettant de mieux nous fondre dans la peau du personnage à grands renforts d'orgues, clavecins et synthés. Et c'est là une des qualités première de cette œuvre, c'est sa capacité immersive ! On ressent toute son exultation enfantine et malsaine lorsqu'il prononce sa sentence ( I Am ), on l'imagine en train de s'arracher les cheveux par poignées entières alors qu'il ne supporte pas les pleurs de Lucy (
Sleep Tight Little Baby ) tout comme on peu palper le conflit interne qui le ronge comme un cancer tout au long de l'histoire (
The Graveyard, Digging
Graves, I'm not a
Stranger ) etc... C'est dérangé, c'est tourmenté, c'est à bout de nerfs ! et en plus on s'y croit !
Comme pour les précédents albums, il convient de prendre son temps pour savourer cette œuvre qui me parait une des plus abouties de sa discographie. Une histoire, une ambiance dérangeante, un éventail complet de dégénérescence mentale humaine somptueusement interprété par un
King au top de ses performances vocales, le tout servi et soutenu par des musiciens au diapason et vous obtenez un
Graveyard glacial et vibrant de noirceur !
Pour moi un bon 15/20.
Merci pour votre lecture et bonne écoute !
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