Malgré les critiques, "
Conspiracy" fut honoré par les fans Américains et Européens et fut un autre succès commercial pour le strident Danois ; succès relatif, bien entendu (c'est pas du George Michael non plus). Mais voilà, toutes les bonnes choses ont une fin. Le style technique et traditionnel de
King Diamond, ainsi que bien d'autres mouvements metal, fut englouti, surtout aux Etats Unis, par la nouvelle vague du rock désinvolte simpliste et désaccordé nommée grunge. Les ventes d'albums metal en prirent donc un sacré coup, abandonnées par les suiveurs de modes qui ne pigent rien à la musique...à la rigueur, c'est mieux comme ça, le metal vivant mieux sans parasites. "
The Eye" se prit donc un gros gadin. Mais cela signifie-t-il vraiment que c'est mauvais? Vous savez bien que non (les fans de
King Diamond sont intelligents).
Ce coup-ci, l'histoire rocambolesque que tente de nous faire avaler le
King se base sur des faits réels : l'
Inquisition française (plages 2 à 4), et les travers de l'Eglise pendant la même période (plages 5 à 10). Les morceaux d'ouverture et de clôture servent en effet à introduire dans l'histoire le pouvoir d'une mystérieuse amulette (présente à chaque fois sur les lieux des méfaits) qui renvoie des visions du passé. Encore une fois, les idées musicales présentes sur les premiers titres sont excellentes, mais cette année manquent un peu d'aboutissement :
Eye of the Witch possède une envoûtante mélodie à contretemps, mais souffre d'une structure trop conventionnelle et trop courte ; les regrets sont différents sur The
Trial (Chambre Ardente) : les riffs s'avèrent sur mesure (par rapport à la scène) et variés, mais la théâtralité est trop accentuée et décousue, surtout pendant le break. Alors que ces premiers morceaux marquaient une nouvelle marche dans l'évolution du
King, celui-ci effectue ensuite une espèce de retour aux sources ("
Fatal Portrait" et les
Mercyful Fate), certes agréable mais dépourvu de tout nouvel élément (particulièrement sur The
Curse et 1642 Imprisonment). On ne manquera pas cependant de headbanguer sur l'accrocheur Behind These Walls et l'efficace
Burn, sans omettre le bon bol d'air offert par l'étrange The Meetings, dont la structure travaillée rappelle de grands moments de "
Them".
Même si "
The Eye" possède d'évidentes qualités, bon nombre de ses titres auraient pu gagner en longueur, originalité et variété ; mais les efforts constants de LaRocque et Blakk pour illuminer les breaks forcent le respect et traduisent la réelle volonté du
King de sortir un album qui tienne la route. Malheureusement, il est clair qu'après une période de faste créativité ("
Abigail", "
Them"), continuer à sortir un opus tous les ans conduit à la stagnation. Vous l'aurez compris, "
The Eye" n'est pas indispensable mais s'écoute très bien de bout en bout, et c'est bien là l'essentiel.
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