Chacun le sait, la dissolution de
Mercyful Fate fit couler beaucoup d'encre. Après un premier album solo réussi ("
Fatal Portrait"), le braillard de service, toujours secondé par Michael Denner et Timi Hansen (deux ex-
Mercyful Fate), présente ici sa pièce "
Abigail" : un mini rock opéra où le
King joue tous les rôles, modulant sa voix si identifiable. L'album raconte l'histoire de l'âme noire d'une petite fille morte-née. Charmant, non?
Si visuellement le groupe fait rire ou pitié (bassiste grimé en pirate, gratteux et batteur fringués en marins d'eau douce et détenteurs de superbes choucroutes, sans oublier ce sacré Bendix avec ses gants sans doigts cloutés, collier et boucles d'oreilles en croix inversée, cape de kermesse, cartouchières, cuirs étoilés de fermetures éclair et maquillage sataniste à faire sauter un régiment de pacemakers), l'auditif est carré, sans faille. Bien sûr, les vocaux restent très spéciaux (les non-initiés risquent de faire des bonds), mais extrêmement travaillés et collant parfaitement aux textes. Quant à la composition, elle est d'excellente facture. Rythmiques anguleuses, riffs d'une efficacité remarquable, on headbangue sans retenue et on s'extasie sur les soli virtuoses et mélodiques d'Andy LaRocque, qui prend son envol au sein du groupe. Ainsi,
Arrival et A
Mansion In
Darkness nous transportent dans la première moitié du 19ème siècle avec un heavy metal classieux.
King Diamond maîtrise le style au point de composer des breaks franchement géniaux, sentant le metal progressif (
The Family Ghost, Omens), et est l'auteur de textes paranormaux, sordides, qu'il vocifère de façon théâtrale et fantomatique. Un peu d'habitude et une attention particulière à l'histoire transformera vite cette déconvenue en atout majeur de l'album.
Alors, et le split de
Mercyful Fate? Eh bien on s'en fout. Avec un album pareil,
King Diamond confirme avec brio qu'une nouvelle ère a débuté pour lui, une nouvelle manière de composer, d'écrire (ce n'est plus du satanisme puéril), épaulé par un Andy LaRocque en pleine forme (qui fera d'ailleurs des étincelles sur "Individual Thought Patterns" de Death en 1993) qui nous en met plein les mirettes. "
Abigail" est assurément un des opus de heavy metal à posséder pour sa mise en scène, ses morceaux léchés, sa musicalité inquiétante et sa patate incroyable. Un grand coup de chapeau au
King (mais putain, trouve d'autres frusques).
En réécoutant le vinyle hier soir, j'ai été déçu par le son que je pensais meilleur. Y-a-t-il eu un remaster intéressant? Reste des titres toujours aussi bons.
Merci beaucoup pour la chronique.
Chronique hilarante
merci !
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